Après la version “touriste à Aix”, voici la version culturelle.
A Aix, le week-end dernier, il y avait quelques manifestations autour du 8 mars, dont une demi-journée de présentation des associations. J’y ai rencontré une association de Marseille appelée Mutins http://mutins.net
Leur propos est de valoriser l’indépendance des femmes au travers de l’outil informatique.
Pour cela, elle propose des formations non mixtes et des ateliers comme des install party, des soirée bricolage.
Ayant vu le succès et l’efficacité de ce genre d’actions, en particulier à Bruxelles, dans le projet ADA www.ada-online.org et les samedi du libre, leur action qui démarre mérite qu’on s’y intéresse et qu’on soutienne.
Théâtre :
Calamity Louise de Gisèle Martinez
La compagnie Eponyme se produit en appartement, via une association qui permet ainsi à des toutes petites troupes (souvent une seule personne) de disposer d’une “salle de spectacle”. Le principe est extrêmement sympathique quand on apprécie les petites salles et la proximité avec les artistes. Ensuite, comme chacun a apporté de quoi manger, on mange tous ensemble autour de la table en discutant de la pièce.
La pièce que j’ai vu part sur les traces de Louise Michel, qu’on appelait la Vierge rouge… On peut s’attarder un temps sur ce terme, car si rouge, elle était bien… vierge est peu probable. Faut-il donc qu’une femme guerrière soit nécessairement perçue vierge, telle Jeanne d’Arc, Eowin (du Seigneur des anneaux) ou les amazones ?
Bref, Louise Michel… c’était une sacrée emmerdeuse, une sacrée empêcheuse d’opprimer en rond. Son enfance est un peu bizarre. Sa mère est une petite bonne dans une maison de maître et son père est officiellement le fils de la famille qui l’emploie… mais il n’est pas impossible que son grand-père soit en fait son vrai père. En tout cas, le grad-père s’est beaucoup occupé d’elle et on peut penser qu’elle a eu une enfance heureuse, si ce n’était la tendance des gamins du coin à la traiter de batarde.
Après ses études, elle commence par avoir des idées sur l’enseignement, en particulier l’enseignement des filles et aussi celui des pauvres. Elle ouvre une école à Montmartre pour laquelle elle s’endette… ses enfants, jusqu’à 150, mangent gratuitement à l’école et elle peine à leur trouver des livres et fournitures.
La France est en guerre contre l’Allemagne, Napoléon III est prêt à se rendre, mais les parisiens ne le sentent pas… Misère et famine n’empêchent pas… et même incitent certainement les barricades à se monter et on proclame la Commune de Paris. Louise Michel est au premier rang, que ce soit sur les barricades ou aux réunions politiques. Mais on le sait, l’affaire finit dans un bain de sang organisé par Thiers et Louise Michel est déportée au bagne à Nouméa. Elle y passera 7 ans… où elle réussit à envoyer des notes de botaniques sur la flore de Nouvelle Calédonie au muséum de Paris. Elle fait cours aux Kanaks et les pousse à l’insurrection. Là encore, le gouvernement choisit l’option massacre et incendie.
Les insurgés de la Commune sont amnistiés. Louise Michel serait bien restée mais rentre car elle apprend que sa mère est malade. Le gouverneur d’Australie refuse de la rapatrier sous prétexte qu’elle ne peut payer son voyage. Elle le menace alors de tenir un cycle de conférence… il l’expulse à Paris.
Par la suite, Louise Michel sera infatigable, de conférence en prison, de prison en conférence.
Cette pièce est jouée par Gisèle Martinez, elle l’a écrite à partir des écrits de Louise Michel. Le texte est souvent drôle malgré les nombreuses tragédies, l’interprétation est brillante. Gisèle Martinez est aussi clown et nous fait rire, elle incarne Louise, elle anime des dialogues, reviste l’école de femmes en nous interprétant Arnolphe, elle chante Le temps des cerises, bref, elle est formidable.
Je ne sais pas si d’autres villes l’invitent mais ça mériterait une grande tournée.
A la fin de la pièce, on ne peut s’empêcher de se dire qu’il y a encore des rues Thiers… mais assez peu de rue Louise Michel.
Louise Michel aimait les chats. Tellement qu’elle est rentrée de Nouméa avec 5 minets.
Pendant la pièce, cette minette s’est baladée sur scène, ça a dû faire plaisir à la mère Michel…