Iain (M.) Banks, décédé le 9 Juin 2013
Auteur de romans classiques ou de SF, c’était mon auteur préféré.
Mon grand souvenir : lire The Crow Road en voyageant précisément sur cette route, quelque part, à l’ouest de Glasgow.
C’est l’occasion de faire une Kro 100% livre.
Pendant longtemps, j’ai plutôt lu les livres avant d’aller voir les films. voilà plusieurs fois que je fais l’inverse (avant, j’aurai trouvé que c’était quasiment un sacrilège… par certains côté, je dois devenir moins snob). Les 2 premiers entrent dans cette catégorie.
La cartographie des nuages de David Mitchell
Les descendants de Kaui Hart Hemmings
La horde du contrevent d’Alain Damasio
La cartographie des nuages de David Mitchell
Le film est très fidèle au livre, à l’exception de la dernière histoire, la partie SF qui comporte une fin différente, mais c’est mineure, dans la perspective général.
Le livre est constitué de 5 demi-chapitres, puis une 6e histoire complète, puis en ordre inverse de la fin de ces 5 demi-chapitres :
XVIIIe siècle, un jeune fils de bonne famille nouvellement marié part en bateau pour négocier des esclaves
Début XXe siècle, un jeune compositeur raconte à son amant comment il se met au service d’un vieux compositeur infirme pour l’aider à écrire de la musique.
Année 1970, un lobby de centrale nucléaire fait tout pour empêcher la parution d’un rapport désastreux pour eux, au point de commettre des meurtres. Une jeune journaliste va tenter de faire éclater la vérité.
Aujourd’hui, un vieil éditeur doit fuir les copains truands d’un de ses clients à qui il doit de l’argent.
Dans le futur, à Néo Séoul, la liberté d’expression est strictement interdite par l’Unanimité. Des humains sont clonées pour travailler comme esclave et les clones ne sont pas considérés comme des humains. Mais voilà que une serveuse clone commence à découvrir le libre arbitre.
Dans un futur lointain post apocalyptique, une tribu pacifique vit sur une île habitée également par une tribu cannibale. Une ethnologue issue de ce qui reste de la civilisation technologique vient leur rendre visite.
la Kro du film : Cloud Atlas : http://blogs.bl0rg.net/finis_africae/2013/04/02/kro-films-19/
La trame qui va relier toutes ces histoires, c’est que certains personnages vont avoir des souvenirs du futur, des rêves du passé… ou l’inverse, sous-entendant que toutes les époques et tous les êtres sont liés. Le film fait ce lien plus subtilement que le livre, puisqu’il lui suffit quasiment de reprendre les mêmes acteurs aux époques différentes et d’enchaîner des scènes qui se correspondent d’une époque à l’autre. Bref, j’ai préféré le film au roman, mais je conseille tout même très fortement la lecture de Cartographie des nuages. D’une part parce que les 6 histoires sont intéressantes et d’autre part, parce que c’est un curieux montage de récit. En particulier, parce que tous les héros des 6 nouvelles sont en réalité la même personne.
Les descendants de Kaui Hart Hemmings
Hawaï, pays de rêve, soleil, plages et chemises à fleurs. Matt est avocat d’affaire, il gère pour tous ses cousins un héritage familiale qui descend d’une des dernières princesses d’Hawa : sa famille possède un grand terrain vierge sur une des îles, qu’il va être question de vendre à un promoteur.
Seulement il n’a pas la tête à ça. Sa femme a eu un accident de hors-bord et les médecins viennent de lui annoncer qu’elle ne se réveillera pas.
Matt a toujours beaucoup travaillé. Il a deux filles qu’il connaît à peine, sa femme, il s’en est beaucoup éloigné. La plus jeune de ses filles est manifestement très perturbée… l’accident de sa mère, certes, mais ça a dû commencé avant : elle est vulgaire, méchante avec ses camarades et s’automutile pour qu’on s’intéresse à elle. La grande, envoyée en pension pour cause de drogue, est fâchée à mort avec sa mère mourante. Alors qu’il tente de réconcilier toute le monde, Matt découvre que sa mère avait un amant et qu’elle voulait le quitter.
L’essentiel de l’histoire va se dérouler entre le moment où Matt apprend que sa femme va mourir et celui où on va débrancher les instruments. Il va découvrir qui sont ses filles et ce qu’il a envie de faire de sa vie, maintenant, et de son héritage.
Là, c’était la Kro du film : https://blogs.bl0rg.net/finis_africae/2012/02/15/kro-film-17/
Là encore, le film est très fidèle au livre, mais il vaut la peine d’être lu : on découvre les réflexions de Matt qui tente de reprendre sa famille en main, maintenant que sa femme n’est plus là pour le faire.
Il pensait tout allait bien ou à peu près. Il n’imaginait pas que sa femme pourrait partir. Il travaille, elle sort, fait la fête, s’occupe des filles avec une « baby sitter » qui est restée finalement, alors qu’elles ne sont plus bébés, ils s’entendent bien et ça devait durer toujours. Quand sa première fille est née, il la voyait comme un mini despote. Il a dit à sa femme : quand elle sera plus grande, je m’impliquerai davantage… elle a maintenant 20 ans et une soeur de 11. Que s’est-il passé ?
Ce film et ensuite ce livre attise ma curiosité pour Hawaï (ma soeur en revient, elle me racontera !) pays de carte postale où pourtant, les gens vivent pour de vrai.
La horde du contrevent d’Alain Damasio
Sur une planète balayée par les vents, une horde de 23 personnes marchent depuis Extrème-Aval pour atteindre peut être, s’ils ne meurent pas en route, Extrème-Amont, lieu mythique qui serait la source du vent. Ces 23 personnes sont formées depuis l’enfance, sourcière, défenseur, porteur, saltimbanque, etc. chacun à un rôle précis pour que survivent les autres et découvrir la source du vent, dans ce monde hostile où le vent est si fort qu’il peut tuer.
J’en avais lu une critique très enthousiaste ici : http://www.monpetitcoin.com/francois/blog/detail/article/la-horde-du-contrevent/
et ça m’avait incité à l’acheter.
C’est clairement un livre exigeant : 23 voix différentes racontent l’histoire, débutant par un symbole pour indiquer qui parle et nécessitant de se reporter à la légende des différents symboles. Au bout d’un moment on prend le pli pour les plus récurrents, surtout que les styles sont différents… mais on m’ôtera pas de l’idée qu’on est un peu dans la masturbation littéraire.
Finalement je l’avoue, j’ai calé à la moitié, j’ai lu jusqu’à la fin en accéléré et quand j’ai lu la fin, j’ai été déçue, même si elle est assez logique. Bref, je n’ai rien contre les romans mégalos, puisque j’ai adoré Vellum de Duncan. Mais là, c’était trop. Et je pense que ce qui m’a fait craqué, c’est le thème du dépassement de soi, physique et mental. Franchement, les sportifs de l’extrême qui vont au bout de l’effort, ça me laisse totalement indifférente. Et encore plus quand la motivation est partiellement mystique, entre le sacrifice, le dévouement et l’héroïsme.
Bref, je suis totalement d’accord avec la critique de Eric Holstein, sur Actu SF : « La Horde du contrevent est un livre qui partage. Prétentieux pour certains, ambitieux pour d’autres, épique ou gratuit, remarquablement travaillé ou pompeusement maniéré ». Il estime que la forme déroutante du roman (l’alternance entre les voix de vingt-trois personnages, les glyphes, la numérotation des pages inversée) relève de fioritures « ni très originales, ni très utiles » (23, c’est quand même abusé !). Il reproche aussi « une auto-complaisance stylistique qui se fait jour par intermittence », et « le fatras mystico-nietzchien qui soutient la philosophie des hordiers ». Par ailleurs, si je suis quand même arrivée à la moitié du livre, c’est parce que l’histoire est étonnante, bien écrite, voire poétique tant que ça ne dérape pas dans le pompeux, avec un univers qu’on aime découvrir.