Quoi ? Mais tout augmente ! Sachez que nous sommes 33 maintenant, car nous accueillons Florence. Toutefois, figurez-vous que ce chiffre n’a aucune valeur, puisque l’une des adresses est en fait une adresse de mailing list. Nous sommes en fait BIEN PLUS que 33.
Sachez que je vous prépare des méta-chroniques : une chronique sociologique sur les gens qui reçoivent les chroniques.
En attendant :
Incassable de M. Night Shyamalan avec Bruce Willis et Samuel L. Jackson
L’imaginaire d’internet par Patrice Flichy
L’utopie de la communication de Philippe Breton
Incassable de M. Night Shyamalan avec Bruce Willis et Samuel L. Jackson
A l’instar de son titre, ce film ne casse rien. Il m’a été prêté par un lecteur qui souhaite rester anonyme et qui précise qu’il n’a pas acheté personnellement ce film. Shyamalan a remporté un grand succes avec « 6e sens » et donc, on reprend les mêmes et on recommence, hop, avec Bruce Willis et un scénar fantastique. Bruce Willis est responsable de la sécurité dans un stade de foot. Son mariage va mal. Il prend un train pour trouver un autre travail à NY et dragouille vaguement en route une voisine, se prend une veste (avec une doublure en Gortex !)… Le train déraille, il est le seul survivant. Il est ensuite contacté par un homme qui lui fait remarquer qu’il n’est jamais malade, jamais blessé… Cet homme est atteint d’une maladie génétique qui fait que ses os se cassent comme du verre. Bruce Willis est en quelque sorte son opposé. L’homme sort sous le nez de Bruce Willis des Comics et lui explique qu’il est une sorte de super héros, envoyé pour faire le bien. Bien sur, Bruce ne le crois pas. Mais tout de même, ca le travaille…
M. Night Shyamalan a un style filmographique et le montre en se spécialisant dans les plans alambiqués tout au long du film. Les plans sont intéressants mais tellement appuyés et répétitfs qu’on se demande quand même si c’était bien utile. Sinon, le film est lent, c’est un film de super héros lent et mélancolique. Tout le monde est sévère mais juste, grave et sérieux. Ca a un certain charme, faut le reconnaître, et même si les plans sont un peu exagérés, ils participent à ce charme. Mais quand même. Suffisamment de choses sonnent faux dans ce film. Ce couple qui se sépare alors qu’ils s’aiment, dû au mal-être du héros, c’est pas crédible. On en voit trop peu pour y croire vraiment, en particulier le role du fils de Bruce Willis est très à côté de la plaque. En outre, le fait que nous (les français) n’ayont pas une vraie culture Comics fait probablement qu’on a du mal à accrocher à l’argument du film. Il semble tout de même ridicule. Et même si ensuite tout le film a la structure d’un comics, les plans, le scénar, les perso, sur moi en tout cas, les signaux tombent à plat. Rien ne tilt. Et en plus ce film se prend terriblement au sérieux. Pas un trait d’humour, pas une once de légèreté. Ca en devient pédant. Shyamalan se croit choisi par Dieu pour faire des films et donc, on le voit. Je ne sais pas ce que va donner le prochain opus. Ce film est juste pas terrible, et pas mauvais, parce que quand même, l’ambiance sauve. Je ne sais pas si on peut tenir longtemps là dessus. Si vous voulez vraiment le voir, par curiosité, prévoyer de faire autre chose en même temps (c’est à vous de voir quoi, hein, je ne vous force pas à repasser)
Ensuite, j’ai passé une journée en bibliothèque et ca donne ca : (je sais, c’est un peu des livres d’écoles, mais je connais des gens que ca peut intéresser)
L’imaginaire d’internet par Patrice Flichy
Voici un livre intelligent qui analyse en détail les articles de la revue Wired, le cyberpunk ou encore les propos des acteurs principaux d’internet pour mieux comprendre autour de quoi se constitue l’imaginaire d’internet. Il parle des extrèmes sans supposer qu’il s’agisse d’une généralité, il ne présente pas internet comme le grand satan ni comme l’outil qui sauvera le monde. Il explique sur quel imaginaire, à quels fantasmes internet fait appel. Ce que ca veut dire, une réalité virtuelle, une personnalité virtuelle. Il reprend la pensée de Turing ou de Wiener, les écrits de Gibson ou Sterling, les propos de Negroponte, les études de Turkle… Ca m’a semblé à la fois complet et bien documenté, des choses importantes à connaître sur la question. Je le conseille plutôt à des gens qui connaissent le sujet. C’est simple à comprendre quand on connait déjà un peu le domaine, plus pour des informaticiens s’intéressant à la psycho d’internet que pour des psychologues voulant découvrir internet.
L’utopie de la communication de Philippe Breton
Je ne suis pas toujours d’accord avec Breton, en particulier en ce qui concerne sa lecture de Wiener. Je ne suis pas d’accord sur le fait que Wiener soit un utopiste. Mais à part ce point de détail, ce livre est vraiment intéressant (et je le conseille à ma soeur qui a aimé God et Golem
Inc.)
Il revient de manière très clair sur ce que c’est que la cybernétique : science de la communication et du contrôle (ne pas entendre contrôle au sens péjoratif d’empêchement comme contrôle de vitesse.. Mais au sens de régulation, de maîtrise) inventée par Norbert Wierner dans les années 50.
Quel est le point commun entre tout événement dans l’univers (le missile qui cherche sa cible, le verre qu’on porte à la bouche.) ? les relations qu’ils entretiennent entre eux (au sens mathématiques du terme). Pour Mc Culloch et Pitts (ceux qui ont modélisé le réseau de neurone comme étant équivalent à une machine de Turing, pour JL et Fabrice), la pensée, produit de l’activité matérielle du cerveau, est liée au fonctionnement en réseau des neurones, donc à une activité permanente d’échanges matérialisés. Le processus intellectuel est donc le produit d’un échange relationnelle entre des éléments de bases (qui dans le cas du cerveau, sont les neurones). La proposition épistémologique de la cybernétique est la suivante : le réel peut tout entier s’interpréter en termes d’information et de communication. Ce qui importe, ce n’est pas la matière qui constitue le réel, mais les informations que les « objets » échangent entre eux.
L’homme moderne, selon les cybernéticiens, est tout entier défini en terme de comportement, d’échanges d’informations => il n’a pas « d’intériorité ».
Au XIX, l’homme seul (les animaux en sont dépourvus) est doté d’un intérieur, d’un endroit privé dont la localisation est inconnue mais dont le contenu détermine la personnalité. L’homme classique est dirigé de l’ intérieur. Freud va dans ce sens avec la découverte de l’inconscient.
Ce qui dirige l’homme nouveau est à l’extérieur, les messages ne lui viennent pas de son intérieur mais de son environnement. Il réagit à des interactions, s’adapte et réagit encore. L’homme tire ses ressources non plus de qualités intrinsèques qui viendraient d’au fond de lui, mais en collectant l’information qu’il reçoit. Attention, ce n’est pas une dévalorisation de la pensée, mais un déplacement de l’identité de l’homme : l’identité, ce n’est plus son corps, son « âme ». Dans la pensée cybernéticienne, on a une dévalorisation du corps ET une revalorisation de la pensée (rationnelle). Cette pensée peut avoir n’importe quel support, biologique, silicium, etc.
De cette nouvelle façon de considérer l’homme, Breton étudie notre façon de concevoir la communication aujourd’hui et l’homme « communiquant ». Je ne suis peut être pas toujours d’accord avec la deuxième partie du livre, justement sur les travers de l’utopie (je suis « pro » internet, quand même, vous vous en doutez) mais malgré tout, ce livre est très intéressant, pour peu qu’on ait un peu le même genre d’intéret que moi.