Kro féministe un peu en retard

Film :
Les bureaux de Dieu de Claire Simon
avec Nathalie Baye, Béatrice Dalle, Nicole Garcia, Michel Boujenah

Théâtre :
Une chambre à soi d’après le texte de Virginia Woolf

Film :
Les bureaux de Dieu de Claire Simon
avec Nathalie Baye, Béatrice Dalle, Nicole Garcia, Michel Boujenah

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Ce film se déroule dans les locaux du mouvement français pour le planning familiale. Il a été réalisé à partir d’enregistrements d’entretiens entre les clientes du planning et les conseillères qui les écoutent.
Le titre du film m’a heurté tout d’abord et je n’avais pas voulu le voir à cause du titre. Et finalement, j’en ai entendu suffisamment de bien pour aller à une projection suivi d’un débat avec la réalisatrice. Je lui ai bien sûr demandé des explications sur son titre.
Pourquoi les Bureaux de dieu… parce qu’elle a visité des plannings perchés tout en haut d’immeubles où on y prend des décisions fondamentales pour le cours de sa vie : garder un embryon… ne pas le garder, débuter une contraception en cachette de ses parents, partir en Espagne avorter parce qu’on a passé le délai…

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C’est un film très intéressant, qui rappelle le boulot essentiel que fait le planning familiale. C’est d’autant plus important d’en parler car ses subventions risquent d’être dramatiquement réduite. En effet, dans la loi sur la contraception (loi Neuwirth), il y avait obligation d’informations. Cette obligation risque de disparaître… et par la même, les subventions qui permettaient aux professionnelles du planning de mener des entretiens avec les femmes qui venaient les consulter sur la question.
Or, il faut bien se dire qu’aller au planning pour une contraception, ce n’est pas anodin.
Si les filles n’avaient pas de soucis, elles iraient avec leur maman chez leur gynéco ou encore chez leur médecin traitant, pour peu qu’il accepte de se mêler de gynécologie (ce qui est rarement le cas) et le rite de passage se ferait en douceur.
Mais quand pour les parents, pour la mère, il n’en est pas question, comment faire ?

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“Ya qu’à pas baiser !” comme on entendait dans un reportage célèbre de l’époque de la loi sur l’avortement…
Et sinon ? Sinon, ya le planning… contraception gratuite et anonyme pour les mineurs. Examens médicaux dont les résultats ne sont pas envoyés à la maison mais restent au planning… et information bien sûr, information sur la contraception… Où vont-elles la trouver, ces femmes, cette information ?
Y compris d’ailleurs celles qui vont chez leur gynéco… En regardant ce film, je me suis rendue compte que je ne savais pas exactement comment se passait un examen gynéco, que je ne l’avais jamais demandé, qu’on ne me l’avait jamais expliqué.

Et puis, on vient pour de la contraception… on parle, on parle et dans un certain nombre de cas, plutôt fréquents dans certains plannings, on vient en fait chercher un prétexte pour parler de la violence conjugale…

Théâtre :
Une chambre à soi d’après le texte de Virginia Woolf
au théâtre Artistic Athévains
rue Richard Lenoir, Paris XIe

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Virginia Woolf n’est pas réputée pour être une auteure très drôle. Dépressive et même psychiquement perturbée, probablement abusée sexuellement dans son enfance par ses demi-frères, elle finit par se suicider.
Mais avant…
Avant, elle réfléchit sur les femmes et le roman en commençant par se dire :

Laissez-moi imaginer ce qui serait arrivé si Shakespeare avait eu une soeur merveilleusement douée, appelée, mettons, Judith.
Oh, je ne vous cache pas que cette histoire de la soeur de Shakespeare se finit plutôt mal…

En effet, que faut-il pour qu’une femme puisse vraiment s’adonner à l’écriture ? 500 livres de rente et une chambre à soi… deux prérogatives que beaucoup d’hommes de son milieu possède mais qui fait défaut à bien des femmes.

Pourtant, l’ensemble du texte ne manque pas d’un certain humour noir :

Les femmes ont pendant des siècles servi aux hommes de miroirs, elles possédaient le pouvoir magique et délicieux de réfléchir une image de l’homme deux fois plus grande que nature (…). Les miroirs (…) sont indispensables à qui veut agir avec violence ou héroïsme…

Elle comptabilise aussi dans la bibliothèque les livres écrits par les hommes sur les femmes (innombrables) et par les femmes sur les hommes (aucun). Comment se fait-il que tant d’hommes se sont sentis capables de parler de LA femme, avec comme principale compétence qu’ils n’en étaient pas, dit-elle ?

La reprise de cette pièce pour le 8 mars m’a permis de découvrir ce texte dont j’avais seulement entendu parlé et je l’ai beaucoup apprécié. J’ai moins aimé l’interprétation un peu forcée d’Edith Scob qui ne m’a pas convaincue.

Pour finir, vous apprécierez Chacha “La terreur”, guettant le monde du haut de l’armoire :

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