Kro des bois

Robin des Bois de Ridley Scott avec Russel Crowe et Cate Blanchett

Après la version avec Errol Flynn en 1938, celle de Disney avec des renards et celle avec Kevin Costner qui a parait-il très mal vieillie, Riddley Scott remet le couvert avec un “Robin prequel”, c’est-à-dire : qu’est-il arrivé à Robin avant qu’il ne prenne le maquis.

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Cette V2 m’a donné envie d’aller voir un peu ce que donne l’Histoire, côté Robin, pour savoir laquelle des versions (Disney ? Scott ?) est la plus historique.
Ce site m’a apporté des informations intéressantes.

Par exemple, le fait que Robin des bois soit en réalité une sorte de compilation de voleurs de différentes époques, se rebellant contre l’autorité.

La légende, telle que nous la connaissons, a émergé vers le XVIe, même si on trouve des traces antérieures. Robin et Petit Jean, présents dans certaines fables, ont rencontré Marianne, présente dans d’autres fables, et il leur fut adjoint Frère Tuck, qui sent l’influence de Rabelais.

A partir de là, Ridley Scott s’emploie à nous créer un Moyen-Age plausible. Je me souviens, au moment où Kevin Costner est apparu dans Robin des Bois, on avait dit que pour une fois, on montrait un Moyen-Age crasseux, c’est normal, quand on vit dans les bois.

On s’aperçoit alors que Kevin Reynolds (le réalisateur) n’était tout de même pas près à tout avec son film. En particulier, son Moyen-Age est quand même relativement hollywoodien, propre et manichéen (l’apparition de Sean Connery en “Bon Roi Richard”), et ses héros aussi loin que possible de la vérité historique.

Ce qui est appréciable dans la version Scott, c’est la reconstitution : le sol du château est bien recouvert d’une jonchée et pas de dalles parfaitement balayées. Les petits nobles de province ne restent pas murés dans le Donjon sans rien faire, mais aident aussi aux semailles, soignent les chevaux, et les femmes ne passent pas leur journée à broder.
Richard Coeur de Lion, n’est pas un bon roi aimé du peuple qui est allé en terre sainte pour un pic-nique de santé. Mais un fanfaron qui a fait massacrer la garnison à St Jean d’Acre et qui aime avant la gloire et les hauts faits d’armes.

Les décors historiques de Londres XIIe reconstitué sont très beaux.

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Par ailleurs, la sculpture de Cheval blanc sur la colline se trouve du côté de Bristol, à Bratton Camp. Le cheval que vous voyons est la version restaurée de la sculpture du XVIIe qui était apparemment déjà une version restaurée d’une sculpture plus ancienne, et peut être déjà là au XIIe, mais sous une autre forme.
Bref, c’est pas n’importe quoi.

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Ce qui est dommage, c’est que quitte à faire historique, faut aller au bout.

Richard, son frère Jean et sa mère Aliénor d’Aquitaine sont montrés comme très anglais. Aliénor traite par exemple de “Gourgandine française” Isabelle d’Anjou qui se trouve dans le lit de Jean. Tout ce monde-là est au moins aussi français qu’anglais, enfin, disons que c’est un peu compliqué, vu que tout le monde descend de Guillaume le Conquérant, qui est normand et qui a massacré du saxon allègrement, le peuple autochtone qu’on aurait pu considérer comme anglais.

Tenez, je vous ai mis une carte. En gros, la Normandie s’étend de Newcastle à Bayonne en passant par l’Auvergne… Alors, une guerre franco-anglaise… difficile à dire.

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Par ailleurs, Richard Coeur de Lion se moquait comme d’une guigne de l’Angleterre. Il n’y a presque jamais mis les pieds et préférait résider en Anjou. En gros, il s’est intéressé à l’Angleterre au moment de prélever des taxes pour partir en croisade. il est enterré en France et son coeur est dans la cathédrale de Rouen.
Je ne sais pas si c’est le Robin des Bois de Flynn qui a fondé la légende de Richard Coeur de Lion, Roi anglais aimé de son peuple, mais ça donne à penser sur le poids d’Hollywood sur nos représentations.
Tiens, autre truc rigolo, Richard aimait aussi les garçons et il est bien possible qu’il ait couché avec le Roi de France (même s’il s’en est repenti en se flagellant, je vous rassure, il était sincère, à chaque fois). Ca non plus, c’était pas chez Eroll Flynn. Chez Disney et Scott non plus, d’ailleurs.

L’autre problème de la version Scott, c’est que bien qu’il se passe des choses tout de temps, c’est long. Franchement, on a baillé. Ce n’est pas un mauvais film. La première moitié est même plaisante, mais plaisant, ça ne suffit pas à occuper 2h. Si Russel Crowe et Kate Blanchett sont très bien tous les deux, ils prennent toute la place. Les seconds rôles, pourtant potentiellement sympas, sont totalement occultés et ne servent que de faire-valoir aux héros.

La fin manque franchement de crédibilité mais je vous la spoile pas, disons qu’il y a des compressions temporelles et géographiques peu crédibles (ou alors les chevaux sont supersonics, et font Bristol – Douvres en quelques heures). Plus quelques clins d’oeil involontaires au Seigneurs des anneaux. La scène finale où on voit Kate Blanchett donner du sirop aux enfants orphelins de la foret qui font la queue pour la “consultation” est ridicule. Tout cela nous a fait nous dire que Ridley Scott s’était bien ramolli, depuis Blade Runner.

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