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Un peu occupée, ces temps-ci, encore plus dernièrement avec des activités de 8 mars. Il y a un an, le 8 mars était au ralenti, mais là, tout le monde sait faire de la visio, c’est donc aussi intense qu’avant, mais en moins bien, parce que dernière un écran, ça fait quand même moins vibrer…

Les poupées russes de Natasha Lyonne avec Natasha Lyonne, Charlie Barnet et Greta Lee

Counterparts de Justin Marks avec J.K. Simmons, Olivia Williams, Harry Lloyd

Le jeu de la dame de Scott Frank et Allan Scott avec Anya Taylor-Joy

Libres !  d’Ovidie et Sophie-Marie Larrouy

Dopamine de Léo Favier

Les poupées russes de Natasha Lyonne avec Natasha Lyonne, Charlie Barnet et Greta Lee

Nadia fume, picole, fait la fête, n’aime personne. Pour ses trente ans, un couple d’amies artistes lesbiennes vivant dans un loft branché de Brooklyn lui organise une soirée d’anniversaire où évidemment, elle se tient aussi mal que d’habitude en étant aussi cyniquement désagréable que d’habitude… au cours de cette soirée, elle meurt… et se réveille, indemne la veille au début de la soirée d’anniversaire…

Une histoire de boucle temporelle à la Groundhog Day, mais en plus destroy qui parodie les lieux arty de New York et la vie de fétarde branchée et égoïste.

Une série réjouissante et assez dingue, tout à fait distrayante. À se demander comment la réalisatrice a pu vendre un pitch pareil à la production ! (et une saison 2 supposée arriver cette année).

Counterparts de Justin Marks avec J.K. Simmons, Olivia Williams, Harry Lloyd

Howard Silk est un modeste employé dans une Agence de Berlin pour laquelle il fait un travail répétitif qui semble absurde. Sa femme est dans le coma depuis quelques semaines suite à un accident de voiture. Il va soudain découvrir que l’Agence couvre en fait un portail qui s’ouvre vers un monde parallèle. Un jour, il y a eu une expérience qui a divisé la réalité en 2. Depuis 30 ans, 2 univers parallèles suivent leur propre chemin. Dans cet autre monde, très similaire au sien, il y a eu une pandémie (une sorte de grippe) qui a tué une partie de la population. Les 2 mondes s’échangent des infos utiles aux 2 parties, mais évitent d’interférer. Toutefois, il y a une guerre froide latente entre les 2 mondes.

Counterparts, c’est John Le Carré qui rencontre China Miéville : un film de guerre froide dans une ambiance qui rappelle The City and The City, mélangée à une dose de SF. Ce qui est étonnant, c’est que c’est du pur film d’espionnage compliqué comme on en faisait dans les années de guerre froide (terrorisme, chasse à la taupe, cellule dormante, tous les ingrédients sont là). On ajoute une pandémie qui ressemble à la nôtre qui aurait mal tourné et un scénario de monde parallèle où Howard Silk, le terne employé de base de l’univers 1 va rencontrer Howard Silk, super espion de l’univers 2. Car chacun à son double de l’autre côté, mais les chemins entrepris par chacun ne sont pas tout à fait les mêmes.

Une série compliquée, pour  ceux et celles qui aiment les films d’espions à l’ancienne. Simmons qui joue les 2 Howard Silk est vraiment très bon.

Le jeu de la dame de Scott Frank et Allan Scott avec Anya Taylor-Joy

Beth perd ses parents alors qu’elle a 5 ans. Placée dans un orphelinat, elle n’a pas la possibilité de beaucoup de fantaisie… mais elle apprend à jouer aux échecs avec le concierge. Elle s’avère vraiment très douée.

Malheureusement, cet orphelinat à la mauvaise habitude de donner des calmants à ses pensionnaires, pour qu’elles soient plus calmes… C’est ainsi que Beth va devenir accro assez jeune car il lui semble que la drogue l’aide à simuler dans sa tête les parties d’échec.

Le jeu de la dame a été un énorme succès Netflix… et un succès très étonnant.

La première surprise est que c’est une série qui parle de jeu d’échecs et dans laquelle on voit vraiment des parties d’échecs, aussi réalistes que possible. L’enjeu (réussi) va être de les tourner sans lasser le public, y compris quand le public n’a qu’une vague connaissance du jeu.

Ensuite, c’est une série qui aurait pu être grave, voire tragique, de multiples manières. On craignait l’orpheline maltraitée à l’orphelinat… elle s’y fait plutôt une amie qui l’aide et la soutient. Et même si l’orphelinat a de curieuses pratiques pédagogiques, ce n’est pas le bagne catholique qu’on aurait pu craindre.

Par la suite, Beth se retrouve dans un monde d’hommes, où on pouvait s’attendre à pas mal de machisme. Or, les hommes qu’elle rencontre sont extrêmement civils, courtois et polis… et en particulier bons perdants. Ses compétences sont immédiatement reconnues et les seuls qui se permettront des remarques déplacées sont 2 agents du KGB.

Enfin l’histoire se passe en pleine guerre froide. Certes, on voit une volonté de l’instrumentaliser en faveur du capitalisme mais les questions politiques restent tout de même en arrière-plan du jeu d’échecs. On a l’impression que le monde extérieur est ce qu’il est, mais dans le cercle du monde des échecs, le monde fonctionne avec des règles bien plus fair-play.

C’est une uchronie, en somme, dans laquelle la méchanceté reste à bas bruit et dans laquelle une femme qui bat les plus grands maîtres aux échecs est spontanément respectée et reconnue.

Finalement, le démon de Beth, c’est la drogue et une certaine inadaptation au monde. On sait que dans la vraie vie, ce n’est pas comme ça. Mais, ça fait un bien fou de voir un monde dans lequel les femmes n’ont pas à se battre pour être reconnues auprès d’hommes de bonne volonté et dans lesquels on est joueur d’échecs avant d’être russes ou américains.

Enfin, l’univers visuel des années 50 aux États-Unis est magnifiquement recréé. Cette série mérite vraiment son succès.

Libres !  d’Ovidie et Sophie-Marie Larrouy sur ARTE TV

Libres ! est une mini série (des épisodes de 4 min environ) pour en finir avec les diktats sexuels. Le principe, c’est que c’est cool, si on veut et quand on veut, mais seulement dans ce cas. Et parfois, on peut se demander si on veut vraiment, ou pourquoi on se sent quand même obligé de vouloir… Cette série nous explique d’où ça vient, et à quoi ça sert. L’injonction de la minceur, de l’épilation, pourquoi la sodomie est supposée humiliante (et pourquoi les hommes ont du mal à l’accepter pour eux-mêmes alors que tout le monde a le même équipement en la matière), les sondages chiffrés sur les performances sexuelles, la bisexualité soi-disant à la mode, etc.

Pour tout vous dire, en la matière, je suis un public difficile : en général, je n’apprends pas grand-chose et j’ai l’impression de retourner au boulot. Cette série est non seulement particulièrement déculpabilisante et honnête (par exemple,  dire aux femmes qui se trouvent trop grosses : tu n’as qu’à assumer tes formes…  est hypocrite. En revanche, on peut essayer de faire un peu la paix avec ses formes et la nourriture). C’est drôle, léger, inventif… c’est vraiment très très bien.

à voir ici : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-020447/libres/

Dopamine de Léo Favier

Et tant qu’on est dans les miniséries ARTE, celle-ci parle des appli et de la dopamine. Ou encore : comment de Tinder à Candy crush, en passant par Uber (côté chauffeur et non côté client), tout est fait pour vous rendre accro.

Très clair, bien documenté, moins grandiloquente que le doc de Netflix : dernière nos écrans de fumée, mais très efficace.

à voir ici : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-017841/dopamine/

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