Le Bethanien : culture et potager

Das Bethanien, BerlinVoici donc le Bethanien, hôpital de diaconesses fermé en 1970 puis bientôt occupé par les habitants du quartier pour empêcher sa démolition.

Il abrite aujourd’hui un espace culturel, l’imprimerie super équipée d’une association professionnelle d’artistes-formateurs,  une école de musique…  et toujours donc le célèbre squat quadragénaire que je ne connaissais pas, le Rauch Haus, du nom de Georg von Rauch, activiste de la gauche radicale, emprisonné, évadé puis mort dans une fusillade avec la police à l’âge de 24 ans.

A l’arrière du bâtiment, on découvre le très joli potager du Rauch Haus. Des pancartes invitent à s’y promener. Et comme promis, ci-dessous les paroles de la chanson. Pas de la tarte car un peu argotique. Que les yeux germanophones qui passent par ici me taclent sans pitié. Amen.

Rauch Haus, le potager, Berlin 2012

Décodeur : Le Mariannenplatz c’est la place juste devant le Bethanien, facile, et c’est presque là que j’habite. Schmidt et Mosch sont des spéculateurs immobiliers qui “investissaient” dans Kreuzberg à l’époque des faits. D’après les gens du Rauch Haus, Mosch était également un champion de l’évasion fiscale. Axel Springer était un magnat de la presse particulièrement réactionnaire, et il est ici question d’un de ses canards aussi réac que lui.

Rauch Haus Song
von/de Ton Steine Scherben, 1972
© Rio Reiser und R.P.S. Lanrue
Der Mariannenplatz war blau, soviel Bullen waren da,
und Mensch Meier mußte heulen, das war wohl das Tränengas.
Und er fragt irgendeinen: “Sag mal, ist hier heut ‘n Fest?”
“Sowas ähnliches”, sacht einer “das Bethanien wird besetzt.”
“Wird auch Zeit”, sachte Mensch Meier, stand ja lange genug leer.
Ach, wie schön wär doch das Leben, gäb es keine Pollis mehr.
Doch der Einsatzleiter brüllte: “Räumt den Mariannenplatz,
damit meine Knüppelgarde genug Platz zum Knüppeln hat!”
 
Doch die Leute im besetzen Haus
riefen: “Ihr kriegt uns hier nicht raus!
Das ist unser Haus, schmeißt doch erstmal
Schmidt und Press und Mosch aus Kreuzberg raus.”
 
Der Senator war stinksauer, die CDU war schwer empört,
daß die Typen sich jetzt nehmen, was ihnen sowieso gehört.
Aber um der Welt zu zeigen, wie großzügig sie sind,
sachten sie: “Wir räumen später, lassen sie erstmal drin!”
Und vier Monate später stand in Springer’s heißem Blatt,
daß das Georg-von-Rauch-Haus eine Bombenwerkstatt hat.
Und die deutlichen Beweise sind zehn leere Flaschen Wein
und zehn leere Flaschen können schnell zehn Mollies sein.
 
 
Doch die Leute im Rauch-Haus
riefen: “Ihr kriegt uns hier nicht raus!
Das ist unser Haus, schmeißt doch endlich
Schmidt und Press und Mosch aus Kreuzberg raus.”
 
Letzten Montag traf Mensch Meier in der U-Bahn seinen Sohn.
Der sagte: “Die woll’n das Rauch-Haus räumen,
ich muß wohl wieder zu Hause wohnen.”
“Is ja irre”, sagt Mensch Meier “sind wa wieder einer mehr
in uns’rer Zweiraum Zimmer Luxuswohnung und das Bethanien steht wieder leer.
Sag mir eins, ha’m die da oben Stroh oder Scheiße in ihrem Kopf?
Die wohnen in den schärfsten Villen, unsereins im letzten Loch.
Wenn die das Rauch-Haus wirklich räumen,
bin ich aber mit dabei und hau den ersten Bullen,
die da auftauchen ihre Köppe ein.
 
Und ich schrei’s laut:
“Ihr kriegt uns hier nicht raus!
Das ist unser Haus, schmeißt doch endlich
Schmidt und Press und Mosch aus Kreuzberg raus.”
3x Und wir schreien’s laut:
“Ihr kriegt uns hier nicht raus!
Das ist unser Haus, schmeißt doch endlich
Schmidt und Press und Mosch aus Kreuzberg raus.”
Le Mariannenplatz était bleu tellement c’était blindé de flics
Le gars Meier pleurait, c’était probablement les lacrymo.
“Dis-moi, y a une fête ici aujourd’hui?” il demande à quelqu’un
“En quelque sorte” quelqu’un répond, “le Bethanien est occupé.”
“Il était temps” dit le gars Meier, “il est assez resté vide comme ça”
Ah, que la vie serait belle s’il n’y avait plus de Pollis.
Mais le chef hurla “Evacuez le Mariannenplatz,
Que mes matraqueurs aient assez de place pour matraquer ! “
 
Mais les gens dans l’immeuble occupé
crièrent : “Vous ne nous sortirez pas d’ici!
Ici c’est chez nous, commencez par virer Schmidt, la presse et Mosch de Kreuzberg!”
 
 
Le sénateur était vert, la CDU grave indignée
Que les gars récupèrent ce qui de toute façon leur appartient.
Mais pour montrer au monde comme ils sont généreux,
Ils murmurent : “On évacuera plus tard, laissez-les dedans pour le moment.”
Et quatre mois plus tard dans le tabloïd super chaud de Springer on lit
Que la Maison Georg von Rauch cache une fabrique de bombes.
Les preuves formelles : dix bouteilles de vin vides
Et dix bouteilles vides ça peut vite devenir dix cocktails Molotov
 
Mais les gens dans le Rauch Haus
crièrent : “Vous ne nous sortirez pas d’ici!
Ici c’est chez nous, virez plutôt enfin
Schmidt, la presse et Mosch de Kreuzberg!”
 
 
Lundi dernier le gars Meier rencontre son fils dans le métro.
Qui lui dit: “Ils veulent évacuer le Rauch Haus,
Je vais devoir revenir habiter à la maison.”
“Mais c’est débile” dit le gars Meier “On sera de nouveau un de plus dans notre luxueux 2 pièces et le Béthanien sera de nouveau vide.
Dites-moi une chose les gens là-haut, c’est de la paille ou de la merde que vous avez dans votre tête ?
Ils vivent dans les villas les plus classes, nous dans le dernier des trous.
S’ils évacuent vraiment le Rauch Haus,
J’en serai aussi et je tabasse le premier flic qui se pointe là-bas
 
 
Et je le crie bien haut:
“Vous ne nous sortirez pas d’ici!
Ici c’est chez nous, virez plutôt enfin
Schmidt, la presse et Mosch de Kreuzberg!”
3x Et nous crions bien haut:
“Vous ne nous sortirez pas d’ici!
Ici c’est chez nous, virez plutôt enfin
Schmidt, la presse et Mosch de Kreuzberg!”
 
 

 

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