Faut-il sauver les garçons ?

Tel est le titre provocateur, pardon, disons plutôt racoleur, du Monde de l’Education de ce mois ci. Comme il sort en même temps que le Nouvel Obs qui veut sauver les pères (et les fils, d’ailleurs), a grand renfort de discours masculiniste, on pouvait craindre le pire.

Surtout que l’article d’ouverture dans le Monde restait entre deux eaux troubles. Mais on y lisait la souffrance de ces pauvres garçons, qui ne savent plus trouver leur place dans notre société. Ce à quoi j’ai toujours envie de rappeler que pendant que ces pauvres garçons souffrent, des filles sont violées.

Mais je vous rassure, il n’en est rien. Ce sont bien des thèses féministes dont on parle dans ses pages, ne serait-ce par la personnalité des gens interviewés et des gens à qui il est fait référence.

Tout d’abord, un article d’intro qui pose le problème :

Alors que les filles s’orientent massivement vers des filières bouchés ALORS qu’elles ont de meilleurs résultats en classe que les garçons, les garçons décrochent de plus en plus de l’école, bien qu’il soit majoritaire dans les filières prestigieuses.

Ce décrochage des garçons, particulièrement dans les milieux défavorisés, évidemment (l’origine sociale est toujours plus prégnante que le sexe, en terme de réussite scolaire), s’accompagne de violences dont violences sexistes envers les filles. On parle du double standard de l’éducation selon le sexe, on cite Françoise Vouillot et Verena Aebisher (psychologie sociale) Marie Duru-Bellat et Nicole Mosconi (science de l’éducation), toutes indiscutablement féministes, et travaillant depuis longtemps sur les « faux semblants de la mixité ». Je retiendrais les propos de Verena Aebischer : « un garçon violent, on lui conseille de faire du sport, une fille violente, on lui fait prendre des médicaments ».

Ne rêvons pas, on a aussi quelques discours entachés de masculinisme, mais ça reste raisonnable, dans le sens où il y a bien un problème à poser.

Je suis personnellement convaincue qu’il faut arrêter de dire que les filles sont des victimes à protéger. Pas d’agresseurs, pas de victimes. Arrêtons de considérer que les garçons agresseurs ne font que suivre leur nature et qu’on y peut rien. Donc un dossier qui s’intéresse enfin à la violence des garçons, je ne peut qu’être favorable.

Ensuite, on passe à une interview de Nicole Mosconi, qui travaille sur la mixité depuis 15 ans (vous la verrez en photo avec un bâtiment de la fac de Nanterre en arrière plan, dans un très joli flou pour qu’on voit moins à quel point il est vilain). Elle parle des effets pervers de la mixité.

Ensuite, un article sur des expériences dans des établissements qui réfléchissent au problème (et en particulier : entourer les filles qui suivent des filières masculines pour qu’elles se sentent moins isolées). On notera au passage des réflexions gratinées d’enseignants.

Une mise en perspective historique d’Antoine Prost, historien de l’éducation. La encore, on peut lui faire confiance, le genre de type qui sait de quoi il parle.

Un article plus inquiétant sur le Québec, où on présente les solutions d’une poignée de masculinistes. Néanmoins, on y parle aussi des doutes qui subsistent sur leur théorie (genre : cerveau masculin, cerveau féminin… l’école plus adaptée au cerveau des filles…) et on revient à la fin sur les conseils préconisés par les féministes sur les modèles paternels.

Ensuite, un très bon article, agréable et clair sur la mixité dans les cités, intelligent et tout. Faudra que je cherche qui est Luc Cedelle, parce que j’ai vraiment apprécié son article.

En enfin, quelques conseils de lecture, eux aussi, largement féministes.

Donc au final, un bon dossier.

Le dossier suivant est sur l’ennui à l’école. Et quand j’y suis, faut que je vous en dise un mot.

Le premier article est bien : les enfants s’ennuient à l’école, c’est pas nouveau, mais ne l’admettent plus. Le deuxième article commence de la façon suivante : « Le professeur est une prostituée du savoir. Il doit créer le désir ». Autant dire que cette phrase est confondante d’ânerie, à la fois quant au rôle de la prostituée et dans la pertinence de l’analogie. Ca vient de Didier Vincent, Président du Conseil national des programmes. Avec ça, on est sauvé. Et comme il a le sens de l’analogie, il ajoute pour expliquer la lassitude des élèves : « un rat ne peut faire l’amour 6 fois de suite avec une femelle. Il lui en faut une autre, sinon, l’attraction sexuelle s’épuise. L’espèce humaine aussi a besoin de nouveauté »

Je préfère ne pas commenter.

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