Kro

une Kro un peu particulière ce soir, en effet.

D’une part, via le buro des CDG, un journaliste du magasine de BD Bo-Doï m’a demandé de critiquer une BD. Il l’avait qualifiée de « machisme pompier », et je l’en remercie. D’une part, je garde l’expression pour plus tard et d’autre part, ca m’a préparé à lire cette immondice. Le féminisme demandant de l’abnégation, je m’en suis cognée 3 tomes. Il m’avait proposé 600 signes. Ce qui était trop ou pas assez, disons… ou je le faisais en 5 signes… ou j’avais du mal. Et voilà qu’il me dégage TOUTE une page, un vrai bonheur. Pour le remercier, je l’ai mis en copie de cette Kronique HS. Merci aussi à mon conseillé BD qui non seulement me refile du Larcenet, mais en plus m’a dit qu’à Bo Doï, ils étaient fréquentables. (voir ci-dessous)

Ensuite, il y avait le colloque Femmes et Maths le WE dernier. Là, était invitée Catherine Vidal, neurobiologiste. Quand moi je vous dis : Mars et Venus sucks et aux chiottes les cartes routières (pour faire allusion aux célèbres livres : Les hommes viennent de mars et les femmes viennent de vénus et aussi : pourquoi les hommes ne comprennent jamais rien et les femmes ne savent pas lire les cartes routières), elle vous le dit aussi en se battant sur le même terrain que Doreen Kimura qui est la chercheuse d’opérette mère de toutes ces théories.

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Et voilà la critique en question :
Une folie très ordinaire, scénario de Godart, dessin : collectif.

Une critique d’une BD de Godart… voyons… Ah oui, Godart ! Les pies ricaneuses de la jungle en folie ! Le Vagabond des Limbes ! De la SF plutôt sympa avec un(e) adolescent(e) d’une race extraterrestre qui peut choisir son sexe quand il(le) le désire mais perd en même temps son immortalité… De l’imagination, du suspens, de l’aventure et de l’amoûûûûr… Ce n’est pas récent, mais c’est plutôt des bons souvenirs de lecture. Et puis voilà, le temps passe, et parfois, il vaut mieux ne pas savoir ce que deviennent vos auteurs de jeunesse…

Tome 1, citation : « une femme qui se fait à moitié violer, ça veut dire que pendant l’autre moitié, elle y a pris goût », « les femmes ont trois sexes. Le mieux qu’il y a à faire, c’est de les mettre sur le trottoir ».

Tome 2 : l’ambiance a été posée, on passe à l’illustration : femmes nues et scènes de cul : 18 pages sur 48 pages. A la décharge du scénariste, je reconnais qu’il est difficile de construire un scénario en réservant autant de cases à la masturbation du lectorat masculin. Racolage est le mot qui me vient à l’esprit… Mais on me rétorquera que, dans la BD comme dans la pub, quand les filles sont jolies, on appelle ça ‘art’ et pas ‘niveau zéro du marketing’.

Tome 3, toujours plus fort ! Une attardée mentale atteinte de nymphomanie se masturbe dans sa cellule. On pourrait croire à une parodie de la télé-poubelle si tout cela n’était pas à ce point dépourvu de la moindre trace d’humour.

Que nous restera-t-il pour le tome 4 ? Des naines hydrocéphales qui baisent avec des… pardon, je m’emporte.

Passons aux personnages. Il est important de rester simple : d’une part, comme dans un bon film porno, il faut éviter lasser le lecteur entre 2 scènes de cul et d’autre part : je rappelle qu’un tome n’a que 48 pages, la moitié étant réservé à vous savez quoi, faut gérer ses priorités (je n’ose appeler ça de l’érotisme car l’érotisme demande un minimum d’imagination et de subtilité). Alors, on va prendre seulement 2 types de caractères et on va les trier par sexe, comme ça, d’un tome à l’autre, on pourra remplacer ceux qui meurent sans avoir besoin d’utiliser son cerveau. Nous avons donc d’une part les femmes : elles ne pensent qu’à baiser avec tous les hommes qu’elles voient. Et de l’autre côté, les hommes : amoureux de ces salopes, ils sont déboussolés de voir que, comme eux, elles ne pensent qu’au cul. Et pendant que ces pauvres hommes pissent et pleurent sur les femmes infidèles, celles-ci sont massacrées. Au fond, elles l’avaient cherché, pas vrai ? C’ est pas faute de les avoir prévenu à travers toute la BD.

Discours affligeant de banalité… Les filles qui subissent des viols collectifs dans les cités entendent le même : « une fille bien ne se fait pas violer ». Les filles qui sortent le soir, les filles qui baisent avec n’ importe qui (car dès qu’une fille a plus d’un partenaire, ça ne veut pas dire qu’elle couche avec qui elle veut, ça veut dire qu’elle couche avec tout le monde), celles-là seront punies. Restez chez vous, les filles, soyez fidèles, car les violeurs vous guettent… Curieux retour de la morale bourgeoise dans ce polar soi-disant émancipé. Curieux conformisme dans les phantasmes étalés sur les pages : filles attachées, club échangiste, prostituées… paradoxale chasteté dans les dessins car si on voit très souvent et ‘sans complexe’ le corps nu des femmes, les personnages masculins sont pudiquement cadrés à la taille. Voici encore un auteur qui croit que pour être sexuellement libéré, il suffit de montrer des corps de femmes disponibles pour tous.

Quant à la rengaine sur ces pauvres hommes déboussolés par l’émancipation des femmes, il faudrait tout de même garder le sens de la mesure. Qui est violée, torturée et massacrée, dans cette histoire ? Allez, je vous donne un indice, c’est comme dans la vraie vie…

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