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Spy game, de Tony Scott avec Robert Redford et Brad Pitt

Monique de Valérie Guignabodet avec Albert Dupontel

Spy game, de Tony Scott avec Robert Redford et Brad Pitt
C’est le genre de film qui me rend méfiante : on prend 2 vedettes différentes (un noir / un blanc, un élégant / un voyou, un jeune / un vieux) et on fait un film au goût de super déjà-vu qui joue uniquement sur l’opposition des 2 personnages et la personnalité des vedettes. Eh bien, Spy game, c’est pas ça du tout. Certes, nous avons un vieil espion qui a enseigné les ficelles du métier à un jeune espion, mais on nous lâche avec les couplets paternalistes, les transmissions du vieux maître au jeune (Maîtriser l’espionnage tu dois…) enfin, vous voyez le genre. Bon, donc, Spygame, c’est quoi : Tom (Brad Pitt) tente une opération ultra risqué dans une prison chinoise pour en faire évader une prisonnière. C’était bien monté mais il rate à la dernière seconde et est capturé par les chinois. Pendant ce temps, Muir, qui a un poste important à la CIA, prend sa retraite
: c’est son dernier jour. C’est lui qui a recruté Tom. Et voilà que ses collègues et supérieurs le prennent entre 4 yeux pour essayer de comprendre qui est Tom et pourquoi il a fait ça. Sauf qu’ils n’ont aucune intention de le sortir de là : les chinois l’abattrons dans 24h et ils trouvent ça très bien. Ce film est d’une part composé de flash-back montrant le recrutement et la collaboration entre Muir et Tom, plutôt espion doué. Et d’autre part des démélés de Muir pour tenter de comprendre ce qu’il se passe et sauver son poulain. Pour toute la partie flashback, ca m’a rappelé ce film d’Yvan Atal sur le Mossad : Les Patriotes. C’est un bon film, un bon scénar d’espion où on comprend tous les tenants, aboutissants et motivations à la fin. J’ai été géné par le doublage de Redford et j’ai pas accroché au personnage du vieil espion roublard. Mais à part ça, j’ai bien aimé.

Monique de Valérie Guignabodet avec Albert Dupontel
Monique : le film dont on pourrait craindre le pire. Et pourtant, vous allez voir. Dupontel est photographe pour la pub. Il est marié et a un fils. Il semble lassé de tout. Il dit à peine une phrase par jour, à son boulot, comme à sa femme. Il ne s’occupe plus de personne. Sa femme craque et le quitte. Elle en a ras-le-bol qu’il ne fasse plus rien : s’occupe plus de la maison, ni de son fils, ni de gagner de l’argent, rien. Et bien sûr, faut que qqn d’autre assure, et c’est donc encore et toujours elle. Elle en a marre, elle veut qu’on s’occupe d’elle. Elle veut vivre avec un compagnon, pas un fantome. Elle part chez son amant, gentil et prévenant. Mais d’ailleurs, Dupontel s’en fout, comme il se fout de tout. Il va mal, mais ne sait pas pourquoi. Dans son boulot, on a des exigences stupides : on veut la femme parfaite, saine mais pas trop, aguicheuse mais pas trop, inocente, mais sexy. Il craque et leur dit : « Fabriquez-là ! » et claque la porte. Un soir de beuverie, il commande sur Internet la femme « idéale » aux yeux des publicitaires… Et on la lui livre, en silicone moulée, la parfaite poupée gonflable, sexy, réaliste comme mannequin de cire. Alors, c’est juste une poupée et c’est en même temps, la femme idéale : elle ne parle pas, elle est toujours d’accord pour tout, pour mettre de la lingerie cuir, pour toutes les positions, pour regarder le foot… et en même temps, elle ne fait rien, elle ne cuisine pas, elle ne fait pas le ménage, elle n’organse rien, elle ne vout remet pas en question, ne vous renvoie pas à vos insuffisance, ne vous remet pas en cause: la femme parfaite quand on est un monstre d’égoisme. Et voilà que Dupontel sort de sa létargie. Il range sa maison. Il cuisine. Il parle même à Monique. Monique sème aussi la zizanie parmi ses amis : certains la voient comme une poupée gonflable et voudrait bien en profiter aussi. D’autres comme une concurrente. Mais Dupontel n’en parle pas, ne la prête pas, et la garde comme une compagne. Dupontel devient-il fou ? La considère-t-il comme une vraie femme ? Malgrè les apparences, malgré les résumés à l’emporte-pièce qui existe sur ce film, c’est un film très subtil dans lequel Dupontel, déjà très bon dans « La maladie de Saxe » est, là encore, très impressionnant. Il dira peut être 20 phrases dans le film mais on comprend tout à fait les emotions complexes qu’il veut exprimer. Monique au début est là pour incarner la femme parfaite qui serait une poupée gonflable. Mais finalement, ca devient beaucoup plus compliqué. L’existence de Monique bouscule le groupe d’amis et tous projettent leur fantasme sur la bizarre relation que Dupontel entretient avec elle (qui n’est ni vraiment une relation sexuelle, pas non plus une relation amoureuse mais cela, on le découvre au fur et à mesure). Ce film n’est pas un film sexiste contrairement à ce que la promo du film ou le sous-titre laissait à penser. Il est féministe par bien des aspects. Il est critique sur l’image que la société et surtout la pub veut plaquer sur les femmes. Il parle de l’errance de quadra qui ne savent plus comment se situer par rapport à ces images, qu’ils soient hommes ou femmes, célibataires ou non. Par le subterfuge énorme de cette poupée de silicone, se révèlent toutes les fragilités, toutes les constructions et toutes les incompréhensions des personnages de cette histoire. Et je le répète : Dupontel est impressionnant dans ce film bizarre, juste et surtout subtil.

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