« …Nous voulions nommer l’évenement. On est parti des mots comme ruche, réseau, faisceau, car on voulait faire comprendre qu’il y avait plusieurs organisations qui travaillaient ensemble, des organisations de femmes et de féministes. On cherchait un nom générique, qui puisse être utilisé dans le temps et différentes langues, car l’idée était que ce rassemblement de projets et de personnes allait être récurrent, régulier.
Les quoi ? qu’est-ce qu’on était ? Qu’est-ce que ca reprénsentait ? On est tombé sur le mot Digitales, parce qu’il représentait la technique que toutes, nous l’utilisions. Et aussi, quand je fais le geste, il y a les doigts, le corps et la technique numérique, la technique digitale. Après, on a découvert que c’était aussi un poison, quelque chose qui va s’infiltrer et changer, transformer… »
Laurence Rassel, organisatrice des Digitales
Ce matin, j’avoue, j’ai dormi. Et j’ai même dormi 12h. L’héroisme a des limites.
Ensuite, je suis allée voir les intellectuelles précaires, par Anne Rambach.
J’ai découvert que j’étais une intellectuelle précaire. Les IP ont de 25 à 35 ans. Ils travaillent dans la culture, les médias, la recherche, ils sont très diplomés, mais parfois autodidactes. Ils ont la particularité de travailler en marge des CDI, sur des contrats souvent abracadabrant, parfois franchement illégaux. Ils sont payés au lance pierre, souvent très mal, souvent en nature d’ailleurs.
Ils disent qu’ils ont fait le choix de travailler comme ca car ils détestent le monde de l’entreprise et n’en voudraient pas. Mais l’entreprise les exploite. Ils n’ont souvent aucune conscience de la valeur de leur travail, parler d’argent est honteux dans ce milieu où on travaille pour le plaisir et leurs employeurs en jouent. Les IP acceptent de travailler énormément pour pas cher, voire bénévolement. Eux qui lisent tout, n’ont jamais ouvert un code du travail et se font tondre la laine sur le dos de la part des employeurs.
Ca m’a rappelé des choses : comment l’Education Nationale a eu l’air outré quand j’ai demandé à être payer pour un article de 6 pages, commandé en urgence, alors que l’honneur et la notoriété était une rémunération bien suffisante.
Et aussi comment Multisim nous avait snobé parce qu’une fois, je demandais des nouvelle des ventes du roman : ils étaient dégoûtés de penser qu’on travaillait pour l’argent, alors que je voulais juste savoir si les gens aimaient. Quand j’y repense…
Je me suis particulièrement retrouvée dans le portrait de l’intello précaire sur 2 points :
Les IP ont aussi la particularité, en société, de ne pas avoir de réponses simples, quand on leur demande : « Qu’est-ce que vous faites ? ». En effet, à table quand on me demande : « Qu’est-ce que tu fais, maintenant ? », ça prend toujours un moment. On hésite entre répondre par le métier qui les paye ou le métier qui les représente…
Et l’autre point, c’est que les IP détestent perdre le temps, ils ont la phobie de la minute perdue, toutes les moments sont importants et doivent être utilisés…
Bref, Anne Rambach est passionnante et je vais m’acheter son livre le plus vite possible : Anne et Marine Rambach « Les intellos précaires » chez Fayard. Elle est aussi éditrice des Editions Gay et Lesbiennes
perso.club-internet.fr/edigaies
Ensuite, je suis allée voir Cornelia Brunner : Women and technological desire
Une chercheuse de New York www2.edc.org/CCT
Elle a commencé par étudier les fantasmes et représentation autour de l’ordinateur et comment ces représentations sont sexuées. Les mots qu’utiliseront les hommes pour définir l’ordinateur, et ceux qu’utiliseront les femmes. Les dessins des petits garçons et des petites filles… Elle a confirmé ce que je préssentais : avec la force que peuvent avoir les stéréotypes, les phantasmes des garçons et des filles n’ont pas changé en 20 ans. Ils étaient les même alors que l’ordinateur existait tout juste que maintenant à l’ère d’Internet.
De ces représentations, elle a déterminé des intérets différenciés selon les sexes.
Sur la base de ces différences, elle a développé des jeux, des sites web, des exercices plus spécialement pour les filles… non pas à base de maquillage et de poupée, mais qui favorisent les compétences davantage maitrisées par les femmes, compétences considérées généralement comme inférieures, ou inintéressantes.
Au début de sa conférence, elle commence par un « Disclaimer » où elle prévient tout de suite : Gender is a voice, not a biological fact. Et elle donne une explication limpide de ce qu’est le genre et comment il nous influence.
Elle précise : plus jeune, j’étais lesbienne féministe radicale. Et je suis une geek. Parfois quand on me téléphone, j’ai plutôt envie de continuer à jouer avec mon ordinateur. Ce qui pourrait être très bien, mais je me sens coupable. Parce que j’ai été élévée avec l’idée que je devais appartenir au genre féminin et tout ce que ca représente. Quoique je puisse en penser, ca m’influence, je fais ce que je veux, mais le genre revient m’influencer.
Alors, justement, parce qu’on ne peut pas complètement se décoller de son genre et que beaucoup de filles n’ont pas la volonté du tout de s’en décoller, on va à leur rencontre, en leur proposant des outils sur ordinateurs qui valorisent enfin ce qui n’est pas valorisé.
J’ai trouvé Cornelia Brunner passionnante, et en plus drôle et énergique. Terrrific. Mais elle s’est faite démontée par la suite par des opposantes qui lui ont dit qu’elles renforçaient les rôles de sexe, plutot que de tenter de les atténuer.
En gros, les 2 opinions qui s’opposaient étaient :
** Il vaut valoriser certaines compétences dont on ne parle jamais, car ces compétences sont plutot représentées chez les filles et il est temps de s’adresser enfin spécifiquement à elles. Cornelia précise que quand on prétend avoir une vision neutre, on a en fait la vision du genre dominant, comme quand on prétend avec une vision qui ne prend pas en compte la couleur des gens, en fait, on les voit tous comme s’ils étaient blancs.
** Le genre étant distinct du sexe, il faut plutôt aller vers des choses qui favorisent le mélange des genres chez les 2 sexes plutot que de parler d’abord à un sexe puis à l’autre.
Débat intéressant s’il en est. Et je dois dire que si dans l’idéal, je suis pour un mélange du genre pour que le genre disparaisse, de manière pragmatique, je me dis que j’ai envie de travailler avec Cornelia Brunner, parce que les résultats bénéfiques seront plus immédiats que la révolution des genres.
Surtout que par ailleurs, il est vrai que certaines compétences sont trop peu valorisées, alors qu’elle sont tout à fait pertinentes aussi. Valorisons-les, alors auprès de tous (on ne sera pas obligé de dire qu’elles sont féminines).
Ensuite, soirée Ada, il s’agissait de voter pour une mascotte qui pourrait représenter le réseau Ada : www.ada-online.be
plein de propositions… Rien de vraiment renversant… des choses classiques, à la mode… c’est une sorte de petite fée à la Loisel qui a gagné.
Je suis allée me coucher.