Ma Kro ostéo provoque des réactions toujours.
Dirty Pretty thing de Stephen Frears
Le slam
Et comme j’aime pas les médecins de droit divins, je vous livre ce témoignage…
« Le témoignage de ta fidèle lectrice réveille en moi de douloureux souvenirs…
lorsque ma mère a commencé à avoir très mal au dos (c’est un euphémisme, elle ne pouvait plus se tenir debout et souffrait même assise ou couchée), nous l’emmenons aux urgences. Je te passe l’épisode de la jeune interne qui commence par dire à ma mère: « la solution c’est de maigrir »… avant même de l’envoyer faire une radio. Quelques heures plus tard, la radio devant les yeux, la même interne murmure un petit « c’est de l’arthrose, pas grand chose à faire »… Une infirmière (plutot boulotte) dit en serrant les dents: « peut être pouvons nous tout de même faire une perf à madame pour la soulager puisque nous n’avons pas encore trouvé de remède magique contre les kilos en trop. »
Plusieurs jours plus tard, ma mère consulte un ostéopathe. Un conseillé par les marques de lessive aussi. Il manipule ma mère qui hurle à chaque mouvement. C’est de l’arthrose dit-il. Mon père demande s’il ne faudrait tout de même pas faire un scanner. Le grand Gourou hurle que ça ne servirait à rien et remet mon père (petit être inférieur et inculte) en place.
Plusieurs semaines plus tard, ma mère apprend son cancer du sein. Dix jours après, le chirurgien qui doit l’opérer de ce sein consulte ces radios (prises aux urgences) et grimace. Ses douleurs dorsales étaient dûes à des métastases osseuses…
Ma mère est décédée il y a 9 mois maintenant.
Je hais les toubibs conseillés par les grandes marques de lessive. »
Dirty Pretty thing de Stephen Frears
On a beaucoup parlé de ce film parce que Audrey Tautou y joue une immigrée turc à Londres, rôle improbable, c’est vrai. Mais tout à fait réussi, elle sort du registre Amélie Poulain (parce que avec « Dieu est grand », « L’Auberge espagnole » ou « Un long dimande de fianciailles », on n’avait pas vu grand chose de différent).
Ce film raconte les galères d’un clandestin du Niger qui empile les petits boulots pour se faire de l’argent, mais en contrepartie, n’a pas vraiment le temps de dormir (taxi le jour, réceptionniste d’hotel la nuit) et qui squatt le divan d’une réfugiée polique turc en attente de demande d’asile. Elle n’a pas le droit de travail pendant les 6 mois de sa demande d’asile et donc, elle est supposé vivre en mangeant de l’air. Elle travaille comme femme de chambre à l’hôtel.
Le film de Stephen Frears fonctionne sur deux niveaux. D’une part, on suite les multiples galères de ces clandestins. On en ressort avec le sentiment que Londres a taillé sur mesure des statuts pour que des clandestins puissent venir travailler. Ensuite, elle les persécute au maximum pour pouvoir les payer mal, les exploiter jusqu’au bout et les jeter quand ils sont hors d’usage.
Pour rendre ce film plus léger, une intrigue policière, pas tellement crédible se greffe sur l’histoire. Le fait qu’elle soit peu crédible finalement allège le film, qui avait tout pour être sombre et qui finalement passe plus légèrement, grâce aussi à une batterie de seconds rôles très bien, comme Sergio Lopes, ou la prostituée pragmatique qui travaille (elle aussi clandestinement, bien sûr) à l’hôtel.
Le slam
Qu’est ce que Le Slam ?
Définition prise sur le site :
http://www.ffdsp.com/
Le Slam est un spectacle sous forme de rencontres et de tournois de poésies. Créé à Chicago dans les années 80, il a suscité un engouement populaire et médiatique qui lui permet de se propager dans le monde entier. Le Slam est ainsi un outil de démocratisation et un art de la performance poétique. Le Slam est le lien entre écriture et performance, encourageant les poètes à se focaliser sur ce qu’ils disent et comment ils le disent. En France, le Slam se développe depuis 1998, en particulier sous l’impulsion du poète performeur Pilote le Hot. Les scènes ont fleuri dans les bars du 18ème et du 20ème arrondissement de Paris avant de se propager dans toute la France. L’entrée est libre. La plupart des scènes Slam se déroulent sans enjeu ni compétition, avec un alibi convivial, » l’exception culturelle » à la française, servant de signe de ralliement aux poètes hexagonaux : 1 poème dit = 1 verre offert.
Je suis donc allée sur l’instigation d’AC voir une séance de slam organisé par le poète-performeur cité ci-dessus au Gobelune, 14 rue de Bagnolet, Métro Alexandre Dumas, tous les derniers dimanches du mois de 16h30 à 18h30.
Les choses se déroulaient ainsi. Le poète-performeur-animateur note les noms de toutes les personnes qui veulent dire un texte. Puis, il ouvre le bal, il dit un texte de sa composition, et appelle les poètes un par un. Règle du jeu : dire son texte, il doit durer moins de 3 min, pas de musique et pas d’accessoire.
La salle se tient tranquille, ne participe pas (enfin, normalement) et après, on applaudit tout le monde, même si c’est mauvais. On peut lire un texte qui n’est pas de soi (mais si vous voulez mon avis c’est un peu dommage, je venais pas pour entendre du Rimbaud, quel que puisse être mon intérêt pour Rimbaud…).
Je n’avais qu’une vague idée en venant de ce que pouvait-être le slam. Je pensais que c’était un truc de djeunz, vous voyez, quelque chose de proche du rap ou du hip hop.
En fait, ça dépend. Ca dépend qui parle. Aujourd’hui, les gens qui ont pris la parole avaient souvent plus de 50 ans. Alors, évidement, ca rapait pas trop.
Chez les vieux routards de l’exercice (genre : Pilote ou Orsi), le texte se dit sur un rythme particulier, ce qui fait que ce sont des textes à entendre et non des textes à lire. Mais ce n’est pas du rap.
Bref, quel que soit le style de la performance, l’idée, c’est que quand même, ce sont des textes écrits pour être lu à voix haute. L’un des participants écrit des poèmes très littéraires, très recherchés, avec un haut niveau de vocabulaire… C’est surement très beau, ce qu’il dit… Mais on n’arrive pas à suivre : ses textes sont là pour être lus chacun pour soi, à son propre rythme et relu pour comprendre, mais pas pour être dit.
On a eu aussi un poète américain qui me place devant le dilemme suivant : si je suis le rythme, je me laisse portée et je n’entends plus le sens des mots. Et si j’écoute le sens des mots… je ne suis plus le rythme.
Le premier texte avait un très beau rythme… mais je n’ai pas tout entendu. Le second, j’ai tout compris… mais je ne peux rien vous dire de son rythme.
Vocabulaires simples, phrases courtes, images immédiates. Cela ne veut pas dire que c’est bâclé ou simpliste. C’est un autre exercice que celui de la poésie classique, sur un autre registre de langue. Mais c’est pas parce qu’un texte est facile à comprendre qu’il est facile à écrire.
Sur une séance de 2h, on a des textes très réussis, on a des bouses, mais ça doit durer moins de 3 min, alors c’est pas très grave.
Pour les textes très réussis, on regrette qu’ils aient été si fugitifs et qu’on ne puisse pas les ramener avec soi pour les réécouter dans sa tête.
Bref, si ça vous tente : la semaine prochaine, c’est le printemps des poètes. Y’a plein de slam partout. Des infos sur :
Vous vous souvenez des chaussures chez Gémo ? Eh bien, j’y ai emmené AC :
Et pour finir, une page web qui va vous expliquer ce que c’est que la vie du thésard :
le petit Nicolas en thèse
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