Concert de Jeanne Cherhal
Je vous avais déjà dit du bien de Jeanne Cherhal récemment, suite à ma découverte aux Victoires de la musique. Je vais continuer à vous en dire du bien : je suis allée la voir en concert hier.
En première partie, d’abord, Les Jambons
C’est amusant, ça fait 2x coup sur coup que je vois un spectacle du type : chansons mises en scène genre Frères Jacques.
L’autre fois, c’était chez les presseurs d’éponges, ils s’appelaient : Les oiseaux-vaches.
Les Jambons sont 4. Ils ont tous une très belle voix. Ils interprètent des chansons amusantes entrecoupées de mini-sketchs.
Leurs chansons sont plus ou moins réussies, certaines très drôles. D’autres sérieusement plus plates.
Le grand moment de cette première partie, c’est quand même l’interprétation d’Antisocial, version Pow-Wow (ce groupe de chanteur a capella, vous vous souvenez ?) avec un son de cathédrale. C’est renversant.
Puis Jeanne Cherhal : collant rouge, mini jupe, elle ne tient pas en place, se tortille, sautille d’un pied sur l’autre, tire son T-shirt, fait l’andouille et glisse des regards timides au public.
Elle interprète l’essentiel de ses chansons au piano. Il s’agit donc de s’installer dans la salle pour avoir une bonne vue de profil. De temps en temps, elle se penche sous le niveau du couvercle du piano à queue et dit bonjour aux gens du couvercle.
Mais les gens du couvercle la verront en entier quand par exemple, elle se mettra à la basse.
Elle est accompagnée par 2 hommes, un batteur et un guitariste.
Elle enchaine les chansons surtout de son deuxième album :
« De temps en temps, le petit voisin, pour justifier sa bourse accordée par la fac, fait un saut hors de son T1 et intègre un amphi bondé comme un gros sac. Puis l’heure passée, il rentre au port non sans avoir fait un détour par chez Bubu. Une petite partie de Fighting Simulator, mais pas plus de quatre heures, il faut pas d’abus.
Et dans tout l’immeuble, crado mais bon, ça va, on se chicane, on se cherche, on signe des pétitions. Mais le petit voisin, en lisant des mangas, rêve à des jours meilleurs car il est étudiant. »
La salle s’éteint : seul un spot lumineux tombe sur le clavier du piano, Jeanne joue [Sans titre] :
Tiens l’hiver qui surprend
Oh! y’a plus de saisons
Sûr de rien, rien de sûr
Même le bleu du ciel
Les petites filles ont froid
Leurs cheveux sont le miel
Qui réchauffe mes yeux
Taisons, taisons, taisons
Taisons-nous, les messieurs
Ont les mains bien trop grandes
Pour ne pas se glisser
Sous ce qu’il ne faut pas
Vois la petite idiote
Qu’on fait marcher au pas
Qu’on veut griser pour qu’elle
S’étende, s’étende, s’étende
Et tant de gris de grand
Pour une si petite
La folle car comment
Peut-on être si vieux
Si vieux si près si fou
Elle a noyé ses yeux
On fait cela quand on
Évite, évite, évite
Et vite elle oubliera
Il le faut ma jolie
Un petit corps c’est rien
Les vieux messieurs le savent
Ravale les petits pleurs
Alors tu seras brave
Finis ton rêve et puis
Au lit, au lit, au lit
Oh! l’hiver qui surprend
Tiens y’a plus de saisons
Sûr de rien, rien de sûr
Même le gris du ciel
Les petites filles ont froid
Leurs cheveux sont le fiel
Qui réchauffe mes yeux
Taisons, taisons, taisons…
Et en l’écoutant, un puzzle se met en place : d’autres chansons s’emboîtent et prennent leur sens, la Station par exemple, mais aussi des passages de 12 fois par ans « Son ventre est un feu / un volcan fiévreux / qui crie à sa place / les mots les angoisses / que ses lèvres taisent »
Mais Jeanne n’est pas une chanteuse de chansons tristes. Elle chante quelques inédits, une chanson sur comment on perçoit les choses différents quand on est très amoureux ou quand on l’est moins
elle a d’ailleurs un trou de mémoire, elle s’emmêle et chahute un peu.
Ensuite, elle fera taper dans les mains au public, elle le fera siffler aussi
Elle s’assoit par terre avec ses musiciens pour chanter sans micro Bidon-ville de Nougaro, très impressionnant.
Un concert sautillant emmené avec brio par une sauterelle qui a la pêche, une belle voix, un grain de fantaisie et un vrai talent au piano.