Kro de l’absurde au musée de l’Homme

L’espèce humaine comporte toute sorte de version d’individus… des hommes, femmes, enfants, adolescents, jeunes, vieux, bébés, etc.
On peut regrouper tous ces termes sous un générique neutre : humain. Mais par un malencontreux hasard, le mâle de l’espèce porte aussi le nom d’homme.

En fait, le hasard n’existe pas vraiment, ni en sociologie, ni en linguistique. L’homme (l’être mâle) a longtemps été considéré comme l’universel et la femme comme le spécifique.

L’utilisation d’homme comme terme générique n’est pas neutre, en tout cas, ne l’était pas pendant très longtemps. Par exemple, “la déclaration des droits de l’homme et du citoyen” parlait exclusivement des individus mâles. Les femmes et citoyennes avaient des droits différents.
C’est pourquoi différentes instances proposent ou imposent des migrations du terme de “homme”, faux générique, à “humain”, vrai générique. L’ONU et l’Union Européenne ne parlent plus que des Droits Humains. Et de manière générale, les autres pays francophones (Québec, Suisse, Belgique) parleront des droits de la personne. Disons qu’on peut toujours proclamer qu’à partir de maintenant, Homme sera un vrai générique, ça reste quand même un tout petit peu gênant dans un certain nombre de cas, côté crédibilité.

A Paris, le Musée de l’Homme se retrouve en plein dans ce problème de terminologie. Certes, je peux comprendre qu’ils ne vont pas changer de nom. L’Hôtel des invalides ne s’appelle pas l’Hôtel des handicapées. Mais est-il utile de tenir la position jusqu’à l’absurde ?

En allant voir l’exposition sur Germaine Tillon, déjà chroniquée, nous sommes passées à travers une autre expo sur les variétés de l’espèce humaine.

Au début, un petit texte explique que homme (sans majuscule) décrit l’être mâle et que Homme (avec majuscule) décrit le genre humain dans sa globalité. On peut se demander alors, puisqu’il est nécessaire de fournir une explication aux visiteurs, pourquoi ils n’ont pas tout simplement utilisé les termes de homme, femme et genre humain, puisque dans ce cas, tout le monde comprend directement de quoi on parle.

Bref, une fois le code des majuscules donné, on va pouvoir lire l’expo.

La première affiche m’a déjà fait pouffer :

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On a beau dire que Homme est universel, faut avouer que ça prête à confusion. En passant, je signalerai que les cheveux longs ne sont pas un caractère sexuel secondaire mais simplement une convention sociale qui a tendance à se perdre.

L’entêtement bête pour une terminologie qui ne fonctionne pas, on le rencontre ici :

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et bien sûr, on trouve au dos :

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Vous trouvez pas que c’est beaucoup d’effort pour rien ?

Au fait, c’est pas pour être mesquine, mais au Groenland (entre autre) le terme eskimo est considéré comme péjoratif et offensant, car c’est un terme créé par des non-inuits qui signifie « mangeur de viande crue ». Quand on a un tout petit peu de considération pour les populations en question, on emploie Inuit.
D’ailleurs, quand on a un tout petit peu de considération pour les visiteurs, on laisse tomber les positions de principes idiotes, et on utilise les termes les plus justes et les plus didactiques.
Je me demande qui commande les expositions du musée de l’homme, oups, de l’Homme, qui les réalise, qui les valide…

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