Les J.O. en fait, c’est top

Le 14 août après-midi, je me suis fait une entorse. Vous imaginez, obtenir un rendez-vous chez un médecin le WE du 15 août ? Le samedi matin, la pharmacienne m’a équipée d’une orthèse, une sorte d’atèle qui entoure la cheville et qui aide beaucoup à marcher. Le samedi après-midi, je suis partie à la Maison Bleue.

Donc, je marche, mais je boitille. Quand je marche pied nu, l’othèse frappe le sol et ça fait cloc-cloc, on dirait le Capitaine Acchab. Mais en tout cas, ça limite mes déplacements. Par ailleurs, le temps étant très venteux, on ne peut pas vraiment passer l’après-midi vautrées sur la plage (pour vous dire : les sardiniers de Saint Gilles ne sont pas sortis). Alors que faire ? Regarder les Jeux Olympiques. J’ai des connaissances très basiques en terme de JO. Quant à Leirnette, ce sont les premiers qu’elle voit. C’est rigolo de regarder les différents sports avec quelqu’un qui ne les a jamais vu et de jouer les commentatrices débutantes.

Puisqu’on en parle, d’ailleurs, un mot sur les commentateurs sportifs. Personne n’échappe aux a priori, et j’avoue que j’en avais plein. En fait, je pense que j’étais restée traumatisée par les commentaires racistes et sexistes de Thierry Rolland. Les commentateurs des JO sont très corrects, pas de remarques grivoises (d’autant plus que maintenant, les coureuses sont pratiquement en maillot de bain, alors que les coureurs ne sont pas torse nu), pas de commentaires désinvoltes ou ennuyés devant les épreuves féminines, pas de remarques déplacées sur le physique des sportives, tant en GRS qu’en lancer du marteau.

En outre, c’est un vrai boulot, meubler sans en avoir l’air, ne pas laisser de temps mort sans avoir l’air de radoter… Et Nelson Montfort, toujours sur le pont pour interviewer les sportifs dans un anglais parfait.

Je vous avouerai que j’ai quand même noté 2 perles, la première est émise par le “chef commentateur”. Il s’est déclaré absolument enthousiaste par l’accueil fourni par les chinois, lui qui a déjà fait plusieurs jeux, il dit avoir rarement été aussi bien accueilli, avec autant de gentillesse, de fraîcheur et de spontanéité. Quand on sait que la petite fille qui chantait à la cérémonie d’ouverture chantait en play-back et que les images de feux d’artifice étaient en synthèse, quand on sait que ces jeux sont ceux qui ont coûté le plus cher, tant la Chine est soucieuse de montrer sa puissance économique et politique… je ne sais pas si les mots “fraîcheur et spontanéité” correspondent à quelque chose.
L’autre perle vient de l’entraîneur de Ladji Doucouré, l’espoir français de médaille en course à pied. Il nous apprend que Doucouré a été blessé l’hiver dernier et qu’il s’est malgré tout entraîné avec beaucoup de courage. Soit. C’est alors qu’il dit d’un ton plein de défi, et presque de hargne : “Ladji a enduré des choses que peu d’êtres humains sur cette planète ont enduré”. Mmmmhh, On parle toujours d’une blessure au mollet, là ?

Passons maintenant aux disciplines olympiques. Leirnette et moi nous sommes passionnées pour les handballeuses françaises. Et ce qui est rigolo, c’est que, bien qu’elles se soient faites sortir en quart de finale, elles ont continué à passionner les commentateurs dans leur lutte pour la 5e place.
L’avantage du Hand, c’est qu’on arrive à peu près à suivre, surtout que Leirnette qui en a fait à l’école m’a expliqué : les filles font 3 passes devant le but : hop, hop, hop, puis il y en a une qui fait un bond de cabri et qui tire comme une brute dans le but. Et là, si c’est dans la cage, ça fait un point. Facile à comprendre.

Plus compliqué : le plongeon. Une chinoise arrive, fait un saut absolument impeccable et reçoit des notes entre 8,5 et 9,5. Une deuxième fille arrive, fait un saut tout-à-fait merveilleux et récolte une moyenne de 7, pendant que la commentatrice glose sur la supériorité absolue de la Chine au plongeon. Une chose qu’on a fini par comprendre : la taille du “plaf“ en entrant dans l’eau est déterminant dans la note finale.

Un autre sport facile : le lancer du marteau féminin : faut pas tirer dans la cage et c’est celle qui lance le plus loin qui gagne. C’est plus intéressant qu’on pourrait le croire, le lancer du marteau. Par exemple, on constate que les lanceuses peuvent avoir toute sorte de morphologie : grande et élancée comme la Belarusse (vous saviez qu’on disait belarusse et pas bielorusse ?) qui a gagné, petite et trapue comme la française, ronde et massive comme la chinoise… Le tournicotti d’élan avant le lancé est une chorégraphie impressionnante.

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Nous avons aussi admiré les courses d’élan des sauteurs en hauteur, et aussi la GRS, le triple saut, la perche, etc.
J’ai du mal avec les épreuves où les sportif/ve-s vont au bout de la souffrance : une marcheuse des 20 km qui vomit sur le chemin et s’écroule sur la ligne, un nageur des 10 km qui finit 2e mais repart en civière, etc. Les commentateurs ont trouvé ça admirable… moi, j’y arrive pas. Ca doit être pour ça que je mets le pied par terre quand je monte une côte trop raide à vélo.

Autre épreuve qui laisse un peu perplexe, surtout Leirnette, c’est la lutte. ”C’est viril“, a-t-elle dit aussitôt, sans bien pouvoir expliquer ce qu’elle mettait sous le terme viril. C’était au moment où l’un des lutteurs a attrapé à bras le corps la jambe de son adversaire alors que celui-ci était en gros à quatre pattes, et essayait de le retourner. La boxe aussi. On met des mandalles à l’autre sans arrêt et soudain : les commentateurs s’agitent, ils ont vu quelque chose : un point (poing ?) est passé.

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Et le Tae-kwen-do ! on fondait beaucoup d’espoir sur cette épreuve car c’est le sport de Buffy. Sur le tapis olympique, c’est bien moins joli. Les deux concurrentes sautillent face à face pendant 20 ou 30 secondes, soudain elles se jettent l’une contre l’autre, c’est raté. Elles se replacent, elles sautillent de nouveau 20 secondes, des pieds partent en l’air, des points se marquent ou pas, elles se replacent. En fait, il faut toucher le corset ou la tête, mais on n’enchaîne pas les attaques, alors, finalement, ce n’est pas si marquant à regarder.

Ah, une dernière chose : le Beach volley. D’abord, j’ignorai que c’était un sport olympique, jusqu’à ce que Bellule me l’apprenne. Et il y avait tout à craindre d’un tournoi de beach volley féminin… Mais en fait, ça doit être à cause du jeu vidéo Dead or Alive beach volley que je dis ça… un jeu basé surtout sur les gros seins (pour résumer). Là en plus, pour la finale, il pleuvait à verse, les filles étaient trempées avec des maillots de bain blancs. Eh bien, c’est très très impressionnant et ça n’a rien de glamour ou chichiteux. Rien à voir avec Alerte à Malibu. Ca se joue 2 contre 2, pour la finale : Chine contre USA et c’est à la fois physique et aussi un sport de précision, quasiment du jonglage. Les reprises de balle, les services, les manchettes… Moi qui n’ai jamais compris comment rattraper une balle, vraiment j’ai trouvé ça très bien à regarder.

Je conclurai par la course : le 400 m, 110 m haies et autres courses hommes. C’est indiscutablement les disciplines phares et depuis longtemps. Pourquoi ? aucune idée. Pourquoi plus la course que la perche ? ou le pentathlon moderne (course, nage, escrime, équitation et tir) ? Est-ce que ce c’est parce que c’est rapide, facile à comprendre et praticable par tout le monde qui a des pieds et un sol ? Je ne sais pas. Mais je suis prête à écouter vos propositions.

Les jeux olympiques, c’est aussi l’occasion de faire de l’histoire avec Leirnette. J’ai trouvé un site sympa qui retrace rapidement un peu plus d’un centenaire de jeu. On y voit par exemple l’évolution vestimentaire dans le tir à l’arc.
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Ou l’intéressante épreuve de saut de tonneau, maintenant disparue…

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Mais ma photo olympique préférée, ce doit être celle là, 6 mois après l’assassinat de Martin Luther King.

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Mine de rien, 40 ans après cette photo, un Noir est candidat à la Maison blanche.

L’un des deux athlètes, devenu entraîneur, a été interviewé par Montfort. Il n’a pas parlé de la naïveté ou de la spontanéité chinoise, mais il a dit qu’il était important que le sport continue à se soucier de politique et que les réalités sociales devaient rester à l’esprit de tous pendant les jeux.
De toute manière, si on nous rebat les oreilles avec la pseudo-neutralité du sport et le fait que les jeux ne doivent pas se mêler de politique, on oublie que pratiquement tous les jeux se sont mêlés de politique. Outre le gant noir des black panthers, il y a eu Jesse Owen en 1936 double médaille d’or et Hitler qui s’en va pour ne pas serrer la main d’un noir.
(On notera que la délégation française a préféré le salut nazi au salut olympique, cette année-là…)
On se souvient des jeux-propagande à Moscou en 1980 boycotté par les USA et le match retour à Los Angeles boycotté par les Soviétiques. Il y a eu aussi le scandale financier des jeux Coca cola d’Atlanta où tout avait été économisé au maximum et où les bus olympiques étaient tellement pourris que certains athlètes n’ont pu participer à l’épreuve, parce que le bus était tombé en panne en chemin… J’en passe et des meilleurs. Vous avez un pot-pourri sur ce blog.

En attendant, bonne fin de jeux…

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