Kro d’Ada

Ada Byron, comtesse de Lovelace est une jeune femme du XIXe siècle à la vie compliquée. Elle est célèbre pour être la première femme à avoir écrire un programme informatique.

Essayons de vous dire un mot sur Ada Lovelace…
Elle est la fille de Lord Byron, grand poète anglais aux moeurs discutables. Quand Ada a 5 ans, son père meurt alors qu’il se bat en Grèce. Elle ne l’aura jamais vu… D’ailleurs, sa mère lui interdit de voir un portrait de son père avant qu’elle ne soit mariée… tellement elle est convaincue que l’influence pernicieuse de Byron est capable de se manifester dans Ada à la moindre occasion.

Puisque Ada est la fille d’un tel génie, elle ne peut être soumise aux limitations intellectuelles qui incombent d’ordinaire à son sexe. Seulement, elle est probablement contaminée aussi par la perversité de son père.
Sa mère veut s’assurer que jamais Ada ne s’occupera de poésie romantique: c’est de là que vient le mal. Elle lui fera faire des maths. Elle la confie à des surveillantes et va vivre sa vie plus loin. Ada grandit solitaire, surveillée de près par ses gardiennes. Pourtant, à 16 ans, elle tentera de s’enfuir avec son prof de maths.
Pour sa mère, la preuve est faite : Ada a le génie et la perversité de son père. Elle décide de lancer tout de même Ada dans le monde, elle qui est connue avant tout comme la fille de Byron, mais lui faisant la morale et lui faisant promettre de bien se tenir.

Avec Charles Babbage, elle travaillera sur la machine à différences. C’est pour elle qu’elle écrit dans un mémoire ce programme permettant de calculer la suite de Bernouilli.

Toute sa vie, Ada va tenter de racheter par ses mathématiques, les fautes de son père. Elle va aussi essayer de se faire un nom, d’échapper à la tutelle de sa mère ou de son mari.
Cette tension impossible à résoudre (être par hérédité géniale et perverse, racheter son père et elle même grâce aux mathématiques…) la conduiront au bord de la folie. C’est de cette folie que parle la pièce.

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“Le Crâne et la mécanique“ nous présente Ada juste avant la parution de son mémoire contenant le fameux programme. Elle s’est fâchée avec Babbage, se fait du souci pour la manière dont son texte sera accueilli… s’il peut paraître…
La pièce la montre atteinte d’un dédoublement de personnalité : une Ada qui essaie d’être gentille et de faire ce qu’on lui dit et une autre qui est vulgaire, méchante et voudrait secouer les carcans sociaux dans lesquels vit Ada.

On voit également Ada gamine, déjà persécutée par son autre personnalité mais “bricoleuse”… elle avait inventé une machine à voler espérant plaire à sa mère et la convaincre de rester près d’elle. Ca à marcher, d’ailleurs, sa mère est restée.

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Mais revenons au présent. Ada, perturbée par sa rupture avec Babbage, n’arrive plus à travailler. Pour se soigner, elle rencontre un phrénologue, qui viendra lui expliquer à grand renfort de “sciences” que son cerveau est en surchauffe : un cerveau de femme ne peut pas supporter tant de maths.

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Ada et le phrénologue qui a l’idée géniale de vouloir la trépaner, afin de tout ranger mieux dans son cerveau

Cette pièce a l’intelligence d’être didactique sans faire la leçon en aucun façon. Déjà, on y fait vraiment des maths, ce qui est peut courant, au théâtre, Ada nous explique comment calculer une suite avec un programme. C’est simple et clair (il faut dire que l’actrice est physicienne, quand elle vulgarise des maths, elle sait de quoi elle parle). De plus, le phrénologue est suffisamment ridicule avec sa pseudo-science qu’on ne croit pas une seconde à son discours sur l’incapacité des femmes.

Cette pièce qui pourrait être lourde (la folie d’Ada est pénible à voir) est égayée par des chansons sympathique dont l’air reste en tête. En outre, un personnage amusant : la petite bonne d’Ada vient mettre une touche d’humour.

“Le Crâne et la mécanique“ a été “impulsée” par l’Association femmes & mathématiques, créée par la Compagnie des Passeurs d’Ondes. Elle a été jouée pendant la fête de la science et est destinée à aller dans les écoles.

J’ai été ravie de voir le résultat de cette collaboration : c’est une manière originale de parler des femmes et de la science, un type d’action qui change beaucoup de ce qui se fait d’ordinaire et en plus, c’est une bonne pièce.

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