Tous les ans, l’Université se célèbre elle même. Ca s’appelle le Dies Academicus. C’est très instructif d’assister à une cérémonie de l’Alma Mater (c’est comme ça qu’on surnomme l’Université en Suisse). En France, on ne sait pas faire ça. Suite à mai 68, on a renoncé à un certain nombre de chose : les jolis robes pour les profs, les chapeaux idiots avec le pompon qui pendouille devant, les cérémonies de remise de diplômes… On a aussi renoncé en partie à la hiérarchie. Disons qu’il en reste bien des vestiges mais à côté de la hiérarchie de l’Uni suisse, c’est de la rigolade. J’aimerai bien réunir le décorum suisse et la répartition plus horizontale des pouvoirs comme en France. Mais cela n’a pas l’air possible.
Tout commence par une petite procession. Devant, vous avez une chancelière de la République. Le gars à côté avec le bâton en avec la boule argenté au bout, je ne sais pas qui c’est. Les Doyens, Recteur, Vice-recteurs et Vice-rectrices sont en robe. En costume, vous voyez notre ministre de l’éducation cantonale.
Outre le côté folklorique, l’intérêt du Dies Academicus est d’entendre les discours des Docteurs Honoris Causa qui ont été distingués.
Cet année, il y avait Toni Morrisson, prix nobel de littérature, noire et féministe.
Le Recteur a remarqué que c’était la première fois qu’une femme s’exprimait lors d’un Dies Academicus… et ils ont fait fort : une femme noire en fauteuil roulant, bien joué !
En même temps, elle a pas moins d’un prix nobel…
L’autre personne qui s’est exprimé était Dick Marty. Lui était le premier Suisse à être honoris causa de l’Université de Genève.
J’ai découvert Dick Marty l’an dernier : alors qu’il était Député au Conseil de l’Europe, il avait dénoncé le trafic d’organe chez les prisonniers au Kosovo. La presse le saluait unanimement pour son courage et son intégrité.
Pour la première fois, j’ai entendu un discours qui prenait le parti des Droits Humains. Souvent, ces droits sont une choses très abstraites, peu de monde viendra vraiment militer pour eux. Là, on a un juriste, Député du Conseil de l’Europe, qui a fait des Droit Humains son parti. J’ai trouvé ça formidable.
C’était un discours pessimiste et courageux, s’attaquant aussi bien aux Etats-Unis qui déclarent que « Justice est faite » en abattant Ben Laden, qu’aux crimes contre l’humanité dans les Balkans.
Il a particulièrement dénoncé l’absence de réaction de la communauté internationale face à ces diverses violations des Droits humains.
Si vous voulez lire ou écouter son discours qui en vaut la peine, il est ici : http://www.unige.ch/presse/archives/2011/dies-2011.html
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