Ghost in the shell de Rupert Sanders avec Scarlett Johansson, Pilou Asbæk, Takeshi Kitano et Juliette Binoche
Ghost in the shell est d’abord un manga, puis un film d’animation en 1995 et maintenant un film.
L’histoire originale, comme celle du film (qui n’est pas tout à fait la même) est un vrai scénario de cyberpunk : une ville gigantesque (Hong Kong), des corporations dont le pouvoir défit l’état, des humains qui augmentent leur corps de manière cybernétique, un réseau informatique mondial qui permet d’accéder à beaucoup de données… y compris les plus personnels, depuis que les humains connectent directement leur cerveau.
L’intérêt de l’animation de 1995, plus que son scénario, compliqué à souhait comme un scénario de cyberpunk, c’était l’ambiance du film. Une ville ultra moderne grouillante de monde, sillonnée de voitures et autres véhicules, mais avec des moments où tout ralentit et on regarde les lumières dans des flaques d’eau, ou le paysage se dissoudre sous la pluie. C’était cette ambiance que je craignais de perdre avec le film, imaginant que la tendance moderne aurait incité à faire un film ultra speed, doté d’un montage sous acide. Il n’en est rien.
Un peu à la manière de Robocop, le Major est un cyborg : le cerveau d’une humaine dans un corps d’androïde. Sauvée d’une attaque terroriste dans laquelle ses parents sont morts, elle n’a que peu de souvenirs de sa vie passée, à part quelques glitchs, qui ne lui évoque pas grand-chose. Elle fait maintenant partie de la Section 9 qui lutte contre le terrorisme. Or, voilà qu’un hacker se met à abattre les cadres supérieurs de la société d’androïdes qui l’a construite. Alors qu’elle enquête, elle se pose de plus en plus de questions sur son humanité et aussi sur la personne elle était avant.
La ville mise en scène est incroyable, ce ne sont plus des écrans qui peuplent les rues, mais des hologrammes géants entre les immeubles, qui bougent sans arrêt, vous incitant à faire du sport ou à prendre des assurances vie.
En marge de cette ville électrique, il existe des bas fonds, le cyber et le bio se mélange au point qu’il soit difficile de savoir si les prostituées sont humaines ou non et où tous les videurs de boite ou les barmans sont « améliorés ».
Très fidèles au film d’animation d’origine, certains plans sont les mêmes, les rythmes sont les mêmes et la musique de Kenji Kawaï est reprise sur certaines scènes. Parmi les scènes de combat, se glissent des moments de grâce, des décors incroyables, des lumières étonnantes et également des paysages qui se dissolvent sous la pluie.
Alors, est-ce que c’est une réussite ? Pas tout à fait. Scarlett Johansson, bien qu’elle ait été décriée parce qu’elle n’était pas asiatique, est formidable. Le fait qu’elle ait un aspect occidental est justifié par une corporation tenue par des occidentaux (qui, en quelque sorte, crée les robots à leur image). Juliette Binoche n’est pas très convaincante, car contrairement à Scarlett Johansson, elle est à des kilomètres de la culture SF, mais heureusement, elle n’a pas un grand role. Takeshi Kitano, qui ne parle que japonais dans le film (et c’est une excellente idée) a également beaucoup de présence.
Certes, le film manque un peu de rythme, ou de fluidité, je ne sais pas. Je doute qu’il trouve un large public. Peut-on l’apprécier sans avoir vu l’animation ? Je ne suis pas sûre. Les ultimes fans s’y retrouveront-ils ? j’en connais et apparemment la réponse est non.
Pour autant, au final, outre quelques scènes inutiles ou qui ne « collent » pas, j’ai vraiment été séduite par l’image, les costumes et décor et par l’ambiance. Alors je suis contente d’avoir retrouvé cette esthétique… d’autant que les vrais films cyberpunk sont extrêmement rares… Je vais me revoir l’animation.