Kro diabolique

Les larmes du Diable de C. J. Sansom

Les promesses de l’ombre de David Cronenberg

Comme un juif en France, documentaire de Jeuland

 

Les larmes du Diable de C. J. Sansom

Sansom écrit des polars qui se passent en Angleterre à l’époque d’Henri VIII. Le héro est un avocat bossu appelé Matthew Shardlake. C’est la suite de Dissolution, déjà Kroniqué.

Une jeune fille est accusée du meurtre de son demi frère de 12 ans. Elle refuse de parler, de se défendre. Seul son oncle la croit innocente et demande à Matthew de l’aider à l’innocenter. Malheureusement, celui-ci ne peut rien faire, tant qu’elle refuse de parler. C’est alors que Cromwell intervient. Il offre un sursis à la gamine, à condition que Matthew travaille de nouveau pour lui. Voilà donc Matthew obligé de mener 2 enquêtes de front : d’une part pour innocenter la gamine, et d’autre part pour retrouver pour Cromwell une arme terrifiante et mythique : le feu grégeois.

Un très bon scénario, très pratique et facilement adaptable en jeu de rôle (et d’ailleurs, je me gène pas). J’ai découvert l’histoire mystérieuse du feu grégeois, une « recette byzantine » qui permettait d’enflammer un navire en quelques instants et qui brûlait même l’eau. Une arme incroyable et maléfique, qui se présentait sous la forme d’un liquide noir et visqueux appelé larmes du diable.

En faisant des recherches sur le feu grégeois, j’ai découvert une information étonnante : Dupré, un horloger de Grenoble, découvrit par hasard un nouveau feu grégeois au XVIIIe siècle et communiqua sa découverte à Louis XV. Les effets en étaient si terribles que, par humanisme, le roi de France préféra ensevelir ce secret dans l’oubli, et acheta le silence de Dupré en lui donnant une pension de 2000 livres.

Pour revenir au livre de Sansom : un polar très bien construit aux personnages intéressants.

 

Les promesses de l’ombre de David Cronenberg avec Viggo Mortensen, Vincent Cassel et Naomi Watts

Vincent Cassel et Viggo Mortensen
© Metropolitan FilmExport Galerie complète sur AlloCiné

Une gamine de 14 ans, droguée, meurt en couche dans un hôpital de Londres. La sage femme qui l’a accouchée, Anna, aimerait connaître l’identité de l’inconnue pour savoir à qui adresser le bébé. Mais la seule chose qu’elle a laissée, c’est son journal, en russe et à l’intérieur, une carte de visite d’un restaurant russe. Naïve, elle s’y rend et y rencontre le patron qui sous ses airs d’aimables patriarches, est le chef de la mafia russe.

Les promesses de l’ombre est un film violent, non pas tant par les images que par l’ambiance qui règne : les filles contraintes à la prostitution, la drogue, les règlements de compte. Deux mondes se côtoient sans normalement jamais se croiser : le monde des gens biens et le monde violent et mortel de la mafia russe.

Deux acteurs y font une composition absolument étonnante : Viggo Mortensen en tueur silencieux, mais bizarrement séduisant et Vincent Cassel en brute alcoolique psychopathe.

On y retrouve aussi les obsessions de Cronenberg, en particulier pour ce qui est organique. Dans ce film, c’est les tatouages : un mafieux russe a l’ensemble de sa vie tatouée sur son corps, c’est son CV, sa carte de visite en somme.

Viggo Mortensen
© Metropolitan FilmExport Galerie complète sur AlloCiné

Les promesses de l’ombre conjugue à la fois un bon scénario et en même temps permet à Viggo Mortensen de montrer tout son talent.

Comme un juif en France, documentaire de Yves Jeuland

Pour une fois, j’ai regardé la télé : France 3 a diffusé ce reportage en 2 parties la semaine dernière.

Le reportage commence à l’affaire Dreyfus, pour raconte l’histoire des juifs en France de cette époque là à nos jours.

C’est vraiment un reportage bien fait qui permet de comprendre bien des choses et d’en réaliser d’autre. Il est composé de plusieurs volets. Le moins intéressant est le premier, sur la Shoah, c’est le plus connu. Les conditions du retour le sont moins. On apprend qu’une sorte d’amalgame a été fait entre tous les survivants des camps juifs et résistants, niant par la même la spécificité du massacre des juifs dans des camps d’extermination à part de ceux des résistants.

On les a fait taire, leur histoire était tellement incroyable qu’on ne voulait pas l’entendre. Ils faisaient peur, on préférait ne pas savoir.

Volet suivant : on passe à la fin de la guerre d’Algérie et l’arrivée des pieds-noirs. Il y a les Séfarades qui racontent leur déracinement. Et de l’autre, il y a des Ashkénazes qui ont vu arriver cette nouvelle communauté, qui n’avait pas connu la Shoah et qui venait apporter du sang neuf dans des communautés en voie de disparition.

Comme l’explique Annette Wievorka (une historienne spécialisée sur la Shoah), les Ashkénazes étaient des gens sérieux, ne se préoccupant que de choses graves. Les fêtes suivaient toujours le même rituel et pour les recettes ashkénazes, un livre suffit. Et voilà les Séfarades avec toutes leur cuisine, leurs rites et leur joie de vivre, un judaïsme à la Enrico Macias, comme elle dit. Il y avait un peu de méfiance, il faut bien le dire… « on était un peu leurs bicots », dira l’un des témoins.

Puis arrivent les premiers discours révisionnistes. Ce sont eux qui ont provoqué enfin la prise de conscience du génocide. La France a enfin passé le documentaire Holocauste, qui malgré tous ses défauts a permis une parole et une réflexion qui juste là n’avait pas pu être faites.

C’est alors qu’être juif devient chic, à la mode. Au moment de la guerre des 6 jours, on assiste à un incroyable soutien part de France, Gainsbourg écrit une chanson pour Israël, des manifs de soutien multiconfessionnelle défilent dans les rues. Et après la guerre des 6 jours, l’image des juifs se transforme : ce n’était plus des faibles, des lâches, des fuyards, vieux reste de la propagande nazi, mais des combattants virils, puissants et dangereux.

Même manifestations au moment des attentats de la rue Copernic. Puis, on arrive de nos jours, de nouveaux attentats anti-juifs… mais cette fois, les seuls à manifester sont les juifs. Un mélange se crée en plus en plus dans les esprits entre être juif et être israélien. Les juifs de France sont vus en quelque sorte comme des Israéliens immigrés. Mais dans le même temps, certains juifs font tout pour provoquer cette confusion, en défilant drapés dans le drapeau israélien pour protester contre les propos de Dieudonné, ou l’exécution d’un jeune juif.

Un bon documentaire, qui a l’avantage de faire la différence entre l’antisémitisme de l’affaire Dreyfus jusqu’à la guerre, en passant par les révisionnistes, à l’antisémitisme actuel. La France héberge à la fois la plus grande communauté juifs et la plus grande communauté arabe. Il ne s’agit pas d’exterminer les juifs, mais en quelques sortes de poursuivre les guerres israélo-palestiniennes sur le sol français, de la part de jeunes hommes pas forcément arabe, pas forcément intégristes, mais qui se trouvent une identité communautaire dans ce combat.

 

 

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