Lisant ce soir quelques articles sur le site du Monde, j’ai eu la surprise de découvrir que l’organisme britannique de contrôle d’internet avait entraîné pendant quelques jours la censure d’une page de Wikipedia, celle consacrée au groupe de hard rock allemand Scorpions.
Le motif de la censure ?
On voyait sur ladite page la jaquette de leur quatrième album, Virgin Killer, qui représente une gamine nue. Un choix d’illustration d’un goût douteux, certes (l’album est d’ailleurs classé en tête du top 10 most controversial album covers dans The Encyclöpedia öf Heavy Metal de Daniel Bukszpan), mais de là à censurer la page en question, alors qu’on peut facilement trouver bien pire sur internet, sans avoir besoin de chercher longtemps, et y compris sur Wikipedia, il y a un fossé dont je ne comprends pas vraiment qu’on puisse le franchir, du moins à notre époque dans une grande démocratie occidentale.
Alors bon, je sais bien que l’argument invoqué est la prévention de la pédophilie. Mais soyons cohérents alors : est ce que les pages consacrées à des grands peintres ayant recouru à des modèles mineurs pour représenter des nus divers et variés ont elles aussi été censurées en même temps, ou y a t-il deux poids deux mesures, d’un côté l’Art respectable et de l’autre une musique de sauvages dégénérés ?
Et puis, si je comprends bien, on peut représenter des tas de saloperies sur des jaquettes de disques, mettre des symboles sataniques ou autres, donner dans le morbide, photographier des femmes en sous-vêtements et à la poitrine artificiellement gonflée dans des postures avilissantes, dessiner des paysages où l’adulte reconnait sans hésitation une femme alanguie au sexe ouvert, mais la full frontal nudity sobre et sans fioritures, avec un éclat de verre adroitement placé pour cacher le point stratégique, on peut pas ?
Merde, l’Angleterre nous a donné le punk, sans doute le metal, et ptêt même le rock, et c’est dans ce pays là que ça se passe ?
En bonus, je vous ai scanné la jaquette de mon disque, puisque l’article du Monde, finalement bien pudibond lui aussi, n’en montre qu’une version tronquée qui ne permet absolument pas au lecteur de se faire une idée correcte de la situation.