Ce matin au boulot, une de mes collègues attire mon attention sur le règlement européen numéro 1007/2009 du 16 septembre dernier, sur le commerce des produits dérivés du phoque.
Elle commence de me le lire à haute voix, mais très vite je tique : il y est question de phoques harpés.
« Qu’est ce qu’un phoque harpé ? », lui demande je.
Bien entendu, elle l’ignorait.
C’est normal d’ailleurs.
Car phoque harpé, ça ne veut rien dire : ça n’est pas du français.
C’est tout simplement une tentative lamentablement ratée de traduction de l’anglais harp seal par un traducteur pas franchement bilingue et manifestement incompétent dans le domaine.
Harp seal se traduit en bon français par phoque du Groenland ; vous savez, ces phoques dont les bébés ont la fourrure d’une blancheur immaculée…
(une autre espèce était également mentionnée, le phoque à capuchon ; mais là, pas de problème, car c’est bien le nom français de l’animal que les anglophones appellent hooded seal)
Ce n’est pas la première fois que je relève des erreurs flagrantes dans la version française d’un règlement européen (à tel point que lorsque j’ai besoin de consulter le paquet hygiène sur un point ambigu, je me réfère presque systématiquement à sa version anglaise). Mais ça m’agace toujours autant de voir à quel point ces textes, qui revêtent pourtant une importance capitale pour nous (enfin, ptêt pas le 1007/2009…), ne sont pas relus.
Et en cas de litige juridique fondé sur un texte ainsi mal traduit, que se passera t-il au tribunal ? Donnera t-on raison à celui qui a appliqué la version phranssèze (la lettre) ou celui qui a préféré respecter l’esprit de la loi ?