Pour des raisons de force majeure, je n’étais pas présent lors de la réunion au cours de laquelle ont été présentés les objectifs de chaque équipe pour l’année en cours.
J’avais bien proposé de venir malgré tout, à condition qu’elle se tienne ici, et pas au siège, mais comme par hasard, mon idée n’a pas recueilli le moindre enthousiasme… Je présume que mon absence arrangeait bien la direction, surtout vu les coups qu’ils ont dévoilés à cette occasion (réduction de mes effectifs, pour commencer), et même si je n’ai sans doute pas encore ici la réputation d’être le râleur de service, faute d’avoir eu l’occasion de m’exprimer dans des réunions.
Du fait des dégraissages de personnel (qui ne concernent pas seulement mon équipe), les objectifs ont été sérieusement revus à la baisse (en partie pour tenir compte du manque de personnes, en partie pour montrer à l’échelon supérieur qu’on n’est plus assez nombreux pour faire le boulot). Ce qui fait que mon équipe se retrouve avec des objectifs ridiculement bas, déjà en bonne partie atteints au bout d’un trimestre, et sans aucun rapport avec ce qu’on serait en mesure de réaliser, même avec un effectif réduit.
Enfin, « ridiculement bas »… Sauf dans un domaine bien précis où ils sont restés les mêmes que ceux prévus initialement.
Domaine qui est peut-être une « priorité nationale », mais dans lequel nous n’intervenons que pour filer un coup de main à un service voisin.
Du coup, à peine revenu sur le pont, j’ai dit ce que j’en pensais à mon chef et lui ai demandé si le service en question allait venir nous aider à remplir nos objectifs initiaux. Et intimé l’ordre à mon équipe de cesser tout travail dans ce domaine précis.
Pour l’instant, la direction n’a pas réagi (mais j’ai déjà remarqué qu’ils savent bien faire les morts quand j’aborde des sujets « qui fâchent »).
Mais je crains que s’ils ne redressent pas le tir, on en arrive très rapidement (et on n’en est déjà pas très loin) à négliger nos missions principales au profit de conneries qui ont l’heur de plaire en haut lieu, ou d’être à la mode.
Une situation que j’ai déjà vécue de l’autre côté de la frontière, et que je n’ai pas envie de connaître à nouveau.