Comme vous le savez, nous sommes actuellement en train de connaître des remaniements en profondeur de notre réseau informatique au boulot.
Comme vous le savez, je vais râler ; et pas seulement pasque ça ne fonctionne plus depuis mercredi dernier sur le site où je bosse, a priori en raison d’un boîtier défectueux, et que nous ne serons dépannés au mieux que jeudi prochain (soit plus d’une semaine totalement coupés du monde extérieur, informatiquement parlant du moins, et sans aucune possibilité de relever nos messageries professionnelles ; ce qui n’aurait pas vraiment posé de problème lorsque j’ai débuté dans ce métier (on ne s’en serait même pas rendus compte !), mais qui, en 2010, s’avère particulièrement problématique).
Enfin bref…
Passe encore que le matériel neuf installé laborieusement (et sans doute à grands frais) par le nouvel opérateur téléphonique choisi soit défectueux : ça peut arriver et c’est quelque chose qu’on ne maîtrise pas (même si, personnellement, je n’aurais pas changé d’opérateur).
Passe encore que le délai d’intervention pour le dépannage soit lamentablement long (alors que l’intervention elle-même, en principe, devrait simplement consister en le remplacement d’un appareil défectueux par un appareil neuf et fonctionnel, et que, pour un particulier paumé dans la brousse et client chez l’opérateur que nous allons quitter, le délai pour la même chose soit inférieur à 48 heures).
Non, moi ce qui me fout vraiment les boules dans l’affaire, c’est que, suite à la fusion que nous venons de vivre, nous allons (entre autres choses) perdre un système informatique performant et pratique pour le remplacer par un système archaïque qui était en usage chez l’un de nos « associés ».
Imaginez…
Imaginez un système dans lequel chacun accède à internet (tout au moins, aux parties non filtrées) grâce à un identifiant personnel, qui permet, d’une part de connaître si besoin est la consommation d’internet des gens et accessoirement QUI a surfé sur un site pédophile ou néo-nazi, et d’autre part d’éviter qu’un visiteur quelconque ne profite d’une machine laissée allumée pour aller faire un tour sur le ouèbe aux frais de la princesse.
Imaginez un système dans lequel chacun pourrait consulter sa messagerie professionnelle de façon sécurisée depuis n’importe quelle machine connectée à internet, n’importe quand, sans rien payer : pratique pour le télétravail, pour se tenir au jus en déplacement (ou en arrêt de travail), ou en cas de crise à gérer 24 heures sur 24, en cas d’astreinte, etc…
Imaginez maintenant un système dans lequel n’importe qui peut aller sur internet sans identifiant ni mot de passe (sous réserve d’un éventuel filtrage dont je ne sais rien pour l’instant), et donc en particulier sans moyen de contrôler la consommation des gens, sans moyen de savoir quel est le branleur qui passe son temps à consulter les résultats du foot ou les cours de la Bourse sur une bécane partagée pendant qu’il laisse ses petits camarades assurer le boulot de l’ensemble de l’équipe (bon d’accord, dans mon actuelle équipe ceci ne posera en principe pas de problème, mais il n’en ira pas de même dans certaines des équipes où j’ai tourné).
Imaginez un système où, pour consulter sa messagerie sur un poste autre que son poste professionnel attitré, il faut passer par un webmail ne fonctionnant que sous internet exploser, et encore, uniquement à condition que la machine utilisée soit raccordée au réseau professionnel. Sinon, pour une consultation depuis son domicile par exemple, il faudrait que l’employeur investisse dans un équipement d’une valeur de soixante-dix euros pièce, ET dans un abonnement de treize euros annuels.
Eh bien, voilà ce que nous avions jusqu’à ce début de semaine, et voici ce que nous allons avoir quand ça finira par fonctionner. Moi, je n’appelle pas ça un progrès, j’appelle ça une RÉGRESSION. Et je ne suis pas le seul.
Ajoutons encore que d’après ce que j’ai entendu ce matin, nous faisons office de pilote avant une généralisation du système au plan national.
J’ai qu’un truc à dire : c’est qu’il ne faut surtout pas qu’on ait une crise grave à gérer.
Pasque sinon, ça risque d’être folklorique. Au sens tragique du terme…
Mais tout ça, j’imagine que les grosses têtes qui nous dirigent (et qui, si vous voulez mon avis, ne doivent pas beaucoup se servir elles-mêmes des réseaux informatiques) y ont pensé avant cette foutue migration informatique.
Migration qui me rappelle quelque peu cette fameuse légende des lemmings se jetant en masse dans la mer.