Compte-rendu d’une partie de Traveller.
Arrivé le 207-1105 dans le système de Vaernsgurr (Gvurrdon / Ksits Usathu 1830) suite à un incident de saut, l’équipage de Recherches de Rachel, une fois le point fait, ne peut que constater qu’il se trouve dans une situation très délicate : entré profondément au cœur de Gvurrdon, dans les Étendues vargr, à cinq sauts minimum de la base stellaire de Triade (Gvurrdon / Uthe 2436) et à sept sauts minimum d’Yres, le système impérial le plus proche (où ils se trouvaient une semaine plus tôt), leur vaisseau, clairement identifiable comme étant de fabrication humaine et très légèrement armé, constitue une proie tentante et facile pour les nombreux corsaires vargr qui infestent la zone, et ne peut compter sur personne pour s’en tirer. En outre, aucun des trois aventuriers ne parle la moindre langue vargr, les informations sur le secteur contenues dans la BDDI sont laconiques et même la carte spatiale est incomplète. Enfin, il ne reste plus de vivres à bord que pour trois semaines…
Nos héros décident donc de tenter de rallier Triade, où ils espèrent pouvoir trouver de l’aide.
Tout en pompant le contenu du réservoir amovible vers le réservoir principal (une opération qui prend environ trois heures lorsque le premier est plein), Recherches de Rachel met le cap vers la géante gazeuse la plus proche (à quatorze heures de vol) pour y refaire de l’hydrogène, tout en essayant de maintenir un profil bas (transpondeur coupé) : la console de transmissions capte de nombreuses émissions en langue vargr, preuve que le système est non seulement habité, mais fortement peuplé (sans doute plusieurs centaines de millions d’habitants).
Ayant refait le plein de ses réservoirs en écumant l’atmosphère de l’une des trois gazeuses du système, le vaisseau commence à s’en éloigner afin de sauter vers le système (porté sur la carte, mais au nom inconnu de la BDDI) Gvurrdon 2232 (via une escale en espace profond à mi-chemin, rendue possible par le réservoir auxiliaire embarqué dans la soute). C’est alors qu’il est hélé par un autre appareil, distant de plusieurs heures, qui s’adresse à lui dans une langue vargr, puis, après plusieurs essais infructueux, dans un frantic difficilement compréhensible, lui demandant d’abord de s’identifier (ce à quoi Légé Mc Gregor obtempère), avant de répondre par une injonction ne voulant absolument rien dire en frantic ; mais en décortiquant la suite de mots sans signification utilisée, Légé présume qu’on leur a intimé l’ordre de stopper. Robert Moore, aux commandes, continue à accélérer pour s’éloigner de la gazeuse, tandis que l’autre vaisseau, dont nos amis présument qu’il s’agit d’un appareil douanier, fait mouvement vers eux en continuant à leur hurler des suites de mots frantics sans queue ni tête. Il devient vite évident qu’il est nettement plus rapide que Recherches de Rachel et qu’il sera à distance de tir avant que ce dernier ne se soit suffisamment éloigné de la planète pour pouvoir sauter sans encombre.
Craignant un abordage qui parait inéluctable, Légé décide de dissimuler les deux missiles ramenés du champ de bataille des Deux Soleils en modifiant rapidement certains compartiments techniques dans la salle des machines : le résultat devrait être suffisant pour échapper à une inspection visuelle superficielle, même s’il ne résistera pas à une fouille en règles, ni à un examen par un mécano compétent. Comme il sollicite l’aide de ses deux compagnons pour déplacer les encombrants projectiles (qui mesurent presque six mètres de long pour un diamètre de plus d’un mètre), Robert, qui jusqu’à présent ne leur avait jeté qu’un œil superficiel, se déclare persuadé que, prototypes ou pas prototypes, il ne s’agit pas d’armes de la Stellaire, sans parvenir à identifier ce qui le chiffonne dans leur apparence. Géraldine Martin remarque que la peinture du premier s’est écaillée dans les manipulations, laissant apparaître une autre peinture en dessous. En grattant un peu plus, nos amis découvrent des marquages zhodani : ce qui serait une origine plus plausible aux yeux de l’ancien capitaine de corvette, même s’il est incapable d’identifier ce modèle et bien que les deux ogives aient été récupérées dans des conteneurs situés à bord d’un vaisseau cargo impérial.
Échaudé par ce qui s’est passé au saut précédent, Robert, revenu au poste de pilotage et qui pourtant hésite rarement à prendre des risques aux commandes, se refuse à tenter un saut prématuré, même après que l’autre vaisseau se soit très nettement rapproché et ait commencé les tirs de semonce. Il tente de donner le change en invoquant un problème mécanique et en affirmant qu’il va quitter rapidement le système.
C’est alors qu’intervient un troisième larron, un corsaire vargr de 400 tonneaux apparemment sorti de l’atmosphère de la gazeuse à la suite des aventuriers, et qui les contacte au moyen d’un communicateur laser, transmission ciblée qu’en principe l’autre appareil ne peut capter. Après les avoir admonestés, dans un frantic au fort accent vilani, pour s’être enfoncé aussi profondément dans les Étendues vargr avec un vaisseau si distinctement humain et quasiment désarmé, leur interlocuteur, se présentant comme le capitaine Rishar du vaisseau Khalderourrgh, leur enjoint de sauter rapidement vers le système proche de Gurzhvoursivazae, dont il leur fournit les coordonnées (Gvurrdon / Ksits Usathu 2030) et dont Robert constate qu’il figurait sans être nommé sur la carte incomplète du secteur que lui a fourni l’ordinateur de bord. Rishar ajoute qu’il va s’occuper de l’intercepteur, qui continue à tirer dans la direction approximative de Recherches de Rachel, mais avec une imprécision telle que nos amis se demandent s’il s’agit de coups de semonce ou si l’artilleur n’est vraiment pas doué.
Profitant de ce que le Khalderourrgh a tiré un missile libérant un nuage de paillettes granulaires (du « sable ») entre leur assaillant et eux, bloquant les tirs de laser, les aventuriers sautent en direction du système indiqué par le capitaine Rishar.
Une semaine plus tard (le 215-1105), Recherches de Rachel émerge dans l’espace normal. Après avoir fait le point, son équipage constate qu’il est bien arrivé à la destination prévue, et met immédiatement le cap vers la plus proche des deux géantes gazeuses (relativement petite), tout en pompant le contenu du réservoir amovible vers le réservoir principal. Il décide ensuite de se rendre vers le monde habité. En route, le vaisseau est hélé (en frantic avec un fort accent vilani) par un vaisseau de défense intra-système, auquel nos amis expliquent la raison accidentelle de leur présence dans les Étendues vargr, et qui les autorise à se poser sur le spatioport de Gurzhvoursivazae, situé au fond d’un canyon encaissé. L’atmosphère de la planète est ténue, et seuls les fonds de vallées situés comme celui-ci autour ou en dessous du niveau de la mer ont suffisamment d’air pour qu’on puisse y respirer sans appareil, même si cela reste relativement inconfortable. D’ailleurs, le « comité d’accueil » d’une demi-douzaine de personnes (dont un Vargr) qui attend les aventuriers à leur descente sur le tarmac porte des respirateurs.
Le contact avec les indigènes est plutôt amical. La colonie de Gurzhvoursivazae, qui compte environ quinze mille habitants (pour la plupart humains), a été établie pendant la période des pillages vargr, par des prisonniers vilani ayant réussi à prendre le contrôle du vaisseau esclavagiste qui les emportait dans les Étendues vargr et qui se réfugièrent au fond des canyons de la planète (alors inhabitée) pour échapper aux recherches. Utilisant le vaisseau pour libérer d’autres esclaves humains (et même des Vargr), ils parvinrent à se constituer une flotte et une réputation suffisamment dissuasives pour qu’on les laisse en paix, et leurs descendants vivent depuis lors en commerçant avec certains de leurs voisins et en faisant des raids à la manière des corsaires vargr chez d’autres. La colonie est organisée à la manière d’une entreprise dont les habitants sont les employés, avec à sa tête un directeur (Shannash Dushuligiin).
Le constat des colons quant aux chances qu’ont les aventuriers de parvenir à regagner l’Imperium est plutôt pessimiste : ils pointent du doigt les problèmes que nos amis ont déjà cernés : leur vaisseau est manifestement humain (donc attire l’attention), n’est presque pas armé, ils ne parlent aucune langue vargr, n’ont même pas une bonne carte de la zone, plusieurs systèmes situés sur les itinéraires qu’ils devront emprunter hébergent des bases corsaires, et Triade est à huit parsecs d’ici. Légé propose qu’un vaisseau de Gurzhvoursivazae, partant commercer ou pirater, les accompagne sur une partie du trajet (en particulier pour les protéger dans le système de Gzogzu (Gvurrdon / Uthe 2232), dont les colons ont déclaré qu’il s’agissait d’un repaire de corsaires, mais ils ne se rendent jamais dans ce système et très rarement dans la direction que veut suivre Recherches de Rachel.
La colonie est par contre disposée à les accueillir en son sein. Légé propose de travailler comme mécanicien, mais il y en a déjà suffisamment ; on leur propose par contre, comme ils sont des spationautes visiblement aguerris, de prendre part à une expédition commerciale et de piraterie. Légé rechigne pour des raisons éthiques, mais ses deux compagnons acceptant, il finit par les suivre. Ils seront affectés comme « troupes embarquées » sur le Khalderourrgh, dont on attend le retour prochain.
Légé passe l’après-midi dans l’atelier du garagiste Adkhar Irkirkhaamn, qui a mis son matériel à sa disposition pour qu’il puisse redresser les parties tordues de l’aéromobile. Gani, le fils du garagiste, un gamin à l’esprit vif âgé d’une huitaine d’années, est dans ses pattes en quasi-permanence. Il demande plusieurs fois à visiter Recherches de Rachel, mais les aventuriers, sollicités l’un après l’autre, refusent catégoriquement, prétextant que « c’est dangereux ».
Le soir venu, Légé est invité à souper chez les Iirkirkhaamn (à la grande joie de Gani), tandis que Géraldine et Robert sont conviés par Nashu Khaasira, la directrice du spatioport, à un banquet organisé en leur honneur. Là, ils font la connaissance du capitaine Tomali Rishar, dont le vaisseau vient de rentrer (et qu’ils remercient chaleureusement pour son intervention à Vaernsgurr), ainsi que de divers colons, parmi lesquels les cousins vargr Gvofors Kfourrh, responsable du chantier spationaval, et Barroukh Wagharsh, qui accepte de leur enseigner le gvegh, la principale langue vargr parlée dans la région. Tard dans la nuit, Robert complètement saoul est ramené au vaisseau par Géraldine, elle-même bien éméchée.
Le lendemain, Géraldine et Robert (qui a mal au crâne) font la visite guidée du Khalderourrgh et rencontrent son équipage, sous la conduite de son capitaine Tom Rishar. Le vaisseau et son personnel sont considérés comme faisant partie des meilleurs de la flotte de Gurzhvoursivazae. Les conditions de vie à bord sont plus spartiates que le relatif confort auquel nos amis sont habitués, puisque l’équipage est logé à deux par cabine : Légé se retrouve avec un dénommé Khubar Gemana, Robert avec Shebaanu Direma, et Géraldine avec la seule autre femme parmi les troupes embarquées, Shana Karise. Placées sous le commandement de Mazun Linkirgir, les troupes embarquées du Khalderourrgh sont organisées en deux escouades de six : les aventuriers seront affectés à celle de Khugas Maarera, le bras droit de Linkirgir, en compagnie d’Emugiin Bamasmur, qui fait également office de médecin du bord, et du Vargr Roark Vhoughro ; la seconde escouade est commandée par Karise.
Après deux semaines d’entraînement qui ont permis à nos amis de se familiariser avec leurs compagnons, les méthodes utilisées, et le Khalderourrgh (et à Géraldine et Robert d’acquérir des rudiments de gvegh grâce à l’enseignement dispensé par Wagharsh ; Légé quant à lui s’avère un élève nettement moins studieux, mais il s’attache par contre à recueillir toutes les informations intéressantes permettant de compléter les données de la BDDI sur les différents mondes de la région), le corsaire décolle et, après quelques jours d’entraînement supplémentaire en orbite, part enfin pour une croisière de commerce et de piraterie.
Le premier saut amène le Khalderourrgh dans le système de Kueng (Gvurrdon / Ksits Usathu 2229), où il va faire du commerce avec les quelques habitants, leur fournissant de l’outillage en échange de nourriture. Confinés dans le vaisseau sans aucune prise sur le déroulement des évènements, et simplement autorisés à débarquer quelques heures sur une île déserte pour s’y dégourdir les jambes, les aventuriers s’ennuient plutôt.
Le Khalderourrgh se rend ensuite dans le système très peuplé de Gaelaeth (Gvurrdon / Ksits Usathu 2329), où il se tapit dans l’atmosphère de l’une des quatre géantes gazeuses, attendant qu’une proie intéressante passe à sa portée. Nos amis espèrent quant à eux pouvoir en profiter pour mettre la main sur un vaisseau à la soute suffisamment grande pour y dissimuler Recherches de Rachel : Rishar leur a déclaré que si l’occasion se présentait de s’emparer d’un tel appareil sans risques inconsidérés, il était disposé à leur rendre ce service.
Le premier vaisseau attaqué, un vaisseau de transport de marchandises et de passagers de 600 tonneaux, se rend rapidement après avoir tenté de se défendre sans endommager significativement le Khalderourrgh. L’abordage suit, rapide, brutal, traumatisant pour les victimes. Alors qu’il est dans la soute à déplacer des conteneurs pour les embarquer à bord du corsaire, Légé remarque qu’un monte-charges communiquant avec les autres ponts est en fonctionnement ; il s’embusque à proximité en compagnie de Robert, qui met en joue un membre d’équipage vargr qui tentait de passer inaperçu dans le chaos ambiant. Utilisant ses connaissances nouvellement acquises, Robert lui intime en gvegh l’ordre de se coucher au sol. Maarera, prévenu par Légé, arrivant sur ces entrefaites, le prisonnier est enfermé dans un conteneur préalablement partiellement vidé.
Le second vaisseau attaqué, un petit vaisseau marchand vargr de 200 tonneaux, ne se rend qu’après un échange de tirs soutenu avec le Khalderourrgh. Passant d’un vaisseau à l’autre lors de l’abordage, les aventuriers peuvent constater que le corsaire a subi des dégâts, bien qu’aucun élément vital ne semble avoir été endommagé.
Le troisième vaisseau attaqué est un autre vaisseau de 200 tonneaux du même modèle. Pendant l’abordage, Légé remarque que le compteur Geiger de sa combinaison spatiale blindée s’affole : le réacteur du vaisseau marchand a été endommagé lors de l’assaut. Les opérations de transbordement de la cargaison sont précipitées en raison du risque d’explosion, qui survient alors que le corsaire s’éloigne.
Des vaisseaux de défense intra-système étant détectés qui font route vers la gazeuse où sévissent les corsaires, le capitaine Rishar décide de repartir avant qu’ils ne soient suffisamment près pour attaquer son vaisseau, et le Khalderourrgh, après s’être suffisamment éloigné de la planète, saute vers Aellaesgvarzath (Gvurrdon / Ksits Usathu 2129).