Depuis quelques années (en gros, depuis que j’ai déménagé ; même si j’avais commencé sporadiquement un peu avant), je fais venir plus ou moins régulièrement par un fournisseur américain vieilleries (et même parfois nouveautés) rôludiques. « Plus ou moins régulièrement », ça veut dire selon les arrivages et l’état de mon compte en banque, d’un colis tous les deux mois à deux colis par mois.
Quasiment à chaque fois, le colis (généralement constitué d’un carton dans un sac) est trop gros pour tenir dans ma boîte aux lettres. Quasiment à chaque fois, je suis au boulot quand le facteur passe, et je vais donc retirer mon bien au guichet le lendemain, en présentant l’avis de passage, et en général une pièce d’identité.
La procédure est bien rodée, le facteur a l’habitude, les postières au guichet aussi. Le pire pépin que j’avais eu jusqu’à présent avait été quand la guichetière avait dû regarder deux fois avant de tilter que c’était du sac informe qu’il s’agissait, alors qu’elle cherchait instinctivement un carton.
Rentrant du boulot jeudi dernier, j’ai eu la bonne surprise de découvrir, m’attendant bien sagement dans la boîte aux lettres, un petit colis de mon fournisseur français de JdR, et déposé par dessus, un avis de passage qui devait forcément correspondre à ma dernière commande outre-Atlantique. Et vendredi aprème, toujours en sortant du boulot, je me suis pointé la bouche en cœur au bureau de poste pour retirer mon bien.
Sauf que là-bas, pas de colis… La jeune guichetière (à qui j’avais pourtant déjà eu affaire pour ce genre de retrait), après avoir regardé dans son stock et être allée se renseigner au « centre courrier » (c’est-à-dire dans le local à côté), revient en m’expliquant qu’il s’agit probablement d’une « erreur du facteur » : selon elle, l’avis de passage correspondait au colis trouvé dans ma boîte, car je n’avais qu’un seul colis d’enregistré ce jour là.
Dubitatif, car je vois mal pourquoi le facteur se serait emmerdé à faire un avis de passage pour un colis tenant manifestement dans une boîte aux lettres standard, puis aurait poussé le vice jusqu’à poser ledit avis sur le colis qu’il concernait, je suis reparti bredouille, mon avis de passage dans la poche, avec la ferme et très nette intention de repasser le samedi matin, ce que m’avait d’ailleurs conseillé la postière afin que sa collègue puisse vérifier.
Mais j’avais beau tourner la situation dans tous les sens, y avait pas à tortiller du cul pour chier droit, si vous me permettez l’expression : l’avis de passage ne pouvait QUE concerner mon colis américain.
Le samedi matin, après avoir laissé passer l’heure du facteur (au cas où il m’aurait miraculeusement (r)apporté mon colis tant attendu), je suis donc retourné au bureau de poste, où j’ai eu affaire à une autre guichetière. Mais toujours pas de colis. J’ai eu beau lui indiquer qu’il s’agissait probablement d’un sac, rien. Ce qui commençait à ne pas franchement me détendre.
La postière m’a promis de se renseigner auprès du facteur à son retour de tournée, et de me téléphoner ensuite, « aujourd’hui ou lundi ». Bien entendu, le samedi, le téléphone est resté muet.
Tout à l’heure en rentrant du boulot, râlant pasqu’ils ne m’avaient pas appelé alors que je leur avais même laissé le numéro du service, et bien décidé à retourner au bureau de poste demain après-midi, je vérifie mon téléphone comme d’habitude, et constate que j’ai eu un appel en absence. Un petit coup d’annuaire inversé m’indique qu’il s’agissait de la poste du village. Aussi sec, je décide d’y retourner, plutôt que de leur téléphoner : pasque s’il faut râler, n’est ce pas, j’aime mieux être en présence physique des gens : ça leur évite de se sentir protégés par l’impunité de leur combiné téléphonique. Et je m’attendais à devoir râler.
Arrivé sur place, pas d’attente aux guichets, et les postières présentes sont justement les deux auxquelles j’avais eu affaire précédemment : ça tombe bien.
Ah tiens, elles ne sont pas au courant qu’on m’a appelé. « Ça doit être le centre courrier, qu’est ce qu’ils vous ont laissé comme message ? »
Rien, j’ai pas de répondeur. Et le numéro, c’est bien celui de la poste.
Et voilà donc ma postière qui retourne se renseigner auprès de sa collègue du centre courrier (coup de bol, malgré l’heure avancée elle n’était pas encore partie).
Et là, miraculeusement, tout s’arrange : mon colis était bien là, dans un sac comme je l’avais expliqué, simplement elle n’avait pas pensé qu’il puisse s’agir de ça… C’est vrai que c’est un sac qui ne ressemble pas à grand-chose, et pas un sac postal français. Et comme c’est un code-barres de la poste américaine, il n’est pas enregistré (pas enregistrable ?) dans leur système informatique de gestion des colis, ce qui explique qu’on m’ait affirmé vendredi que je n’avais qu’un seul colis jeudi. Et la postière de se confondre en excuses, de même que ses deux collègues du centre courrier, sorties l’une après l’autre de leur tanière pour l’occasion (par contre, la guichetière du vendredi a quand même osé prétendre que le sac n’était là que depuis vendredi soir… à mon avis, elle aurait mieux fait de fermer sa gueule plutôt que de mentir pour se dédouaner).
Enfin bref. Je n’ai pas fait d’esclandre (y en n’avait plus besoin), et suis reparti avec mon fameux sac sur l’épaule. Mais j’espère que ça ne se reproduira pas, pasque des arrivages dans ce genre, je risque d’en avoir un paquet d’autres dans les années à venir (le prochain est d’ailleurs en principe déjà en route). Et comme la Poste est de mon expérience la seule boîte sérieuse pour le transport des colis dans nos régions, ça m’embêterait de ne plus pouvoir compter sur eux.
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