Davy
Edgar Pangborn
Star Books
copyright 1964 by Edgar Pangborn
ISBN 0 352 39767 3
266 pages format poche
Roman de SF post-cataclysmiqueDavy, qui figurait dans la bibliographie d’Aftermath!, se passe trois siècles et quelques après la Ruine (principalement due à une guerre nucléaire de vingt minutes en 1993 entre les États-Unis et l’URSS), sur la côte est des États-Unis retombée à un niveau technologique médiéval et maintenue dans l’obscurantisme (pour éviter une nouvelle Ruine) par la Sainte Église Murcaine (pour « américaine » ; pas mal de toponymes sont aussi des déformations de toponymes actuels).
J’ai eu du mal à rentrer dans le bouquin, d’autant que le style d’écriture est souvent un peu particulier, avec l’emploi assez fréquent d’un anglais plus ou moins fortement déformé dans les dialogues qui le rend parfois un peu difficile à comprendre. Il m’a fallu une centaine de pages avant que je ne commence à me prendre au jeu.
Le récit est écrit par Davy alors qu’il a environ trente-cinq ans et se trouve sur l’une des Açores, ayant bravé avec quelques compagnons l’interdit de l’Église qui frappe la navigation hors de vue des côtes, et risqué de ce fait de passer par dessus le bord du monde ; mais il parle principalement de son enfance et de son adolescence, jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Ce qui s’est passé après (en particulier comment a été montée l’expédition qui l’a amené de Boston aux Açores, n’est que vaguement évoqué à divers endroits du bouquin.
Alors c’est sûr, l’histoire d’un orphelin qui s’évade de sa vie de servitude et part à travers les étendues sauvages dangereuses de l’État de New York et de la Nouvelle-Angleterre (dont la géographie a été partiellement remodelée par le cataclysme), on s’y prend assez bien, mais quand on sort brusquement du récit de ces aventures pour avoir un point de vue ou des commentaires bien postérieurs, d’une part ça perturbe le fil de l’histoire et d’autre part on finit par se dire qu’il ne restera plus assez de pages dans le bouquin pour qu’on nous raconte tous les évènements certainement très intéressants qui ont eu lieu entre le point où on en est de la lecture et le moment où le narrateur rédige. Et effectivement, une fois le livre terminé, il y a un manque manifeste.
Et puis, je préfère un post-cata se passant quelques temps seulement après la Ruine, sur le principe des 20 years after d’Aftermath! : ça met en scène des personnages qui ont connu l’Avant et auxquels on peut plus facilement se relier, voire s’identifier (ou au moins, imaginer comment on réagirait à leur place dans un tel environnement). Plusieurs siècles, ça n’est plus du tout la même chose, et quand c’est aussi lointain, donc nettement plus transformé, ça a beaucoup plus de mal à me parler : l’intérêt devient de voir comment a évolué ce que nous connaissions, et quand comme ici ça s’appuie sur les finesses géographiques du nord-est américain, dont je n’ai même pas de carte suffisamment précise, ça a beaucoup plus de mal à me parler. Ce n’est plus le même sous-genre de la SF, en fait.