C’est par une bien triste nouvelle qu’a commencé (ou presque) ma journée : on a appris ce matin le décès de Jack Vance dimanche dernier.
D’un certain côté, je dois dire que je m’y attendais et que j’y pensais même de temps en temps : l’homme n’était plus tout jeune, c’est le moins qu’on puisse dire (né le 28 août 1916, il aurait eu 97 ans dans trois mois), salement diminué par son glaucome mal soigné qui l’avait rendu quasiment aveugle il y a plus de vingt ans et par la mort de son épouse Norma il y a cinq ans, on pouvait dire qu’il avait bien vécu, et de toutes façons il n’écrivait plus depuis le décevant bâclage de Lurulu en 2004 (si l’on excepte son autobiographie de 2009, This is Me, Jack Vance !, qu’il me semble avoir fugitivement évoquée sur cet écran). Mais quand même, ça m’a foutu un coup quand j’ai appris la nouvelle.
Il faut dire que Jack Vance était (avec Robert Heinlein) l’un des deux auteurs majeurs de mes premières années de lecteur de SF, avant ma découverte des auteurs cyberpunk, puis d’Hypérion (dont l’auteur Dan Simmons avait d’ailleurs Vance pour modèle), et mon virage vers la hard science. Et corollaire, il fut, principalement avec ses deux grands cycles de SF (La geste des princes-démons (dont j’avais envisagé de tirer une campagne pour mon propre JdR de SF) et Le cycle de Tschaï (l’un des rares contextes de fiction non créé pour le JdR dans lequel j’ai envie de faire jouer)) et la trop courte série des Alastor, l’une des principales influences littéraires de ma conception du JdR de space opera et de mon propre univers de space op’ élaboré dans les années ’80.
De son œuvre, on retiendra le verbe truculent des personnages et l’exotisme des peuplades rencontrées. Et le côté aventureux qui correspond assez bien à mes propres aspirations rôludiques.
Et il n’y a pas que moi qu’il a influencé dans le domaine rôludique, puisqu’on retrouve sa trace bien marquée dans (A)D&D (avec le système de magie dit vancien et l’archi-liche Vecna dont le nom est un anagramme du sien), et de façon un peu plus discrète dans Traveller. Par contre, il n’a finalement été que relativement peu adapté officiellement en JdR, puisqu’il n’y a guère eu que Lyonesse et Dying Earth (respectivement basés sur ses deux cycles med-fan’), et le supplément GURPS Planet of Adventure (sur Tschaï) ; en attendant la sortie éventuelle chez Pelgrane Press d’un JdR ayant pour cadre l’Aire gaïane dans laquelle se déroulent la plupart de ses romans de SF.
(et on peut également citer le hors-série que lui avait consacré le magazine Graal)
Il était également ami avec M.A.R. Barker, le créateur de Tékumel, qui aurait dessiné pour lui les premières cartes du Monde magique.
Je pourrais vous balancer une liste de liens longue comme le bras vers des notices nécrologiques, dont les lieux que je fréquente habituellement sur internet dégueulent littéralement ce soir. Je me contenterai de ces trois là.
Bon voyage, Jack Vance ! T’écrivais plus et j’avais dû lire quasiment toute ta production de SF, mais quelque part quand même, tu vas me manquer.
Je viens d’aller voir : Mike Resnick, qui est à mes yeux ce qui ressemble le plus à un « continuateur » de la SF à la Jack Vance, a déjà 71 ans… J’espère qu’il écrira aussi longtemps que son « prédécesseur ».