La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre
Nouvelle édition augmentée
Yves Lacoste La Découverte
ISBN 978-2-7071-7472-7
© Éditions François Maspero 1976
© Éditions La Découverte 2012
245 pages, format 13,5 × 22 cm environ
Réédition, augmentée d’une longue préface autobiographique et de commentaires (voire parfois de rectifications) de l’auteur lui-même sur la plupart des chapitres, d’un texte fondateur de 1976 du géographe gauchiste Yves LacosteL’auteur part du constat que la géographie telle qu’elle est enseignée dans le système scolaire français est une discipline d’apprentissage par cœur sans applications pratiques (il ne le dit pas en ces termes, mais presque). Partant de là, il explique quelles sont les applications de la géographie (qui sont effectivement, sinon principalement militaires, du moins principalement consacrées à l’établissement, au maintien et à l’extension d’un pouvoir, qu’il soit politique ou économique), pourquoi (pour quelles raisons historiques) la géographie scolaire en France est ainsi éloignée de ses applications, et plus ou moins à quoi sert la géographie et comment doit travailler le géographe pour se réapproprier sa discipline et la rendre accessible aux masses, au lieu de la réserver au service des puissants ; le tout, sur un discours politiquement marqué bien à gauche.
J’ai un peu de mal à partager le constat de départ : certes, j’ai toujours été fasciné par les cartes donc j’ai une bonne part d’autodidactisme (si tant est que ce terme existe) dans mes connaissances de cette matière, ce qui me donne sans doute, surtout aussi loin après, une perception faussée de ce qu’on en apprenait en classe ; et puis je ne conteste pas que mes souvenirs de l’enseignement de la géo confirment que c’était surtout du bachotage, mais ça allait quand même au-delà, certes timidement mais quand même.
Pour le reste, c’est principalement un pamphlet destiné à foutre un coup de pied dans le derrière d’une discipline sclérosée et à faire évoluer ses pratiquants, les amener à se remettre en question et à avoir un regard différent sur leur matière et sur leur activité professionnelle.
C’est intéressant certes, mais ça l’était sans doute beaucoup plus en 1976 qu’aujourd’hui, les mentalités ayant quand même pas mal évolué. Et j’aurais très bien pu continuer à vivre sans l’avoir lu. J’imagine que ça parlera beaucoup plus aux géographes, qui seront intéressés pour un regard épistémologique sur leur discipline ; encore que ça soit sans doute pour eux désormais des évidences.