Scénario dans l’univers d’Alien.
Le contexte précis dans lequel se déroule la série n’a guère été développé au-delà de ce qu’on peut voir dans les films eux-mêmes, aussi ce scénario est il exploitable dans d’autres contextes de SF, pourvu qu’ils restent relativement peu avancés technologiquement parlant, et bien sûr qu’on y introduise des xénomorphes : Firefly, Blue Planet, Transhuman Space ou Jovian Chronicles par exemple feraient de bons candidats, et dans une moindre mesure, on pourrait envisager d’utiliser ce qui suit à 2300 AD ou dans une variante de l’Official Traveller Universe.
Si vous êtes censés participer à ce scénario en tant que joueurs, ne lisez pas plus loin…
Le cadre
Ce scénario se déroule sur un gros astéroïde (plusieurs dizaines de kilomètres sur son grand axe ; la gravité y est de 0,02 g), sur lequel s’est établie une colonie minière appartenant (via une cascade de filiales) à Weyland-Yutani. La colonie s’est installée dans des tunnels et cavités creusés dans l’épaisseur de l’astéroïde (superficiellement). Les galeries de mine pénètrent plus profondément sous la surface et s’éloignent de la zone habitée. Contrairement à cette dernière, elles ne sont pas pressurisées : il faut franchir un sas (il en existe plusieurs) pour y accéder.
À noter que le directeur de la mine possède un mini-zoo privé, avec divers animaux exotiques qui se sont plus ou moins bien habitués à la micro-gravité locale.
L’implantation de la colonie sur cet astéroïde peut être simplement motivé par la présence de richesses minérales exploitables, ou être due à des motivations plus troubles de la part de Weyland-Yutani (au choix du MJ, selon qu’il en fera un scénario isolé ou une partie d’une campagne) : en effet, à quelque profondeur sous la surface se trouve une caverne artificielle, creusée par des ET depuis longtemps disparus, dans laquelle sont stockés des œufs d’aliens (selon un alignement comme celui qu’on voit dans la soute de l’épave du premier film). Personne sur place n’est au courant, mais de même que Weyland-Yutani n’était pas étrangère à l’escale du Nostromo sur LV-426 et à l’exploitation ultérieure de la planète, elle pourrait également se douter de la présence des œufs…
Les PJ
Les PJ sont au service d’une célèbre star du transrock, une diva (homme, femme ou même transgenre ; il pourrait d’ailleurs s’agir aussi d’un PJ) dont la venue sur l’astéroïde pour un unique concert (dans le cadre d’une tournée dans cette ceinture d’astéroïdes) est un évènement majeur pour les habitants. Ils peuvent faire partie de l’équipage de son tour yacht, être ses musiciens, roadies, ou gardes du corps, ou être venus sur place avec elle « dans ses bagages » (amant, enfant, proche parent, imprésario, journaliste, etc…). À moins qu’ils ne vivent sur l’astéroïde et se trouvent dans le public du concert. Quoi qu’il en soit, tous commencent le scénario dans la salle du concert, alors que ce dernier bat son plein.
Ce qui s’est passé avant le début du scénario
En forant, l’un des mineurs a débouché sur la salle des œufs. Il a été attaqué par un face-hugger (agrippe-visage), mais en se débattant a réussi à remonter sur sa foreuse et à la remettre en marche (pilote automatique la ramenant automatiquement à la « base », devant le sas), ce qui fait qu’on l’a retrouvé sans que personne d’autre ne soit tombé sur la salle des œufs (il est donc le seul contaminé), et ramené à l’infirmerie. Bien sûr, le chest-burster (crève-poitrine) a éclos…
Un alien circule donc au sein de la zone habitée de l’astéroïde. Et il commence à tuer.
Le concert
Alors que le concert de transrock bat son plein, la salle bondée (environ 700 personnes : peu pour un concert d’une telle star, beaucoup pour un astéroïde de quelques milliers d’habitants) étant plongée dans le noir à l’exception de la scène éclairée par des effets lumineux, laser et pyrotechniques, l’excitation de la foule étant à son comble, entre ceux qui reprennent en cœur les chansons, ceux qui dansent (la micro-gravité permet des figures acrobatiques), et ceux qui font les deux, l’alien surgit par une bouche d’aération au plafond, se laisse fluidement tomber au sol, tue plusieurs personnes puis repart à toute vitesse dans la pénombre et disparait dans un conduit d’aération, avant de réapparaître quelques minutes plus tard à un autre endroit de la salle par une autre grille d’aération et de recommencer. Presque personne ne l’a vu (et encore, vu est un bien grand mot : comme dans les films, ou peut-être encore pire que dans les films, on ne perçoit qu’une forme noire indistincte mais que l’on devine mortelle).
À ce stade là, un ou plusieurs PJ pourraient faire partie de ceux qui ont vu quelque chose (ou entrevu quelque chose…), ou tomber sur la victime de l’alien (ou ce qu’il en reste).
Évidemment, le xénomorphe ne va pas en rester là : il surgit à nouveau dans la salle, tue et repart. Le MJ peut faire durer ce petit jeu aussi longtemps qu’il le désire, mais tant que les PJ ne sont pas conscients de ce qui se passe dans le noir, cela n’a pas beaucoup d’intérêt (à part agiter de plus en plus la foule, en des points multiples de la pièce). Personne ne sait ce qu’est la créature (sauf probablement les JOUEURS, qui doivent donc nettement flipper dès que leurs personnages en auront eu une description suffisamment « précise » (ou en tous cas évocatrice), d’autant plus qu’ils n’ont pas d’arme, ou en tous cas pas d’arme « sérieuse »), et on croit tout d’abord, ne l’ayant pas bien vue dans le noir, qu’il s’agit d’un animal (une panthère noire ?) échappé du mini-zoo du directeur de la mine.
Finalement, l’apparition de l’alien se découpant dans la lumière stroboscopique, tombant sur la scène depuis une rampe d’éclairage et se jetant dans les premiers rangs du public tel le rockeur faisant du stage diving sème la panique générale. Il ne s’agit plus de continuer à assurer le concert : comme le montre clairement la saine (mais affolée) réaction du public, il faut fuir le plus vite possible. Les gens accourent vers les différentes issues de la salle, trop étroites pour permettre une évacuation rapide, et certains sont piétinés ou écrasés contre les parois (une mort affreuse, mais peut-être moins que pour ceux que le xénomorphe lacère mortellement au hasard de ses passages dans la foule). Ceux qui parviennent à sortir s’éparpillent dans le dédale de couloirs de l’astéroïde (dans la mesure où une foule de plusieurs centaines de personnes peut s’éparpiller dans quelques couloirs).
De la fuite dans les idées
Il serait plus simple pour le déroulement du scénario que les PJ se retrouvent tous dans le même groupe de fuyards (qui comprend également la diva). Leur seule chance raisonnable de s’en tirer est d’atteindre le yacht (seul vaisseau spatial actuellement amarré à l’astéroïde) avant d’être massacrés par la créature (les PJ pourraient chercher à s’abriter ailleurs, mais tôt ou tard leur course échevelée les amènera au sas du vaisseau).
La très faible gravité (0,02 g) régnant sur l’astéroïde rend les conditions de fuite particulières.
L’alien s’élance à la suite des fuyards, mais le fait sans acharnement ni méthode : il se jette à la poursuite d’un groupe, mais peut aussi bien fondre sur un groupe de victimes et les massacrer toutes que bondir au dernier moment dans un passage transversal pour arriver sur d’autres personnes, avant de revenir sur ses proies précédentes, peut-être de face après les avoir dépassées dans le couloir parallèle.
Inutile pour les PJ de tenter de relever un plan des lieux : ils n’en ont pas le temps, tout va trop vite.
Quant aux forces de sécurité de l’astéroïde, elles sont complètement dépassées et leurs quelques tentatives d’intervention sont dérisoires, et bien évidemment infructueuses.
Ne pas hésiter à éliminer quelques PNJ accompagnants pendant cette fuite effrénée (voire quelques PJ, ce qui rendra le scénario plus mémorable pour les survivants).
L’itinéraire « normal » de fuite vers le spatioport leur étant brusquement barré par l’apparition du xénomorphe (qui tue des PNJ au passage), les PJ doivent trouver un autre chemin alors qu’ils ne connaissent pas les lieux. Le MJ décidera des péripéties dont il ponctue le parcours. Voici quelques idées de péripéties pour pimenter l’action. Les joueurs ne doivent penser qu’à faire fuir leurs PJ le plus vite possible vers le salut représenté par le yacht de la diva, il faut donc mettre en scène une poursuite échevelée et haletante.
C’est fermé !
Le groupe des PJ a réussi à prendre un peu d’avance sur l’alien (peut-être ne les poursuivait-il pas encore). Ils arrivent devant l’une des portes sectionnelles de l’astéroïde, conçue pour obturer hermétiquement un corridor afin d’isoler l’une de l’autre deux zones (mesure de sécurité principalement destinée à éviter une dépressurisation complète de l’habitat en cas de fuite d’air). Malheureusement, celle-ci est verrouillée : quelqu’un l’a bloquée depuis l’autre côté. Et c’est justement à cet instant précis que la silhouette du xénomorphe se découpe à l’autre extrémité du couloir… Coincés dans un cul-de-sac, les PJ doivent trouver une issue : une gaine de ventilation, par exemple, ou une coursive technique. Bien entendu, l’alien les y poursuivra sans hésitation (mais si le passage est suffisamment étroit, les fuyards pourraient réussir à prendre un peu d’avance sur lui).
C’est fermé ! (bis)
Cette fois-ci, les PJ franchissent une porte sectionnelle avec l’alien sur les talons. Ils parviennent in extremis à la refermer avant que le monstre ne les rattrape, et malgré les coups bruyants qu’il lui inflige et qui s’entendent trop nettement à travers l’épaisseur de l’obstacle, elle semble tenir le choc. Les fuyards disposent d’un bref répit qui peut permettre par exemple de consulter un plan ou de faire un strapping à une cheville foulée. Mais dès que le rythme est un peu trop retombé, l’alien réussit à passer par un autre endroit, et la poursuite reprend.
C’est fermé ! (ter)
Cette fois encore, les PJ ont réussi à fermer une porte sectionnelle au nez de leur poursuivant. Mais pendant qu’ils s’octroient un court répit pour reprendre leur souffle, l’alien réussit à passer de leur côté à un autre endroit, et les fuyards ont la (mauvaise) surprise de le voir foncer sur eux depuis la direction dans laquelle ils avançaient. Il leur faut rouvrir en vitesse la porte sectionnelle, la franchir, et la refermer devant le monstre. Tout en sachant très bien que ça ne l’arrêtera pas, puisque ça ne l’avait pas arrêté non plus dans l’autre sens…
Une visite au zoo
Le chemin suivi par les PJ les amène à pénétrer (par une coursive technique et en ayant forcé plusieurs portes verrouillées pour y circuler) dans l’enclos des lions du mini-zoo (probablement sans qu’ils comprennent tout d’abord où ils ont mis les pieds, les fauves étant cachés), et à (involontairement) les laisser s’échapper, ajoutant ainsi au chaos de la situation.
Les lions (qui sont affectés de la même manière que les humains par la micro-gravité régnant sur l’astéroïde) ne sont pas là pour tuer des PJ : pour ça, il y a l’alien. Mais ils représentent un danger bien réel, surtout qu’une bande d’humains apeurés courant devant eux va faire resurgir leurs instincts de chasseurs, fortement émoussés par des générations de captivité, mais jamais totalement disparus. Bref, les PJ doivent faire en sorte de leur échapper, mais cela doit être possible sans réelle difficulté (ce qui ne signifie pas sans stress). De toutes façons, le xénomorphe résoudra radicalement le problème des fauves en liberté quelques instants plus tard.
Le grand magasin
Plus loin dans leur fuite, ils arrivent dans un magasin de stockage (à proximité immédiate du sas donnant accès au yacht), où un PNJ (peut-être le seul fuyard encore avec eux et la diva) leur fausse discrètement compagnie. Ce PNJ est un magasinier qui connait bien l’entrepôt, et il est persuadé qu’il peut s’en tirer s’il y bloque les PJ, ce qui lui laisserait le temps de fuir seul pendant que l’alien est occupé à les massacrer.
L’entrepôt est mal éclairé par quelques néons à son plafond. Il est occupé par un réseau de racks sur plusieurs étages, partiellement remplis par des conteneurs et des palettes de matériels divers, et dont certains sont mobiles, pouvant coulisser sur des rails.
Le magasinier peut tenter de bloquer les autres fuyards en déplaçant certaines rangées du palettier mobile depuis le panneau de contrôle, avant de filer en douce par une porte dérobée, laissant le reste du groupe seul avec le xénomorphe dans l’entrepôt.
Si le MJ veut placer une scène avec un robot de levage (comme celui d’Aliens), c’est l’endroit approprié. Les PJ pourraient aussi par exemple grimper dans les hauteurs des racks et tenter d’écraser l’alien en faisant tomber sur lui une palette, mais une telle tentative sera probablement inefficace du fait de la micro-gravité : la chute sera lente et la palette n’aura qu’un faible poids qui ne gênera probablement pas beaucoup la créature. Entre autres possibilités d’action figure également la manipulation du palettier mobile pour coincer le xénomorphe en le serrant entre deux rangées de racks, ce qui pourra le bloquer un moment avant qu’il ne réussisse à se libérer.
Évidemment, s’ils survivent les PJ n’auront pas la possibilité de se venger du traître, car l’alien sera passé avant eux.
Embarquement immédiat !
Le tour yacht de la diva est de petite taille et a des systèmes vitaux réduits, ce qui limite le nombre de personnes pouvant prendre place à bord en plus de ses occupants habituels à une poignée de PNJ. Cela pourrait aboutir à une scène de foule dans laquelle tout le monde (éventuels compagnons de fuite des PJ ayant survécu aux précédentes péripéties, et fuyards parvenus ici par d’autres voies) cherche à embarquer à bord puisque c’est le seul vaisseau amarré à l’astéroïde ; quand l’équipage (les PJ ?) refuse, personne ne comprend ni n’écoute leurs explications, et la foule se déchaîne devant le sas.
À noter que si la diva n’est pas présente pour embarquer, l’équipage ne quittera pas l’astéroïde (sauf si on leur démontre qu’elle est morte et qu’aller récupérer son corps serait suicidaire), et ne laissera monter à bord que les personnes légitimement autorisées (c’est-à-dire celles qui ont débarqué plus tôt avec la star).
Autre complication imprévue, le vaisseau n’a presque plus de batterie (il était en cours de charge), et les PJ pourraient avoir une nouvelle frayeur alors qu’ils se croyaient hors de danger et prêts à fuir : entre la foule qui cherche à pénétrer à bord (et a peut-être coincé la porte extérieure du sas) et l’alien qui arrive soudain, tout ça risque d’être très chaud. Le yacht partira (si les PJ y parviennent) lorsque sa batterie aura atteint 40 % de charge (ce qui peut éventuellement durer quelques angoissantes minutes, à empêcher le sas de s’ouvrir ou le xénomorphe d’en forcer le hublot… ou de pénétrer à l’intérieur du vaisseau par un autre accès, en principe non destiné à un tel usage).