Scénario pour James Bond 007.
Si vous êtes censés participer à ce scénario en tant que joueurs, ne lisez pas plus loin…
Prégénérique : Pitcairn
Nous sommes en janvier. C’est donc l’été dans l’hémisphère sud. Les personnages naviguent au large des Îles Pitcairn, se faisant passer pour des plaisanciers ou des pêcheurs sportifs à bord d’un yacht à moteur. Leur mission est de tenir à l’œil le Dawn Knight, un navire de l’ONG environnementale Greenpeace, dont le MI6 soupçonne que la présence sur place vise à perturber le démarrage d’un projet d’exploitation des nodules polymétalliques qui abondent sur les fonds marins entourant l’archipel. Ces nodules constituent une source potentielle d’approvisionnement en certains métaux stratégiques, le cobalt et surtout le titane, dont Londres craint que les prix ne flambent en raison de la crise russo-ukrainienne (la Russie est l’un des principaux producteurs de ces deux métaux, et l’Ukraine est riche en cobalt). En soi, l’implication d’une ONG environnementale ne justifie que rarement l’intervention des services secrets, mais là, la situation est particulière : le MI6 croit voir derrière Greenpeace la main des services secrets chinois, qui espèrent en sabotant le projet permettre à leur pays de trouver un débouché plus important au Royaume-Uni pour sa propre production minière.
Mais étrangement, les activistes ne semblent pas s’intéresser aux navires miniers qui ont commencé à prospecter la zone. Les agents vont vite comprendre que leur objectif est d’empêcher l’implantation sur l’île de Pitcairn elle-même (la seule habitée de l’archipel) d’un complexe bancaire que veulent monter un cartel de banques suisses (parmi lesquelles le Crédit central de Zurich, la Compagnie bancaire zurichoise, la Société suisse de crédit et d’épargne, le Crédit zurichois, le Crédit helvétique, et une grosse demi-douzaine d’autres sociétés pas exactement réputées pour leur transparence). Ces banques veulent s’implanter à Pitcairn pour y bénéficier, grâce aux lacunes de la législation spécifique de ce territoire britannique, des conditions d’un paradis bancaire qui devient de plus en plus difficile à maintenir en Suisse à cause des pressions des pays européens. Bien entendu, ces banques ont soigneusement préparé le terrain en persuadant les habitants que leur implantation allait leur apporter la prospérité financière (et un meilleur débit internet).
Certes, de nos jours l’essentiel de l’activité des banques se fait de façon complètement dématérialisée, et il n’y a pas besoin de bâtir sur Pitcairn d’immenses salles des coffres. Mais il leur faut un minimum de locaux, sans parler de logements pour le personnel qui sera basé sur place (et qui fera significativement augmenter la population de l’île, actuellement d’une cinquantaine de personnes). Ce sont toutes ces constructions qui mobilisent Greenpeace, car elles vont perturber fortement l’écosystème local. Or Pitcairn abrite plusieurs espèces de plantes qui ne poussent nulle part ailleurs, et c’est aussi le seul endroit où niche la rousserole de Pitcairn (Acrocephalus vaughani), un passereau en danger d’extinction : or le complexe bancaire devrait être édifié en plein sur la principale zone de nidification de l’espèce.
Bref, les personnages pourraient s’en laver les mains et, ayant constaté que les éco-activistes ne présentaient aucun danger pour le projet d’exploitation minière des fonds marins, considérer que leur mission n’a plus de raison d’être. Mais deux points les en empêcheront probablement : d’une part, ce projet d’implantation bancaire cache certainement des opérations financières guère honnêtes à grande échelle, et le MI6 appréciera sans doute de savoir de quoi il retourne plus précisément, et/ou voudrait empêcher cela ; d’autre part, à force de croiser dans les eaux autour de Pitcairn, le Dawn Knight risque tôt ou tard de s’intéresser aux navire miniers et d’en gêner l’activité : si les banques étaient contraintes de renoncer à leur projet, Greenpeace quitterait les lieux et ne représenterait plus un risque sur ce plan.
Les travaux de construction n’ont pas encore commencé (si le Dawn Knight fait des ronds dans l’eau au large de l’île, c’est qu’il attend le navire qui apportera tout le nécessaire). Mais un petit groupe d’architectes et de délégués des banques est déjà sur place, se logeant dans un « chalet » pour touristes, un gîte de quatre chambres qu’ils ont réservé pour plusieurs mois (la « ville » d’Adamstown n’a pas d’hôtel et les rares touristes souhaitant passer une nuit sur place doivent dormir chez l’habitant).
Les personnages devraient donc s’introduire dans le chalet pour y récupérer le contenu des disques durs des ordinateurs portables de ses occupants, afin qu’il puisse être analysé par les experts du MI6 à la recherche d’éléments compromettants.
Une fois les données transmises à Londres par satellite, il faudra moins d’une journée à un analyste financier civil sous contrat avec le MI6 pour déterminer que se cache derrière cette implantation bancaire un projet de criminalité financière de grande ampleur, avec pour conséquences l’annulation du permis accordé au cartel bancaire pour s’installer ici, annulation officiellement justifiée par des considérations environnementales qui satisferont Greenpeace et lui feront retirer le Dawn Knight de la zone pour l’envoyer harceler les baleiniers japonais dans le Pacifique sud, laissant ainsi le champ libre à l’exploitation des nodules polymétalliques de Pitcairn.
Acte I : McMurdo
Les personnages ont gagné la Nouvelle-Zélande, d’où ils doivent prendre l’avion pour Londres. Le MI6 les contacte soudain pour les informer d’un changement : ils doivent se rendre immédiatement à la station de Wellington (station de niveau 2) où une nouvelle mission leur sera confiée.
À Wellington, Steven Palmer, le responsable de la station, est visiblement gêné au moment de leur expliquer en quoi consiste cette mission : les agents doivent accompagner un groupe d’étudiants britanniques d’Oxford particulièrement méritants, se rendant pour un séjour « touristique » d’une semaine en Antarctique, à la station de recherches américaine McMurdo, située sur la Terre de Ross (la partie du continent austral revendiquée par la Nouvelle-Zélande), à environ trois kilomètres de la base néo-zélandaise Scott. La raison d’un tel déploiement de moyens qui seraient certainement mieux employés à protéger les intérêts britanniques en contrant les agissements des services secrets russes et chinois ou les manigances islamistes plutôt qu’à jouer les baby-sitters de luxe loin de toute civilisation ? Parmi le groupe d’étudiants figure Richard Howell, le fils aîné du Chancelier de l’Échiquier Gideon Howell. Sa protection aurait normalement dû être assurée par des policiers britanniques du service de protection des personnalités, qui l’avaient accompagné de Londres à la Nouvelle-Zélande, mais ceux-ci ont été victimes hier d’un grave accident de la route et sont dans l’incapacité d’accomplir leur mission, et les agents sont pour ainsi dire les seules personnes sur place à qui Londres peut faire appel. Les personnages ont tout juste le temps de se rendre à l’aéroport d’Auckland pour embarquer à bord de l’avion qui doit déposer les étudiants (accompagnés de quelques journalistes, de scientifiques et d’autres personnes se rendant à McMurdo ou à Scott) sur l’aérodrome de Pegasus Field, à quelques kilomètres des deux stations scientifiques. Et bien entendu, pas question de prendre l’avion avec des armes à feu !
Richard Howell est un jeune homme de vingt-trois ans, étudiant en sciences économiques. Il se contentera de saluer hautainement les agents, qu’il considère à la fois comme du petit personnel sans intérêt, situé bien en dessous de son statut social, et comme un mal nécessaire lié à la position occupée par son père. En dehors de ce net sentiment d’appartenir à la caste dirigeante, c’est un étudiant normal, dont les principaux centres d’intérêt sont l’alcool et les filles, et qui passera son temps à chahuter avec ses condisciples (d’autant que, n’étant pas scientifique de formation, les expériences menées à McMurdo lui passent largement au-dessus de la tête). Il ne cherchera pas à compliquer la mission des personnages, mais ne fera rien pour la leur faciliter non plus.
Le séjour à McMurdo tient plus du voyage touristique que du stage universitaire. Le programme consiste principalement en une visite des installations avec présentation des recherches en cours, et en quelques excursions alentour pour profiter de l’été austral, dont une ascension d’Observation Hill (230 mètres d’altitude) qui surplombe les lieux (les températures diurnes varient entre -10 et +4,5 °C (ou, pour ceux des résidents américains de la base qui sont plus habitués à employer des degrés Fahrenheit, entre quatorze et quarante)). La population estivale de la station est d’environ 1.200 personnes (étudiants et personnages inclus), dont la plupart ne sont pas des scientifiques mais du personnel de support. Les installations se composent d’une grosse centaine de bâtiments, d’un héliport et d’un petit port. Une route relie la station à la base Scott, et une autre d’environ 1.600 km, faite de neige tassée, conduit à la base américaine Amundsen-Scott, au pôle sud.
Au troisième jour du séjour est prévu l’enregistrement d’une émission de télévision dans le studio d’AFAN-TV (la télévision de McMurdo). L’émission, qui sera enregistrée le soir après avoir été préparée toute la journée, consistera en la présentation des principales recherches scientifiques actuellement menées sur place, sous la forme d’interviews des chercheurs par les étudiants. Pendant que les étudiants, les principaux scientifiques, le personnel d’AFAN-TV et les personnages sont rassemblés dans le studio, et alors qu’on en est à la troisième prise pour l’interview par l’étudiant Ethan Collins du docteur Sandra Jensen, la responsable du département étudiant l’influence de l’activité solaire sur le trou dans la couche d’ozone antarctique, un commando armé surgit dans la salle. Vêtus de tenues militaires polaires et armés de pistolets-mitrailleurs argentins FMK-3 (chargeur 32 cartouches, 9 mm parabellum ; pour James Bond 007, utiliser si nécessaire les caractéristiques de l’Uzi), ces hommes sont venus enlever l’un des étudiants, Charles Crompton, dit Charlie, un doctorant en informatique des systèmes financiers, mais leur irruption sème le chaos et devrait donner quelques sueurs froides aux agents : non seulement ils ne sont pas armés, mais tout pourrait porter à croire qu’il s’agit d’un attentat contre Howell Junior, assis juste à côté de Charlie…
Le commando se repliera rapidement dans la nuit, avec son captif. Les dégâts éventuels qu’il aura causés parmi l’assistance dépendront des réactions des personnages : ces hommes sont des professionnels, ils ne sont pas venus faire un carnage, et dans l’idéal ils se contenteront de tenir l’assistance en respect (éventuellement en tirant une courte rafale en l’air pour mieux l’intimider) sans verser de sang.
Les agents (aidés si nécessaire d’une rookie de la CIA, Carol Barnett (une Bond girl potentielle), qui représente l’agence américaine à McMurdo « au cas où ») se lanceront probablement à la poursuite des kidnappeurs, qui s’enfuient en motoneige, et devraient parvenir au minimum à en capturer un (soit en réussissant à lui sauter dessus avant qu’il ne quitte la station, soit à l’issue d’une poursuite en motoneige dans un décor enneigé plus ou moins accidenté (et donc, accidentogène), par exemple en l’éperonnant), et dans l’idéal réussir à faire échouer la tentative d’enlèvement s’ils sont vraiment doués (et sans doute aussi chanceux). Ceux qui réussiraient éventuellement à s’enfuir embarqueront à bord d’un Learjet 36 équipé de skis, qui les attend prêt à décoller sur l’ancienne piste d’atterrissage tracée sur la banquise non loin de la station elle-même, et abandonnée depuis décembre en raison des conditions estivales qui rendent la glace moins solide. Si les ravisseurs sont tous capturés ou tués, l’avion prendra la fuite. Par le cockpit, les agents apercevront peut-être le pilote, une jolie femme coiffée d’une chapka (il s’agit d’Anya Amasova, mais sauf s’ils la connaissent déjà, ils n’ont aucun moyen de le savoir). Le rayon d’action d’un tel appareil lui permet d’atteindre la côte sud de la Nouvelle-Zélande.
Interrogés (ou fouillés s’ils sont morts), les ravisseurs peuvent révéler qu’ils sont des mercenaires argentins, dont la mission était d’enlever Charles Crompton pour le compte de la branche norvégienne des Entreprises Auric A.G., dont la maison-mère est suisse.
Lorsqu’ils regagneront la Nouvelle-Zélande, les personnages seront informés de ce que l’analyste financier employé par le MI6 a établi une liste des principales sociétés qui auraient bénéficié d’un transfert de leurs fonds de Zurich vers Pitcairn s’ils n’avaient pas fait échouer le projet des banques. Parmi ces entreprises figure en bonne place Auric A.G. ! Il y a décidément quelque chose de louche derrière cette société, et les agents vont se mettre à enquêter sur elle (s’ils n’en prennent pas l’initiative, c’est M qui leur en donnera l’ordre).
Intermède : longs détours
Les personnages pourraient vouloir se lancer dans deux longs détours : l’un par l’Argentine (en raison de la nationalité des mercenaires) et l’autre par Zurich (à cause des banques et du siège social des Entreprises Auric A.G.). Dans les films, James Bond ne perd jamais son temps ainsi et va toujours droit au but (ou du moins, droit où l’attend la suite de l’action). Le MJ devra donc subtilement les amener à ne pas traîner en route et à se rendre directement à Oslo. Au pire, le passage à Oslo pourrait être remplacé par un passage à Zurich apportant aux agents les mêmes informations.
Acte II : Oslo
À Oslo, les personnages devraient s’intéresser à la branche norvégienne des Entreprises Auric A.G. : Auric A.G. a pour activité principale la fabrication de mobilier et de divers autres objets métalliques (des sièges pour avions en particulier, qui ont fait sa notoriété), mais elle est depuis des années devenue très impliquée dans le monde de la finance (entre autres secteurs dans lesquelles elle s’est diversifiée).
S’ils se rendent à la Bourse d’Oslo, les agents pourront y rencontrer un jeune trader qui travaille pour Auric A.G., Steffen Søderlund.
Søderlund serait disposé à leur révéler des informations confidentielles sur l’activité financière d’Auric A.G. en Norvège et à l’international, mais il ne le fera pas gratuitement : il exige en contrepartie une importante somme d’argent (ou, si les personnages ont orienté la négociation dans cette direction, une grosse quantité de cocaïne, dont il est consommateur régulier).
Mais Søderlund est un dingue, c’est même un tueur en série qui se prend pour un vampire et sacrifie rituellement ses victimes (il en est déjà à trois) pour leur sucer le sang (il utilise un petit couteau effilé pour leur percer la jugulaire ou la carotide, en général après les avoir soigneusement ligotés et baillonnés) : il essaiera d’attirer l’un des agents dans un traquenard pour en faire sa prochaine victime (traquenard où il se présentera déguisé tel un participant à un G.N. Mind’s Eye Theatre (la version grandeur nature du World of Darkness, et tout spécialement de Vampire, the Masquerade)), et devra donc être éliminé par la force.
Mais la sécurité interne d’Auric A.G. estimait depuis quelques temps que Søderlund, par ses fréquentations et les informations qu’il détenait, risquait de représenter une source potentielle de fuites, et le tenait sous surveillance discrète. Ses rencontres avec les personnages ne sont donc pas passées inaperçues (les agents (qui avaient sans doute d’ailleurs été repérés par la sécurité indépendamment de leurs contacts avec Søderlund, en raison des questions qu’ils ont pu poser au sujet de l’activité d’Auric A.G. à la Bourse et/ou de leurs recherches à ce sujet) ont probablement été photographiés à leur insu), et le rendez-vous qu’il leur avait donné était sous surveillance. Alors que les agents sont encore penchés sur le corps pantelant du trader, qu’ils n’ont pas eu le temps de fouiller, ils sont entourés par un groupe d’hommes de main armés de pistolets Glock 17 (chargeur 17 cartouches, 9 mm parabellum). Ces nouveaux arrivants sont trop nombreux pour que les personnages puissent espérer sortir vivants d’une fusillade. Les sbires d’Auric A.G. les désarment, les ligotent, leur fourrent la tête dans des sacs de toile malodorants, et les embarquent à bord d’une camionnette jusqu’à un entrepôt désaffecté et sinistre où on les fait descendre du véhicule. Ils sont alors attachés aux montants d’un palettier, et on leur retire les sacs qui les rendaient aveugles.
Les agents découvrent alors face à eux, outre certains des hommes de main qui les ont capturés et qui se sont placés en arc de cercle sans les quitter des yeux (tandis que d’autres s’activent à répandre tout autour de la pièce le contenu de jerrycans, probablement de l’essence vue l’odeur qui finit par arriver jusqu’aux narines des prisonniers), Auric Goldfinger et, un pas en retrait, Anya Amasova. Ils ne connaissent peut-être pas ces deux personnes, mais ils pourraient reconnaître en Amasova la pilote du Learjet de McMurdo.
Goldfinger éclate d’un rire sinistre : « Alors, voilà les fameux fouineurs qui s’intéressent d’un peu trop près aux activités de MON entreprise ? Eh bien, comme il semble que vous n’aurez pas l’occasion de le répéter à quiconque, je vais satisfaire votre curiosité. »
Il entreprend alors, dans la plus pure tradition des grands méchants bondiens, de leur exposer son plan machiavélique (au moins en partie : il ne mentionne ni le nom de la banque où aboutissent les lingots, ni l’endroit où elle se trouve, ni comment il compte les en retirer). Il déclare également que, n’ayant pas pu faire affaire avec le petit génie britannique de l’informatique financière qu’il comptait associer à son plan (s’il sait que ce sont les personnages qui ont fait échouer l’enlèvement, il le leur reprochera), il a dû en recruter un autre, un jeune étudiant de l’université de Houston qui va bientôt commencer son stage de fin d’études chez Auric A.G….
Après avoir laissé les agents faire quelques réparties spirituelles ou engager une petite conversation avec lui, Goldfinger fait un signe à ses sbires, qui mettent le feu à l’essence versée, puis tout le monde quitte l’entrepôt (« Il était temps d’en reconstruire un plus moderne, de toutes façons… ») ; à part bien sûr les personnages, toujours ligotés.
Espérons pour eux qu’ils parviendront à se libérer suffisamment rapidement pour pouvoir sortir du bâtiment avant qu’il ne soit entièrement en flammes.
Leur prochaine destination devrait logiquement être le Texas.
Acte III : Houston
À Houston, Auric A.G. veut recruter un autre petit génie de l’informatique financière pour camoufler ses traces : il s’agit d’une étudiante de l’université de Houston, Annabel Ling (jolie femme, donc Bond girl potentielle, de père singapourien et de mère texane), mais les personnages ne connaissent ni son nom, ni même son sexe, et savent simplement qu’elle est en fin d’études et doit faire son dernier stage au sein de l’entreprise.
Le fichier des stages de l’université n’est pas accessible par internet, et les agents vont donc devoir se rendre physiquement sur le campus pour accéder à la machine sur laquelle il se trouve, dans l’un des bâtiments administratifs.
Le fait que le campus de l’Université de Houston soit le cadre d’une importante et particulièrement active campagne de Mind’s Eye Theatre risque d’amener les personnages à y croiser à plusieurs reprises des étudiants déguisés en vampires, ce qui pourrait leur rappeler de mauvais souvenirs de leur séjour à Oslo. Heureusement, il ne s’agit bien là que d’un jeu et ils n’ont rien à craindre de ses participants.
Accéder à la liste des stagiaires et des entreprises qui les accueillent est possible depuis le bureau des études, dans le bâtiment administratif principal du campus, soit en accédant à l’ordinateur qui la contient (ce qui ne pourra en principe se faire qu’en l’absence des secrétaires travaillant dans la pièce), soit en épluchant les conventions de stages (archivées dans une armoire du même bureau), soit en obtenant l’information auprès d’une secrétaire ayant accès à la liste, par des moyens laissés à la discrétion des agents.
Annabel Ling habite dans l’une des résidences universitaires du campus. Les personnages peuvent trouver sa photo, soit dans son dossier d’étudiante (toujours au bureau des études), soit sur le trombinoscope de sa promotion, affiché dans un couloir.
La chambre de la stagiaire est déserte. Sa porte est fermée à clé, mais il y a des traces de lutte dans la pièce. En regardant par la fenêtre (au besoin parce qu’ils ont entendu des cris), les agents peuvent voir sur le parking derrière le bâtiment, deux étages plus bas, une femme brune et athlétique en pousser une plus petite et de type asiatique dans le coffre d’une voiture. Il s’agit bien sûr d’Anya Amasova et d’Annabel Ling !
Ling, qui a commencé à faire pour Auric A.G. quelques bricoles informatiques préparatoires à son stage, a rapidement découvert que l’entreprise se livrait à des mouvements de fonds internationaux plutôt louches. Devant l’ampleur des sommes concernées et craignant (à raison) de se retrouver au cœur de combines mafieuses, elle a prévenu quelques heures plus tôt par téléphone son maître de stage qu’elle se désistait. Amasova se trouvait justement à Houston pour surveiller de loin le bon déroulement des opérations auxquelles devait participer la stagiaire. Prévenue de cette défection inattendue, elle a décidé de kidnapper Ling : le temps est désormais compté et Auric A.G. ne peut pas se permettre de laisser filer un deuxième génie de l’informatique financière, ni n’a le temps de lui trouver un remplaçant.
Les personnages vont certainement intervenir. Eux aussi doivent faire vite. La scène va probablement tourner à la fusillade, et comme nous sommes aux États-Unis, il est probable que quelques étudiants des deux sexes, fiers détenteurs d’armes à feu, aient la mauvaise idée de s’en mêler, croyant avoir affaire à un énième massacre sur campus… La sécurité du campus interviendra elle aussi (un peu plus tardivement), puis la police, avec un important déploiement de moyens. En principe, les agents auront réussi à délivrer Annabel Ling, et Anya Amasova devrait s’être échappée in extremis (probablement après avoir grillé la plupart de ses Hero Points), mais ce dernier point n’est pas indispensable. Les forces de l’ordre embarqueront tous les protagonistes restés sur les lieux (y compris Ling), de même que toutes les personnes qui traîneront à proximité avec une arme à feu visible.
Les personnages feront certainement partie des individus raflés par la police. Par chance pour eux, une agente de la CIA se trouve justement de passage au commissariat central de Houston et les reconnait : il s’agit de Carol Barnett, de retour de son séjour en Antarctique (si jamais ils ont quitté McMurdo en mauvais termes avec Barnett, la remplacer par un autre agent de la CIA (ou d’un autre service américain, comme par exemple le FBI) connaissant déjà les persos). Grâce à son influence, les agents du MI6 seront rapidement sortis de cet imbroglio, à moins qu’ils n’aient tué d’innocentes personnes sans défense. Et avec son aide, ils pourront interroger Annabel Ling, encore choquée par ce qui vient de lui arriver.
L’étudiante pourra alors leur révéler qu’elle a découvert que les Entreprises Auric A.G. faisaient d’énormes mouvements de fonds, sous la forme de lingots d’or, de nombreuses banques américaines vers la Hawaiian Savings Bank, à Honolulu.
Remarque : l’acte III pourrait être résolu de façon très différente, si les personnages parviennent à convaincre Anya Amasova que la coopération avec le MI6 (et l’échec du plan de Goldfinger) est dans l’intérêt de la Russie. Mais vue la situation internationale, ce ne sera pas chose aisée.
Final : Honolulu
Les personnages auront pu apprendre, s’ils s’intéressent aux actualités d’Hawaï, que cet État connait depuis quelques semaines un regain de tensions indépendantistes, tout particulièrement sur l’île d’O’ahu. Il y a eu plusieurs manifestations, dont certaines ont tourné à l’émeute, et des drapeaux américains ont été brûlés. De ce fait, les formalités de sécurité à l’embarquement dans l’avion qui les emmène de Houston à Honolulu seront particulièrement longues et tatillonnes : la TSA abusera peut-être de son pouvoir (fouilles au corps et autres), et les bagages des agents seront ouverts en leur absence (de force s’ils sont verrouillés), ce qui pourrait s’accompagner de la disparition de certains objets (une arme à feu un peu trop jolie, par exemple, ou un gadget fourni par Q).
À Honolulu, la présence de la police et de renforts de la Garde nationale est nettement visible.
Même si Anya Amasova a pu prévenir Goldfinger que les personnages avaient échappé à la mort à Oslo, celui-ci ne peut guère accélérer la mise en œuvre de son plan. Les lingots sont sortis des coffres de la Hawaiian Savings Bank par caisses de cinquante kg (une à chaque voyage), et acheminés en voiture jusqu’au port, où ils sont chargés à bord du grand yacht de Goldfinger, L’or des mers. Les agents vont devoir repérer le manège des véhicules faisant la navette entre la banque et le port, ce qui leur permettra de découvrir quel est le navire de Goldfinger. Ceci fait, ils peuvent tenter de s’en rendre maîtres eux-mêmes (ce qui risque d’être un peu délicat), ou faire appel aux forces américaines (éventuellement par l’entremise de Carol Barnett, qui les a certainement accompagnés).
Goldfinger lui-même parviendra peut-être à s’échapper (par exemple à bord d’un petit engin sous-marin piloté par Anya Amasova), mais ne pourra le faire qu’en abandonnant son navire plein de lingots.
Quant à l’organisation indépendantiste hawaïenne, privée du financement de Goldfinger, elle éclatera en multiples chapelles, dont certaines prônent la violence alors que d’autres sont beaucoup plus modérés. Les groupuscules les plus radicaux seront démantelés par les forces de l’ordre (non sans avoir au préalable commis quelques actes sanglants), et le mouvement s’essoufflera ensuite assez rapidement.
Annexe : Le plan de Goldfinger
Auric Goldfinger, le fondateur et propriétaire des Entreprises Auric A.G., a fait transférer d’énormes quantités de lingots d’or des banques européennes qui les détenaient vers les coffres de la Compagnie bancaire zurichoise (dont Auric A.G. est l’actionnaire majoritaire). De là, il comptait les faire acheminer à Pitcairn, mais comme le projet de paradis bancaire (dont il avait été l’un des plus ardents promoteurs) est tombé à l’eau (suite à l’intervention des personnages), il se rabat vers son plan B, qui est de transférer ces lingots vers les coffres de la Hawaiian Savings Bank, à Honolulu (dont Auric A.G. est également l’actionnaire majoritaire), où il a déjà fait transférer d’autres lingots, venant de banques américaines. Une fois tout l’or arrivé à Hawaï, il passera à la seconde partie de son plan : il finance discrètement depuis des années un mouvement indépendantiste, qui devra alors lancer une insurrection visant à ce que l’État d’Hawaï fasse sécession du reste des États-Unis. Goldfinger ne se fait aucune illusion sur les chances de réussite d’une telle tentative, mais il compte que les indépendantistes créent suffisamment de chaos sur l’île d’O’ahu pour que l’on puisse croire, suite à une habile mise en scène, que les coffres de sa propre banque ont été pillés lors des émeutes (en réalité, en raison du temps nécessaire au transfert d’une telle quantité de lingots, et des risques que ferait peser sur lui une situation insurrectionnelle, il a en fait déjà procédé au plus gros de ce déplacement, et 500 tonnes d’or se trouvent actuellement dans les cales d’un navire ancré dans le port d’Honolulu).
En retirant du circuit une grande quantité de lingots, il compte faire monter le cours du métal précieux, et donc augmenter artificiellement la valeur de son trésor…
Comme ce plan n’a guère d’intérêt si Goldfinger doit payer au prix fort chaque lingot transféré vers ses propres banques, et comme une concentration aussi importante de lingots auprès d’une même banque attirerait immanquablement l’attention du monde de la finance, il a besoin d’informaticiens capables de faire réaliser ces flux tout en les camouflant aux systèmes informatiques des banques ainsi « siphonnées », qui croiront donc avoir conservé un stock de lingots supérieur à celui qui leur restera réellement. D’où l’organisation de l’enlèvement de Charles Crompton, considéré comme un petit génie de l’informatique financière, puis le recrutement d’Annabel Ling, dont le profil est comparable.
Que fait le FSB (successeur du KGB), en la personne d’Anya Amasova, aux côtés de Goldfinger ? La Russie soutient le projet de Goldfinger, car une baisse de l’or accompagnée d’une baisse des monnaies occidentales (dollar, euro et livre sterling) permettrait au rouble de mieux faire face aux sanctions économiques prises à son encontre dans le cadre de la crise ukrainienne. Le major Amasova est chargé d’apporter aux Entreprises Auric A.G. l’aide nécessaire.
Notes
Concernant le contexte géopolitique : ce scénario a été conçu en mars 2014 et rédigé en septembre 2014. Selon la période à laquelle il sera joué, quelques modifications de la situation internationale seront probablement nécessaires.
Il est probable que des joueurs connaisseurs de James Bond pensent à Goldfinger dès que sera mentionné le nom des Entreprises Auric A.G.. Cela ne devrait a priori pas les avantager pour la résolution du scénario.
Si employer des figures connues de l’univers bondien vous dérange, vous pouvez remplacer Auric Goldfinger par Arjan Silverstone, Auric A.G. par Arian A.G., et Anya Amasova par Natalya Nagorova.