Il y a quelque chose d’indécent dans les grandes manifestations d' »unité nationale » (incomplète, l’unité, mais qui se soucie de le relever), voire internationale, qui ont culminé cet aprème avec un défilé plein de chefs d’État et de gouvernement dont plus d’un a déjà amplement prouvé par le passé son attachement à restreindre la liberté de la presse.
Autant je condamne l’attentat contre Charlie Hebdo (et les actes sanglants accomplis autour de lui), autant je condamne l’islamisme et autres extrémismes, autant je me sens affecté à titre personnel par la mort de certaines des victimes, autant je ne vois pas l’intérêt d’aller me joindre au troupeau des moutons qui ont défilé pour un journal dont ils se souciaient bien peu il y a seulement quelques jours et dont ils se soucieront à nouveau bien peu dans seulement quelques semaines, quand le soufflé sera retombé et quand une actualité en aura chassé une autre.
En cela, je me retrouve bien dans les propos de Luz, qui déclare entre autres aux Inrocks (un canard que je lis encore moins que je ne lisais Charlie Hebdo) :
Ce fanzine est devenu un symbole national et international, mais ce sont des gens qui ont été assassinés, pas la liberté d’expression !
D’autres de ceux qui comme lui peuvent à raison affirmer qu’ils sont (collectivement) Charlie, comme Willem, ont exprimé leur sentiment de façon moins distinguée.