Sinbad
(2012)
Série télévisée britannique en douze épisodes, empruntant le nom de son personnage principal aux Mille et une nuits et se parant de vagues oripeaux orientauxSinbad, voyou de Bassorah, maudit par sa grand-mère après avoir (bien involontairement) été à l’origine du meurtre de son frère, ne peut plus rester à terre plus d’un jour et une nuit. Il s’embarque donc comme passager clandestin à bord d’un navire, la Providence (dont le nom est écrit dessus en alphabet latin), et vit une succession d’aventures après qu’une tempête n’ait laissé qu’une poignée de survivants à bord : le gros cuistot (qui n’a pas de nom et ne quitte jamais le bord) ; Anouar, le jeune médecin du bord ; Gunnar, un marchand scandinave ; Nala, une jeune africaine de haute caste ; Rina, une voleuse qui s’est retrouvée coincée à bord quand le navire a quitté le port ; et Sinbad bien sûr (jeune merdeux tête à baffes dont j’ai du mal à comprendre comment il devient, et rapidement qui plus est, le chef naturel du groupe, vu que ça n’est quand même franchement pas explicite à l’écran et qu’il y en a d’autres qui ont plus que lui la carrure de la fonction).
Certes les navires ne sont pas des embarcations occidentales ; mais on n’en est pas moins dans un Orient de pacotille, pasque très vite ça se dégrade plus ou moins fortement. Outre le lama déjà évoqué sur cet écran, j’ai été tout particulièrement choqué par le fait qu’ils se rendent (toujours à bord de la Providence) à Malte (où la capitainerie du port est ornée d’un énorme Harbour Master et le fronton de la taverne d’un Tavern of the Golden Star, inscriptions tellement dans le ton de l’époque) dans l’un des derniers épisodes, ce qui, sans débarquer ni contourner le cap de Bonne Espérance, me semble être un sacré exploit (exploit dont rien ne nous est montré, dit, ni même évoqué) en l’absence du canal de Suez…
Par ailleurs, ce sont des Mille et une nuits sans Islam. J’imagine que c’est pour éviter des problèmes par les temps qui courent, mais je trouve ça nul comme choix (d’autant qu’à Malte on trouve par contre un monastère dont les occupants arborent des croix leur pendant sur la poitrine…).
J’abordais ça sans a priori ni attentes particulières (autres que celle de voir une bonne série sur le personnage de Sindbad, fut-il réinterprété quelque peu), mais j’ai été salement déçu : c’est plutôt moyen voire bof si vous êtes bon public (à part quelques épisodes comme celui avec la sirène), et je ne digère franchement pas cet Orient à deux balles (en fait, je crois que c’est surtout là qu’est mon problème avec la série ; si ç’avait été un bête contexte med-fan’ créé spécialement pour ça et si ça n’avait pas repris le nom de Sindbad, je ne l’aurais bien évidemment pas regardée (vu que c’est à cause de Sindbad que je me la suis infligée), mais ç’aurait sans doute été beaucoup plus supportable). Mais ils auraient quand même pu faire un minimum d’efforts sur le cadre, il y a un certain nombre de grossièretés flagrantes qui auraient facilement pu être évitées, ça m’aurait évité de voir ma suspension of disbelief quant à l’Orient où évoluent les personnages se dissiper assez rapidement.
Le seul aspect qui m’a finalement « tenu en haleine » jusqu’à la fin de la série est la relation spéciale que le cuistot entretient avec le navire. Mais comme on ne nous explique rien à ce sujet (vu que la série a été abandonnée au bout de ces douze épisodes), ça ne vaut vraiment pas le coup que vous vous la farcissiez.