for EABA
Verne™ v1.0
not your grandfather’s steampunk
Greg Porter
Blacksburg Tactical Research Center
© 2010 by Greg Porter
ISBN 0-943891-66-3
BTRC #6116
217 pages
Supplément SF victorienne pour le JdR générique et universel EABAVerne a pour contexte l’ère victorienne, mâtinée d’emprunts à Jules Verne, H. G. Wells, Arthur Conan Doyle, et d’autres.
L’ère victorienne était une époque raciste et sexiste (et socialement inégalitaire), et Verne ne cherche pas à s’en affranchir. Ça fait un peu incongru de voir un bouquin de JdR qui n’essaie même pas d’atténuer un peu le sexisme de l’époque… Les PJ seront pour la plupart des hommes blancs de classe moyenne ou supérieure. C’est un choix que je peux comprendre, mais que je trouve un peu regrettable dans un contexte de SF qui ne peut donc prétendre à l’exactitude historique.
Le contexte historique est décrit avec l’année 1869 pour référence, et quelques éléments sur ce qui se passe avant et après. Ce topo n’est hélas pas exempt d’erreurs. Il est suivi d’un topo sur différents aspects intéressants de la société et de la vie à l’époque, assez bien foutu.
Comme Space 1890, Verne réfute l’étiquette de steampunk. Ici, l’argument est que « the notion of steampunk usually requires a much more pervasive use of the tech associated with the genre » : la « technologie steampunk », loin d’être omniprésente ici, reste très limitée, en particulier dans son impact sur la société. L’intro du chapitre sur la technologie steampunk nous indique aussi que si on veut aller plus loin que le catalogue de matos du présent ouvrage, il faut se procurer un autre supplément, Stuff! (qui à ma connaissance n’existe qu’en version *.pdf). C’est pas forcément un problème, mais ce chapitre y fait finalement pas mal référence, ce qui me laisse la désagréable impression de ne pas avoir tous les éléments nécessaires pour exploiter pleinement Verne.
Le chapitre sur la création de persos propose en particulier une nouvelle compétence intéressante, Quartermaster : quand on part en expédition (avec plein de matos), si en plein milieu de nulle part on aurait besoin d’un objet précis dont personne n’avait préalablement spécifié qu’il l’avait emmené, la personne en charge de préparer le matos de l’expédition peut faire un jet dans cette compétence (avec des modificateurs éventuels selon les circonstances) : s’il est réussi, l’objet figure parmi le matos emporté. Ça peut servir dans des cadres rôludiques variés.
Le bouquin prévoit aussi une règle sur le chef du groupe de persos, qui est un élément considéré comme dans le ton de la fiction aventureuse d’époque, avec ou sans SF. En gros, le groupe doit avoir un chef (qui peut changer selon les moments : par exemple, pour obtenir des autorités locales un permis pour aller explorer dans l’arrière-pays c’est le diplomate qui s’y colle, pour le trajet dans la jungle jusqu’au temple maudit ce sera plutôt l’explorateur qui prendra la tête de l’expédition, mais pour l’exploration des ruines dudit temple, ce sera l’archéologue, si le groupe est attaqué par des indigènes hostiles, ce sera le colonel en retraite, et s’il y a un accident dans les souterrains du temple et que la plupart des membres du groupe se retrouvent blessés ou morts, c’est le toubib qui va gérer) ; le fait qu’il y ait un chef apporte un bonus à certains jets, si un évènement capital survient le chef alors en fonction a un bonus de points d’expérience, et si par contre le groupe n’a pas de chef, il est pénalisé sur les points d’expérience ; en gros. C’est particulier, je demande à voir ce que ça donne, je ne suis pas certain que ce soit toujours une bonne idée.
Pour ce qui est de la partie SF du contexte, les évènements de De la Terre à la Lune, Autour de la Lune, Les premiers hommes dans la Lune, et La guerre des mondes ont eu ou auront vraiment lieu. Malheureusement, tout ça n’est expliqué que dans le sixième (et avant-dernier chapitre), ce qui fait que j’ai longtemps eu l’impression que Verne était un supplément steampunk purement générique laissant à ses utilisateurs le soin de développer leurs propres contextes, pas un supplément décrivant un contexte steampunk. On nous précise cependant que les évènements ne sont pas forcés de se dérouler comme dans les romans. D’ailleurs, Sélénites et Martiens n’ont pas grand-chose à voir avec ceux de Wells. Et dans le fond, à part ces quelques évènements et leurs conséquences (pour certaines spécifiques à Verne (le bouquin de JdR, pas l’écrivain)), le contexte non-historique n’est guère développé, ce qui laisse quand même beaucoup de liberté au MJ.
Six scénarios sont fournis. Ils n’exploitent pas les romans de Verne et de Wells, et aucun n’implique des ET ou du voyage spatial. Certains sont plutôt intéressants.
J’ai un avis mitigé sur la bête : comme supplément steampunk, ça me parait un peu léger (et encore plus si on le compare à GURPS Steampunk), mais comme supplément victorien, c’est bien (le topo sur la société et la vie à l’époque en particulier est bien fait), même si dans le fond, je ne suis pas certain que ça tienne la comparaison avec Cthulhu by Gaslight (que j’ai lu il y a trop longtemps pour pouvoir faire cette comparaison sans me replonger dedans). Disons donc que c’est adapté à du victorien éventuellement mâtiné de légers éléments steampunk.