Predation
Shanna Germain
Monte Cook Games
ISBN 978-1-939979-66-7
© 2017 Monte Cook Games, LLC
191 pages
Supplément pour le Cypher System décrivant un contexte dans lequel des voyageurs temporels, coincés à l’ère secondaire, y établissent une société, entourés de dinosauresC’est un des plus chouettes bouquins de JdR que j’ai lus (et ptêt le plus chouette parmi ceux qui sont en couleurs ; le fait que la maquette reste sobre malgré la couleur joue certainement aussi en sa faveur). La couv’ est moins bien que l’intérieur.
Côté règles, c’est celles du Cypher System, donc c’est pas franchement à mon goût.
En principe, chaque personnage est flanqué d’un dinosaure (ou autre animal) familier (companion), joué par un autre joueur (en plus de son propre perso). Les possibilités proposées sont : tyrannosaure, raptor, ornithomimidé, cératopsien, ankylosaure, ptérosaurien et Mammifère primitif. Être constamment accompagné d’une bestiole de petite taille, ça va encore, mais le PJ qui se retrouve en permanence avec un animal énorme collé à ses basques, non seulement j’accroche moyen, mais ça pose des problèmes pour un paquet de situations au sein de la société humaine. Bref, je me demande si ces familiers sont vraiment une bonne idée, à moins de les restreindre à des espèces pas plus grosses qu’un clébard.
Côté contexte, on se trouve à l’extrême fin du Crétacé, il y a environ 65 millions d’années, juste avant la météorite de Chicxulub. Dans notre futur, le voyage dans le temps a été découvert, et une grosse entreprise nommée SATI (Space and Time Interglobal) a envoyé à cette époque plus de vingt mille personnes, sur plusieurs années, pour un projet secret implanté en Laramidie (continent qui deviendra plus tard l’ouest de l’Amérique du Nord). Mais au bout de neuf ans, le voyage dans le temps a cessé de fonctionner, et tout ce petit monde se retrouve donc bloqué sans possibilité de retour. Le jeu prend place 114 ans après l’arrêt du voyage temporel (en temps subjectif pour les naufragés du temps et leurs descendants). Comme c’était un gros projet d’une boîte importante, ils disposaient de tout le confort moderne (technologique en particulier). Quelque part, il ne leur manquerait que la possibilité de revenir à leur époque… et d’échapper à la météorite qui risque très fort de les éliminer dans moins de deux cents ans (ils ne connaissent pas la date exacte). Vues les circonstances, l’autorité de SATI a été contestée par certains colons, et ne s’exerce donc plus sur l’ensemble de la population humaine. Des forces adverses sont apparues, comme les Papillons (Butterflies), des guérilleros anti-technologie qui s’opposent directement à SATI. Et toute une société s’est organisée, dans un mélange de technologie ultra-moderne et d’aspects archaïques, avec des dinosaures utilisés comme montures, bêtes de somme, animaux familiers, etc…
Le bestiaire contient des reptiles mésozoïques variés, avec pour chacun une liste des modifications biotechnologiques classiques qu’on peut leur apporter. Il y a aussi quelques bestioles qui n’existent que sous une forme biotechnologiquement modifiée (ou qui sont carrément des créations biotechnologiques), un entélodonte bien anachronique et un robot en partie organique.
Le chapitre de conseils au MJ dévoile les secrets du contexte ; ou plus précisément, propose plusieurs réponses possibles, ce qui est une bonne idée.
Les cyphers auraient pu être moins incongrus ici, dans un contexte avec pas mal d’ultra-tech, qu’ailleurs ; mais malheureusement, ici ce sont des morceaux d’ADN qui, suite au contact d’un perso avec une « anomalie temporelle », se retrouvent intégrés à son génome (et disparaissent donc comme magiquement après utilisation…) : ça n’a rien de scientifique, c’est purement un phénomène de type magique, ou pour dire les choses différemment, du grand n’importe quoi. Dommage, ça casse toute l’ambiance, alors qu’il aurait été possible de faire un truc à peu près d’aplomb. De toutes façons, je n’accroche toujours pas à cette mécanique de jeu artificielle.
Le dernier chapitre est un scénario, pour personnages débutants avec leurs familiers. Les PJ partent à la recherche d’un (petit) dinosaure domestique qui a été volé. Je n’ai pas été enthousiasmé (euphémisme).
Ça n’est pas aussi intéressant que je le pensais, mais en éliminant certaines scories (les cyphers, les anomalies temporelles qui les distribuent, et quelques autres bricoles), on obtiendrait assez facilement un truc plus à mon goût. En tous cas, ça a du potentiel.
Dommage quand même que ça ait été publié pour le Cypher System, et pas pour un système de règles plus à mon goût…
Est-ce que on a permis aux « expats du temps » de faire venir leur Cadillac? ;)
Le bouquin ne fait aucune référence à Xenozoic Tales, même dans sa biblio (ce qui m’a un peu étonné).