Ptolus
Monte Cook’s City by the Spire
Malhavoc Press
© 2006-2010 Monte J. Cook
671 pages
Supplément décrivant la ville de Ptolus pour le D20 SystemPtolus est conçue pour être une ville (A)D&Dienne caricaturale (ou plutôt, une ville « D&D3″ienne caricaturale) : elle fonctionne selon les règles de cette édition (alors qu’en principe, c’est aux règles de s’adapter au contexte). Ça veut en particulier dire que tout ça dégueule (plus ou moins) de magie (et encore, ç’aurait pu être bien pire…), ce qui n’est pas à mon goût.
La population de Ptolus est de 75.000 habitants (dont 70 % d’humains, mais on y trouve de tout, comme à Laelith). La ville doit son surnom de city by the spire à son emplacement au pied d’une aiguille rocheuse d’environ un kilomètre de hauteur (du coup, comme certains de ses quartiers sont bâtis sur le bas de cette aiguille alors que d’autres sont au bord de la mer, c’est une ville en pente, mais moins que Laelith). Elle est également traversée par une rivière, qui coule au fond d’une gorge, un peu comme Laelith encore. C’est un port. Elle a une université. Et sous ses rues s’étend un vaste complexe souterrain (the Dungeon), englobant entre autres les égouts, un réseau de cavernes, et des ruines naines. Niveau religieux par contre, il y a une religion monothéiste dominante, contrairement à Laelith (mais il y a aussi plein d’autres cultes, mineurs par rapport à la religion dominante ; et on nous précise aussi que It’s been said that if someone, somewhere worships something, you can find a temple for that religion in Ptolus).
Le premier chapitre est un topo général sur la ville, destiné aux joueurs, ce qui permet d’en avoir une vision globale sans avoir à se farcir le bouquin entier. C’est fort commode.
Le monde au delà de Ptolus est rapidement expédié, pour donner un peu de contexte à la ville elle-même. De toutes façons, on n’est pas vraiment censés en sortir (c’était un principe tacite de la campagne de Monte Cook), donc dans le fond et malgré les apparences c’est un peu comme pour Laelith, une ville sans réel cadre autour d’elle. L’histoire du monde (et en particulier ses aspects cosmogoniques) est un peu plus développée.
Le gros morceau est constitué de la description de la ville elle-même, quartier par quartier, précédée d’un nouveau chapitre de généralités. Ces chapitres sont bien foutus. On regrettera que pas mal de pages soient gaspillées pour décrire de purs dungeons (dans des bâtiments peut-être, mais ça reste des dungeons), alors qu’elles auraient pu être utilisées pour des choses plus originales et plus intéressantes.
The Dungeon, les sous-sols de la ville, fait l’objet de plusieurs chapitres (dont un sur les égouts), mais n’est finalement que très partiellement décrit. Une vue en coupe (très générale) permet de situer les différents éléments décrits les uns par rapport aux autres.
L’Aiguille a droit à deux chapitres, chacun décrivant l’une des deux forteresses maléfiques qui y ont été édifiées (c’est d’ailleurs par un poste de garde au pied de l’Aiguille, visant à protéger la région contre les occupants de ces forteresses, que Ptolus a débuté). La pire de ces forteresses (située au sommet de l’Aiguille) est conçue pour constituer le point d’orgue d’une campagne ptolusienne ; manque de bol, ce genre de trucs démesurés n’est pas du tout à mon goût. Je n’ai rien contre les objectifs de campagne grandioses, mais ça me parait complètement déplacé dans un supplément urbain. Et dans le fond, Ptolus n’est pas exactement un supplément urbain : c’est un supplément dont une bonne partie est certes consacrée à la description d’une ville, mais dont le cœur est la situation cosmogonique du monde où elle se trouve, monde expressément conçu pour être une prison pour le Mal dont personne (pas même les plus puissants des dieux) ne peut s’évader. Il y avait de quoi faire deux suppléments avec ce bouquin (et ils auraient été plus maniables) : un supplément urbain (avec quelques dungeons dessous), et une armature de campagne de haut niveau et son apothéose.
C’est donc un gros supplément bien rempli, mais qui est à mes yeux bien loin de mériter les critiques dithyrambiques qu’on peut lire sur internet. D’abord, il y a le problème du sujet de l’ouvrage : comme mentionné précédemment, il a le cul entre deux chaises, entre la ville elle-même et la campagne de haut niveau contre les forces du Maaal, et de ce fait se disperse parfois. Ensuite, c’est la ville qui a servi à l’élaboration des règles du D20 System, donc c’est la quintessence de D&D, c’est-à-dire tout ce que je n’aime pas dans cette conception étriquée du med-fan’ : trop de magie, des niveaux, des oppositions Bien / Mal et Loi / Chaos, de la baston, du PMT, des lieux aux plans quadrillés. Bien sûr, il y a des choses intéressantes (encore heureux, dans un bouquin de cette taille…), mais c’est du D&D et, soit ça manque franchement d’originalité, soit c’est de l’originalité orientée sur les défauts de D&D que je viens de rappeler. Mon filtre de lecture ayant tendance à occulter ce dernier volet, j’ai le sentiment en refermant l’ouvrage d’un machin peu original, et assurément bien moins qu’il n’aurait pu (et qu’il aurait dû) l’être.
C’est donc un gros supplément bien rempli, mais qui est à mes yeux bien loin de mériter les critiques dithyrambiques qu’on peut lire sur internet.
Ah ben justement depuis le temps j’espérais un avis plus critique… me v’là comblé :-)
Veux tu que je t’envoie la version non résumée ?
Je veux bien.
» il a le cul entre deux chaises »
Tout le travail récent sur Numénera, The Strange etc… confirme que c’est loin d’être un hasard, c’est bien une caractéristique du bonhomme (Monte Cook). Il faut absolument qu’il bouffe à tout les rateliers, c’est plus fort que lui.