Game Wizards
The Epic Battle for Dungeons & Dragons
Jon Peterson
ISBN 978-0-262-54295-1
The MIT Press
© 2021 Massachusetts Institute of Technology
386 pages
Livre sur la première partie de l’histoire d'(A)D&D et de TSR (des origines à 1985)
À part pour les origines, le bouquin est articulé en chapitres qui correspondent chacun à une année (de 1975 à 1985), et parsemé de jalons qui permettent de mieux se rendre compte de ce qui se passait rôludiquement à l’époque des évènements décrits (et d’à quel point on en est restés ignorants chez nous, pasque je ne me souviens pas que la presse spécialisée de l’époque se soit faite l’écho de tous ces évènements, particulièrement des conflits autour d'(A)D&D puis de TSR). Une bonne partie traite du conflit entre Gygax et Arneson (et m’a conforté dans mon opinion selon laquelle Dave Arneson s’est effectivement fait enfler par son comparse). Quant à la fin, avec l’arrivée de Lorraine Williams et l’éviction de Gygax, je crois que c’est la première fois (à part dans des écrits de chez TSR) que je vois Williams décrite autrement que comme la grande méchante qui ne connait rien au jeu mais a spolié Gygax de sa création. Le récit est dépassionné et montre qu’elle a au contraire sauvé TSR du naufrage dans lequel allait l’entraîner Gygax.
Si l’histoire d'(A)D&D et/ou celle de TSR vous intéressent, c’est un bouquin qu’il vous faut absolument lire.
En fait plus on lit ces bouquins et ces articles d’archéoludisme, plus il apparaît que Gygax était un gros con. Je peine à comprendre le culte dont il fait l’objet.
C’est pas si incompréhensible que ça : ça ne se savait pas particulièrement autrefois, y a que son nom sur la couv’ des bouquins du triptyque de base d’AD&D, et va déboulonner une idole quand elle a été vénérée pendant quelques décennies. Quand tu vois en ce moment le comportement des fans du druide des calanques, alors que plus on gratte et plus on en trouve de belles sur son compte, tu te dis que ce genre de choses, voire la formation des sectes, c’est d’une facilité déconcertante ; mais que remettre les choses « à plat » ensuite, c’est peine quasi-perdue…
Pour défendre un tout petit peu Gygax (de même que je défends un peu cet escroc de Stan Lee), Arneson était plus créatif et meilleur MJ qu’EGG mais il n’aurait jamais réussi à organiser un jeu. Et d’ailleurs, il n’y est jamais arrivé non plus ensuite, il était bien trop profondément « chaotique ». D&D a eu besoin de cet agent d’assurance de GG qui a su codifier le chaos de l’imaginaire.
Mais à part ça, oui, c’était un gros con. J’adore la lettre de la période où il était Témoin de Jéhovah et où il insulte tous ceux qui fêtent Noël parce que ce serait un rituel païen.
Le bouquin ne dit pas autre chose. ;-)