Un feu sur l’abîme
Vernor Vinge
Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 1994
Collection Ailleurs & Demain
ISBN 2-221-07676-1
V.O. : A Fire Upon the Deep, copyright Vernor Vinge 1992
606 pages
Roman de SF, prix Hugo 1993
C’est un de ces ouvrages de SF dont l’accès est relativement difficile : faut s’accrocher pour tout comprendre et certains aspects ne s’éclaircissent que plus ou moins tardivement. Ça n’est pas forcément un problème en soi, mais il vaut mieux en être conscient quand on se lance dans une telle lecture. Corollaire :ça n’est pas une lecture pour quelqu’un qui n’a pas une certaine habitude de la SF « cérébrale ».
Le premier concept à admettre, c’est que les lois de la physique diffèrent selon l’endroit où on se trouve dans la galaxie : en gros, quand on va vers le centre il n’est pas possible de dépasser la vitesse de la lumière, et plus on progresse moins la technologie fonctionne et moins les êtres vivants sont capables de penser. Quand on s’en éloigne par contre, on arrive dans des zones où il est possible d’avoir des technologies avancées, comme l’antigravité ou le PVQL. Mais la limite est fluctuante, et on risque de la franchir plus vite que la lumière pour se retrouver coincé dans une zone où on ne peut plus dépasser c (et dont on ne peut espérer sortir que si on a un vaisseau équipé d’un collecteur Bussard). Et quand on est très loin du centre galactique, on arrive carrément dans la Transcendance, où résident des super-intelligences si balèzes que l’esprit humain peine à les appréhender.
Au début du bouquin, des explorateurs humains fouillant une archive informatique sur un monde lointain réactivent une super-intelligence artificielle malveillante (la Gale), qui commence à ravager l’espace autour d’elle. Un vaisseau parvient quand même à s’échapper sans être détruit (et en emportant à son bord une contre-mesure informatique capable de détruire la Gale), mais il s’écrase sur une planète de niveau technologique médiéval et dont les habitants, les Dards, sont des créatures ressemblant vaguement à des chiens à long cou, qui constituent des « meutes » de quelques individus liés entre-eux par une communication privilégiée, chacune de ces meutes se comportant grâce à cette communication comme une intelligence collective (un individu sorti de sa meute n’est plus intelligent, pas plus qu’une meute ayant perdu un trop grand nombre de membres). Il n’y a que deux survivants, un gamin de huit ans et sa sœur de treize ans, qui se retrouvent immédiatement séparés, aux mains de deux factions rivales de Dards. Le gamin arrive à lancer un appel de détresse grâce aux appareils de l’épave, et un vaisseau de secours se met en route, avec en particulier à son bord l’agent d’une autre super-intelligence qui a dormant en lui le moyen de bloquer la Gale, et poursuivi en particulier par une flotte au service de cette dernière, qui compte sur lui pour la conduire à l’épave dont elle a deviné qu’elle renfermait de quoi la mettre hors d’état de nuire.
Je n’ai pas été emballé par ma lecture. Pas tant à cause de l’effort qu’il a fallu faire pour bien capter ce qui se passait, mais à cause de la façon vaguement « magique » dont ça se finit : alors voilà, l’agent de la super-intelligence « gentille » modifie les propriétés physiques autour de la planète des Dards… C’est trop gros pour moi, même à côté du reste. Bref, je sors de ce roman avec un vague sentiment de frustration, sans doute en partie dû à sa prestigieuse réputation. La lecture a été plaisante, y a des éléments très intéressants (les différentes espèces ET, par exemple), mais j’ai l’impression d’être passé à côté d’un truc.