Compte-rendu d’une partie d’AD&D.
Le MJ n’ayant quasiment pas pris de notes, le résumé sera probablement approximatif sur plus d’un point.
La compagnie aventureuse de la Canneberge (sans Tobert, retourné au Comptoir de l’aventure pour tenter d’y recruter un nouveau roublard en remplacement de Sardjo) quitte le poste du cobalt pour se rendre à la taberge du cornemuseux bleu. L’accès à l’établissement est interdit par un planton, mais celui-ci reconnait les aventuriers et les laisse entrer. La grande salle est dans un désordre difficile à décrire : le corps du maître de musique a été lacéré avec une plus grande sauvagerie que celui des précédentes victimes, le tueur s’est véritablement acharné sur lui. Du sang a été projeté partout, sur le sol, sur les murs, et jusqu’au plafond. Une demi-douzaine de gardes s’affairent dans la pièce, sous l’autorité de l’ogul Rumboile, qui assure dans les faits le commandement du cobalt en attendant l’arrivée d’un nouveau kor-rahel pour succéder à Bulrick. Outre les gardes, seul le tabergiste, Pip Dufoix, est présent.
Rumboile laisse les aventuriers examiner le corps et autorise Naïd à invoquer les pouvoirs d’Ahto pour interroger l’âme de la victime, mais les deux questions que pose le clerc n’obtiennent pas de réponse exploitable : le défunt ignore qui l’a tué.
Il y a des traces un peu partout, les gardes ayant piétiné la pièce et répandu de la terre, du sang et de la suie un peu partout. Eorl jette un œil dans l’escalier et le couloir de l’étage, mais n’y trouve qu’une petite goutte de sang séché sur une marche (au grand dam de Pip Dufoix, qui y voit une tache (c’est le cas de le dire) sur la réputation de son établissement (dont il craint déjà que le meurtre sanglant qui vient d’avoir lieu la compromette sérieusement)) : il semble peu probable que le tueur soit passé par là.
Rumboile expose la théorie qui lui parait désormais être la plus probable : le tueur est un ours-garou, qui s’est introduit dans la pièce sous forme humaine par la cheminée monumentale de la grande salle (dont le conduit semble suffisamment large pour permettre le passage d’une personne svelte), s’est transformé en ours, a massacré la victime, puis s’est retransformé en humain pour quitter les lieux comme il était venu. Lors de la transformation, le sang du maître de musique, dont il était probablement crépi, est tombé à terre, ce qui explique qu’il n’ait pas laissé de traces. Les aventuriers font observer qu’il faudrait aller sur le toit voir s’il y a des traces pour confirmer cette hypothèse, mais les gardes n’ont pas d’échelle à leur disposition ; et dans la compagnie de la Canneberge, seul Sardjo aurait peut-être été capable d’arriver sur le toit sans échelle. Le seul bâtiment attenant (une librairie) est trop bas pour permettre d’y accéder.
Asric propose à Eorl de l’envoûter pour qu’il puisse grimper aux murs comme une araignée. Les deux hommes se placent à l’angle sud-ouest du bâtiment pour procéder discrètement pendant que Bergarian fait le guet, l’usage de magie non divine étant interdit à Laelith. Une fois arrivé sur le toit, Eorl n’y relève ni traces de sang, ni traces de suie, ni rien qui pourrait lui laisser penser que quelqu’un soit récemment passé par là. Il y a bien des traces de crochets sur le rebord de la cheminée, mais elles ne sont pas récentes et ont probablement été laissées par l’échelle d’un ramoneur.
Les aventuriers se rendent au poste du cobalt en compagnie de Rumboile, pour lui exposer discrètement leur propre hypothèse : le tueur serait le chevalier lalithien, sire Sulterr, sous les effets de la potion que lui fait parvenir l’herboriste Solstgang, censée le guérir de ses migraines. Rumboile refuse de prendre la responsabilité de fouiller la chambre du chevalier ou de lui faire subir un interrogatoire tant qu’il ne disposera pas d’éléments plus concrets : il n’est qu’un simple ogul et ne veut pas prendre la responsabilité d’un éventuel incident diplomatique. Après avoir obtenu de leur interlocuteur les coordonnées d’une herboriste concurrente qu’il juge digne de confiance, ils décident de procéder à un échange ce soir : Rumboile fera poster à l’entrée de la taberge un garde qui interdira l’accès à l’apprenti de Solstgang, mais lui prendra la potion en déclarant qu’il se chargera de l’apporter lui-même à son destinataire.
Naïd et Rosaline se rendent chez Kiralie, l’herboriste recommandée par Rumboile, dont l’échoppe fait quasiment face à l’ancienne maison de la sorcière Khaana. Après l’avoir longuement baratinée pour qu’elle prépare un remède contre les migraines sans avoir pu examiner le patient, ce qu’elle préférerait faire afin de lui prescrire un traitement adapté à sa personne et à ses symptômes, Naïd convient avec elle qu’il lui apportera ce soir une potion à analyser, elle aussi censée soigner les maux de tête mais manifestement inefficace, et dont il soupçonne qu’elle ait un tout autre effet.
Pendant ce temps, Eorl va au théâtre de minuit annoncer le décès du maître de musique à son directeur, Auguste Martellus. Ce dernier accuse violemment le coup, d’autant qu’il espérait organiser une séance ce soir afin de renflouer un peu les caisses de son établissement. Il craque complètement et s’effondre en larmes. Un autre membre de la troupe se trouvant sur place, un elfe hautain ayant très sèchement refusé l’accès des lieux aux aventuriers la veille, arrive et, apprenant la nouvelle, s’effondre lui aussi. Le pisteur leur déclare que la compagnie de la Canneberge assurera gracieusement la protection du théâtre et de ses employés la nuit prochaine, et leur demande, lorsque les membres de sa troupe se présenteront tout à l’heure pour la répétition prévue, de leur dire de rester sur place, car il sera plus facile de les protéger s’ils se trouvent tous au même endroit.
De son côté, Naïd, qui ignore l’engagement pris par son camarade, déclare à Pip Dufoix que la compagnie de la Canneberge assurera la sécurité de son établissement pendant la nuit prochaine, en se postant au niveau des deux âtres pour empêcher que le tueur ne les utilise à nouveau pour accéder à l’intérieur du bâtiment.
Naïd et Rosaline vont ensuite à l’ambassade de Lalitha, située dans le quartier des ambassades, dans la terrasse de la Prospérité, au nord-est du théâtre. C’est un hôtel particulier de trois étages, avec un planton à l’entrée en tenue militaire et bonnet de fourrure. Ils lui expliquent qu’ils ont des inquiétudes concernant la sécurité d’un chevalier lalithien séjournant en ville pour participer aux négociations en cours sur la fourniture de bois d’œuvre aux surintendances locales de Laelith, et le persuadent de leur permettre de rencontrer le responsable de la sécurité de l’ambassade. Ils pénètrent à l’intérieur du bâtiment, aux murs entièrement lambrissés et décorés de fourrures et de trophées de chasse (dont une imposante tête d’élan tenant à peine dans l’escalier), et sont conduits au premier étage auprès dudit responsable, Alphonse Dursterr, qui reste assis à son bureau mais dont ils soupçonnent que le poids de l’imposante bedaine soit en grande partie soutenu par ses cuisses. De la discussion qu’ils ont avec lui, ils déduisent que sire Sulterr est un membre peu important de sa famille, qu’il a probablement été envoyé à Laelith pour l’éloigner de Lalitha, et que si les négociations ne tournent pas à l’avantage des Sulterr, cela leur importera peu ; ni d’ailleurs à Lalitha, car les parts de marché seront récupérées par d’autres familles lalithiennes aux négociateurs plus habiles. Il leur déclare cependant qu’il parlera à sire Sulterr et fera son possible pour assurer sa sécurité.
L’heure du déjeuner vient. Si Naïd et Rosaline se contentent de brochettes achetées à un vendeur ambulant sur le grand marché, Eorl, Asric et Bergarian sont pour leur part au cornemuseux bleu (qui a pu ouvrir après l’enlèvement du corps et le nettoyage de la grande salle), où ils assistent à l’arrivée de sire Sulterr, qui se lève encore plus tard que la veille et déclare à son compagnon de table (le demi-elfe aux cheveux blancs ébouriffés qui l’accompagne aux négociations et fait office de secrétaire comptable particulier) que ses maux de tête persistent malgré le traitement et qu’il est encore plus fatigué qu’à l’ordinaire. Il affirme n’avoir rien entendu de ce qui s’est passé la nuit dernière dans la taberge, et apprenant la mort brutale du maître de musique du théâtre, il se lève, repoussant bruyamment sa chaise, et annonce d’une voix forte à la cantonade qu’il offre une récompense à quiconque permettra de mettre la main sur le tueur.
Eorl intervient dans la conversation entre sire Sulterr et son secrétaire et suggère que, si ce sont les négociations et la comptabilité qui donnent mal à la tête au chevalier, un peu d’action lui ferait le plus grand bien. Il lui propose donc de venir patrouiller dans les rues du quartier cette nuit avec la compagnie de la Canneberge. L’offre tente manifestement sire Sulterr, mais il la décline à regret en expliquant que la potion qu’il prend chaque soir l’endort et qu’il sait très bien qu’il ne pourra donc rester éveillé pour épauler les aventuriers.
Sous prétexte de repérer la disposition des lieux à l’étage pour savoir où il serait le plus judicieux de s’installer pour monter la garde cette nuit, Eorl monte à l’étage pendant que Drusilla, l’une des trois servantes de la taberge, y est affairée à faire la chambre du chevalier. Sous prétexte de lui demander si elle n’a rien remarqué d’étrange sur les lieux, il pénètre dans la chambre pour examiner l’armure du chevalier (disposée sur un portoir) et tirer partiellement son épée longue du fourreau : il constate qu’elle ne porte pas de traces de sang.
Naïd retourne chez Kiralie pour prendre livraison du traitement contre les migraines qu’il lui a demandé, qui se présente sous la forme d’une poudre à dissoudre dans un liquide, et d’une fiole de liquide du même bleu que la potion livrée la veille à sire Sulterr, afin que la substitution se fasse de façon crédible. Puis, personne n’ayant eu de nouvelles de Tobert depuis qu’il a quitté la Canneberge ce matin, il se rend au Comptoir de l’aventure. Son camarade ne s’y trouve plus, mais il apprend qu’il était bien là pendant la matinée. Après avoir infructueusement tenté lui-même de recruter du monde pour étoffer la compagnie de la Canneberge, il retourne auprès de ses compagnons à la taberge du cornemuseux bleu.
C’est là que Tobert finit par arriver, en compagnie d’une jeune femme châtain foncé d’une vingtaine d’années vêtue de cuir noir, qu’il présente comme Taonnée, la nouvelle recrue de la compagnie pour remplacer Sardjo. Ladite recrue, récemment arrivée à Laelith d’une lointaine contrée occidentale, est quelque peu interloquée lorsque Naïd en guise de présentation lui demande quels rites funéraires elle souhaite et à qui il faudra remettre ses possessions après sa mort… L’adepte d’Ahto lui explique qu’il s’agit désormais d’une procédure standard lorsqu’un nouveau intègre la compagnie.
Le soir, le garde envoyé par Rumboile pour intercepter la potion se présente au cornemuseux bleu. Naïd commence à élaborer un plan pour qu’ils s’échangent discrètement leurs flacons respectifs dans la salle de la taberge sans que sire Sulterr, rentré des négociations à l’ambassade en se plaignant d’avoir mal au crâne (et également soif, puisqu’il commande une chope de bière), ne s’aperçoive de rien, mais le garde l’arrête rapidement et lui propose tout simplement qu’il lui confie d’ores et déjà la fiole à remettre au chevalier : ce dernier ne saura pas si la mixture qui lui est remise sort de sa poche gauche ou bien de sa poche droite… Naïd, qui s’attendait à tomber sur un garde obtus (pur préjugé de sa part, car pour ce qu’ont pu en constater les aventuriers, les gens du poste du cobalt sont raisonnablement compétents et font de leur mieux avec le peu de moyens qui leur sont octroyés), accepte, après avoir lourdement insisté sur l’importance de bien agiter le flacon avant de le remettre à son destinataire, pour que la poudre y soit bien dissoute.
Le moment venu, le garde procède à l’échange, apporte la potion à sire Sulterr (qui attend la fin du repas pour la verser dans son verre de vin, qu’il avale cul sec en faisant la grimace avant d’aussitôt monter se coucher) et remet le flacon apporté par le commis de Solstgang à Naïd, qui se précipite chez Kiralie. Cette dernière regarde la mixture d’un air soupçonneux, déclarant qu’elle ne lui évoque aucun remède contre la migraine qu’elle connaisse, débouche la fiole, la renifle, y trempe un doigt qu’elle porte à sa bouche pour le sucer, fait une petite grimace et dit à son interlocuteur de revenir le lendemain après-midi pour connaître les résultats de ses analyses. Après lui avoir recommandé la prudence, au prétexte qu’il soupçonne la potion d’avoir des effets délétères sur qui l’ingère, Naïd rejoint le reste de la compagnie.
Les aventuriers se répartissent pour la nuit comme ils en avaient convenu dans l’après-midi : Eorl, Tobert et Taonnée resteront à la taberge tandis que les quatre autres veilleront sur le théâtre et les huit membres survivants de la troupe.
Eorl envoie Taonnée écouter à la porte de la chambre de sire Sulterr. Elle redescend une demie-heure environ après que le chevalier soit monté se coucher, en annonçant qu’il n’est pas endormi et qu’il fait des bruits métalliques. Quelques instants plus tard, sire Sulterr apparait en armure, l’épée au côté, à la stupéfaction de son secrétaire comptable qui le croyait assommé par son traitement, se dirige droit vers Eorl et lui dit : « Venez, allons patrouiller pour protéger la populace de ce quartier ! »
Eorl, peu rassuré à l’idée de se retrouver seul avec le principal suspect des meurtres, n’a guère d’autre choix que de s’exécuter…
Tandis qu’Eorl et le chevalier circulent dans les rues du quartier, se relayant avec Tobert et Taonnée, le reste de la compagnie se retranche dans la salle du théâtre, où les aventuriers ont rassemblé les artistes sur la scène avec des literies de fortune.
Commence alors une longue attente. Le seul évènement notable survient lorsqu’Eorl et sire Sulterr entendent un braillard massacrer un chant d’opéra lyrique : il s’agit du facteur d’instruments de musique, qui chante faux mais si fort qu’on l’entend à l’extérieur de son établissement. Il refuse de baisser d’un ton pour permettre à ses voisins de profiter de la quiétude de la nuit, et déclare avec véhémence qu’il « emmerde l’Éventreur de Laelith » (entre autres personnes).
La nuit se passe sans autre incident notable. Au matin, les aventuriers se rendent au poste du cobalt pour y faire un rapport à Rumboile et prendre des nouvelles : il semblerait qu’aucun meurtre n’ait été commis dans le quartier. Ils décident d’attendre les résultats de l’analyse de la potion interceptée avant de s’intéresser de près à l’herboriste Solstgang (dont Rumboile leur a appris que sa femme ne sortait jamais de chez elle, ce qui les conduit à imaginer qu’il puisse s’agir de Khaana ; certes, cela fait environ quatre ans que le couple a repris l’herboristerie de son prédécesseur, donc cela ne collerait pas très bien avec leurs récents démêlés avec la sorcière ; mais allez savoir…). En attendant, ils rentrent à la Canneberge pour y dormir un peu.
(à suivre)