Misanthropie

Vous connaissez peut-être ce passage de l’œuvre du regretté Pierre Desproges, où il explique en gros qu’il est persuadé que « le type qui a inventé l’espèce de fil rouge autour des portions de crème de gruyère » est un pervers qui en veut à l’humanité ? (c’était le sujet de l’une de ses fameuses Chroniques de la haine ordinaire)
Eh bien, je pense que le type qui a inventé l’autocollant qui ferme le haut des boîtiers de disques pour qu’on puisse en lire le titre dans le bac du disquaire (ce qui pourrait à première vue passer pour une bonne idée) fait partie de la même engeance misanthropique.
Déjà, j’aime pas les autocollants genre « nice price », ou « parental advisory : explicit lyrics », ou encore « digitally remastered », qu’on fout sur les boîtiers eux-mêmes au lieu de les coller sur l’emballage plastique. Ça se décolle rarement bien, et il reste presque toujours, soit un bout de papier, soit une trace de colle, sur le boîtier (le pire, c’est quand ils en mettent sur un digipack : ils sont indécollables sans abîmer le carton). Mais bon, au moins, ça n’empêche pas d’accéder au disque, et on peut tranquillement tenter de les décoller tout en écoutant la musique…
Tandis que l’autocollant qui ferme le haut des boîtiers, lui, on dirait qu’il a été conçu pour empêcher l’accès au disque. Impossible de se détendre au moyen de la musique qui adoucit les mœurs avant d’en être venu à bout. Ce qui ne va jamais sans peine…
Oh, certes, il y a bien une extrémité non encollée sur laquelle on est censé tirer pour le défaire. Mais appliquer cette méthode conduit inévitablement à déchirer l’autocollant en plusieurs morceaux qu’il faudra décoller péniblement un par un, sans pour autant permettre l’ouverture du boîtier. Et ce, quel que soit le sens dans lequel on tire…
Et même une fois les morceaux suffisamment décollés pour qu’ils ne constituent plus un obstacle à l’ouverture, il restera à s’occuper des fines bandelettes d’autocollant qui adhérent étroitement aux arêtes du boîtier ; des petits morceaux difficiles à saisir, que ce soit sur le boîtier au départ ou sur les doigts ensuite, qui restent à chaque extrémité ; et je ne vous parle même pas des traces de colle de chaque côté.
Si encore cet autocollant était apposé sur l’emballage, il n’y aurait pas de souci : on l’enlèverait en même temps que le reste du plastique, sans difficultés. Mais non, ce serait trop pratique pour l’usager sans doute…
Et à l’heure où une part de plus en plus importante des ventes se fait par correspondance, donc sans que l’acheteur ne fouine dans un bac à la recherche d’un titre précis, je me demande vraiment pourquoi certaines maisons de disques s’acharnent à enquiquiner le consommateur avec une telle preuve de sadisme gratuit.

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2 réponses à Misanthropie

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