Fracture numérique, bis

Mais vous êtes un petit malin.

Car vous savez pertinemment comment faire pour échapper à la misère tiers-mondiste qui règne ici : ça vous coûtera un peu plus cher, mais c’est pas grave : vous ne déménagez plus votre ligne téléphonique et tout ce qui va avec, vous vous contentez d’ouvrir une nouvelle ligne, en expliquant à la ptite dame gnangnan à l’autre bout du fil, arc-boutée sur son « c’est pas possible monsieur », que c’est exactement pareil que si vous preniez une résidence secondaire : vous faites installer une deuxième ligne téléphonique, et bien entendu, vous faites ouvrir une deuxième connexion internet ; et une fois que ceci sera fait, vous résilierez la première. Et tant pis pour la messagerie actuelle, malgré son insistance horrifiée, vous vous en foutez, vous ne vous servez pas de celle-ci. Ce qui vous importe, c’est de conserver un accès ouvert en permanence.

Et c’est là que vous auriez dû vous méfier : pasque la ptite dame, à laquelle que vous croyiez avoir finalement réussi à faire comprendre ce que vous vouliez, n’a même pas cherché à comprendre. Elle s’en fout. Elle ne connait qu’une chose, c’est la procédure by the book. Le reste, tout ce qui sort de l’ordinaire, comme un client qui n’en aurait rien à foutre de perdre sa messagerie ou de payer double tarif pendant un mois, ce n’est pas possible, ça ne peut pas exister. Donc elle vous dit « d’accord » pour vous faire plaisir, vous raccrochez content de votre coup, et derrière… elle lance sa procédure standard, officielle, approuvée par le Comité central du Parti. La seule qui existe dans son petit esprit sans imagination.

Vous, naïf et insouciant, vous vous dites que finalement, tout va bien se passer, que vous avez été plus rusé que la machine administrative, même si vous allez perdre un peu de flous dans l’affaire.

Et puis vous êtes rattrapé par la dure réalité : deux jours plus tard, vous êtes tiré de votre sieste par la ptite dame qui vous rappelle pour vous dire que finalement, ça ne sera pas possible.

Déjà, on vous a arraché au plumard au beau milieu d’un rêve dont vous ne vous souvenez déjà plus, ce qui ne vous met pas franchement dans des conditions idéales pour accueillir sereinement et patiemment ce genre de déclarations. Surtout quand elle ajoute que vous n’aviez pas voulu comprendre l’autre jour, alors que c’est ELLE qui a refusé de vous écouter.

Mais c’est pas grave, vous allez lui réexpliquer : vous NE déménagez PLUS votre ligne. Vous en ouvrez juste une nouvelle à cette nouvelle adresse. Et sur cette nouvelle ligne, vous voulez aussi une connexion internet.

Et là, imperturbable, la ptite dame vous annonce que c’est trop tard. Que votre ligne va être déménagée. Que vous ne pouvez plus rien faire pour stopper ça. Que plus personne ne peut stopper ça (au passage, si un mauvais plaisant s’était fait passer pour vous pour faire déménager votre ligne téléphonique à Pétaouchnok-les-Bains, vous l’auriez dans l’os : le temps de recevoir un courrier pour vous le confirmer, ce serait trop tard… surtout si le plaisantin l’a fait envoyer à votre « nouvelle adresse ». Il n’y a rien de sécurisé, il suffit de connaître les coordonnées de la personne, et on peut lui faire cette mauvaise blague absolument imparable). Que non, il n’est pas possible de vous ouvrir une nouvelle connexion internet à votre future adresse, puisque vous en avez déjà une qui va être déménagée et qu’ils ne peuvent pas vous en ouvrir deux. Et que donc, vous allez rester sans connexion pendant un temps indéterminé.

Et quand vous demandez des explications, quand vous osez râler (car vous estimez, à juste titre, qu’il y a largement de quoi râler), la ptite dame a cet argument imparable : c’est VOUS qui ne l’avez pas écoutée l’autre fois. C’est VOUS qui n’avez pas voulu comprendre.

Vous, vous constatez surtout que c’est elle qui a lancé le déménagement de la ligne alors que vous lui aviez demandé de ne plus procéder ainsi (« Arrêtez tout. Je ne déménage plus. », que vous lui aviez dit), mais à quoi bon le lui faire remarquer ? Dans sa tête, il y a une certitude absolue : c’est ELLE qui a raison. Vous êtes face à un mur, un mur mou certes tellement elle est gnangnan, mais un mur quand même.

En clair : c’est ELLE qui a fait une connerie, sans votre accord, sans que vous n’ayiez rien signé, mais c’est irréparable (c’est en tous cas ce qu’elle vous affirme) et c’est VOUS qui en pâtissez.

BREF : résultat des courses : non seulement ce blog sera mis à jour à une fréquence des plus irrégulières pendant une durée indéterminée (vu que je vais devoir pour cela squatter les connexions des autres, ou utiliser celle du boulot, qui est filtrée et ne me permet pas d’aller partout, selon une logique que je n’arrive pas vraiment à saisir : par exemple, on peut aller sur le site de l’Équipe, hautement utile dans un cadre professionnel, mais Boules de Fourrure est bloqué pour pornographie, cherchez l’erreur), mais je suis dans la merde pour (entre autres) coordonner mon déménagement, l’organisation s’en faisant jusqu’à présent par internet interposé, justement.

Mais ça, la ptite dame au bout du fil, elle s’en fout, puisqu’elle m’a expliqué que je pouvais toujours consulter ma messagerie en ligne.

Ouais, et je fais comment si j’ai pas de connexion, grosse maline ?

Au moins huit jours, je vois venir gros comme une maison que ça va durer bien plus longtemps, c’est pas encore commencé, et j’en ai déjà marre.

Je commence vraiment à penser sérieusement à abandonner mes principes, puisqu’en face on les a abandonnés depuis longtemps, et à changer de fournisseur d’accès.

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