C’est sans doute ce que Moltke l’Ancien aurait dit s’il avait été MJ. Et c’est la raison pour laquelle il est parfois délicat de prévoir son arc de campagne trop tôt.
J’ai lancé deux nouvelles campagnes de Traveller en parallèle ce ouéquande. Dans les deux cas, il ne s’agissait pour l’instant que d’un scénario de départ permettant d’associer les persos ; je n’avais pas encore d’idée arrêtée sur ce qui se passerait ensuite.
Et bien m’en a pris. Car si l’introduction de la seconde campagne s’est déroulée à peu près conformément à mes plans, celle de la première s’est terminée de façon totalement inattendue : un superbe échec critique du pilote au moment d’un saut, presque à la fin du scénario, a envoyé le vaisseau des persos bien loin de tout lieu où je comptais faire jouer.
Heureusement que c’est arrivé à la fin, car s’il m’avait fait le coup au début, j’aurais été bien embêté pour retomber sur mes pattes en improvisant tout du long ; en particulier parce que ça a envoyé le vaisseau dans une région que je connais à brûle-pourpoint assez mal.
Mais finalement, ce déplacement inattendu (et non désiré) m’offre en tant que scénariste des possibilités très intéressantes pour le développement de la suite ; avec en particulier l’occasion peut-être d’insérer les actions futures des persos dans les évènements historiques à venir sous peu.
Et ça, ça pourrait bien donner une campagne mémorable… même si je vais avoir plus de boulot que prévu pour préparer tout ça.
C’est un des charmes « picaresques » de Traveller qu’il peut mieux s’adapter que d’autres jeux à un voyage improvisé sans but précis.
Il suffit d’avoir quelques caractéristiques des systèmes solaires et ils peuvent un peu se ballader. L’ennui est qu’il vaut mieux que la campagne n’ait pas alors de chronologie préétablie trop rigide.
Je me souviens qu’une fois (on jouait la vieille aventure Expedition to Zhodane) je priais pour qu’il n’y ait aucun « Misjump » ou bien tout aurait été loupé. Bon, j’aurais probablement triché ou relancé.
> C’est un des charmes « picaresques » de Traveller qu’il peut mieux s’adapter que d’autres jeux à un voyage improvisé sans but précis.
C’est en principe valable pour tout bon bac à sable, mais il est vrai que Traveller s’y prête particulièrement bien.
Mon seul problème dans le cas présent est que pour moi, l’OTU est un contexte « à canon lourd », donc que je ne peux pas (et surtout, ne veux pas) m’y permettre n’importe quel type d’impro. C’est pourquoi, si l’évènement avait eu lieu en plein cœur du scénario, j’aurais plus ou moins choisi la direction dans laquelle le vaisseau se perdait, afin de retomber plus facilement sur mes pattes, au lieu de m’en remettre aux dés comme je l’ai fait puisque ça me permettait de finir « proprement » la séance.
J’aime bien être forcé d’improviser sur des bases que je n’ai pas choisies moi-même (tiens, je pourrais faire un billet à ce sujet), mais de préférence au calme, sans contrainte de temps courte, et soutenu par le contenu de ma ludothèque ; pour une impro en cours de partie, je préfère rester sur des choses que je connais et qui ne nécessitent pas de faire appel aux parties débridées de mon imagination…
D’abord il s’agissait d’un échec critique du mécano, non du pilote. Ensuite, le MJ peut très bien choisir de ne pas en tenir compte, ou dans des proportions moindres. Entre autres pour ça que je plaide pour que les joueurs ne lancent pas de dés, comme ça le MJ n’est pas contraint de devoir se soumettre à la loi du très discutable échec critique…
Au lieu de raconter des conneries en tentant de faire porter le chapeau sur tes petits camarades (ou plutôt, de porter le chapeau à la place de tes petits camarades ?), tu ferais mieux de répondre aux deux questions du dernier message que je t’ai envoyé ! ;-)
Je me cite une anecdote:
à Traveller, au tout début d’une aventure, les PJ se rendent en vaisseau spatial à l’endroit ou débute l’aventure proprement dite. Le MJ fait un fumble aux dés lors du voyage superluminique: le vaisseau des PJ se perd dans l’espace, les PJ se mettent en hibernation, d’où ils sont récupérés quelque 30 ans plus tard.
Eh bien le MJ applique les résultats des dés comme si de rien n’était et recommence à zéro le scénario. Du style, les personnages s’interrogent: « eh bien mon capital a fructifié, puisque je ne l’ai pas dépensé, calculons les intérêts capitalisés », etc.
Cela m’a rendu très perplexe, ce MJ qui renversait lui-même son scénario même pas débuté pour se lancer dans l’impro, parce que les dés (qui ne servent qu’à faire du bruit derrière le paravent) lui ont dit « fumble »!
Dans ton cas c’est moins grave, car effectivement tu dis que tu n’avais pas vraiment prévu une suite détaillée, et le misjump est spatial, et pas trop temporel. En tout cas, c’est une décision difficile pour le MJ, à prendre j’imagine en très peu de temps : tricher et revenir dans les rails, ou bien partir en freestyle hors piste, ce qui peut donner des résultats plus ou moins bons ? :-(
> Dans ton cas c’est moins grave, car effectivement tu dis que tu n’avais pas vraiment prévu une suite détaillée
Oh, tu sais, même si j’avais prévu une suite détaillée, je n’aurais pas forcément cherché à m’y raccrocher : comme l’incident de saut a eu lieu à la fin de la séance (donc ne me force pas à improviser sans filet), du moment qu’il m’ouvre des perspectives intéressantes, pourquoi ne pas les développer ?
Là, la suite que j’entrevois me parait probablement aussi intéressante que n’importe quelle campagne que j’aurais pu avoir sous le coude… Et comme je vais avoir quelques jours de vacances, je vais pouvoir dégrossir tout ça et préparer mon prochain scénar… et également, me préparer à une éventuelle impro imprévue… ;-)
Mouais, faut l’avoir, ce temps pour re-préparer une campagne. y a des joueurs qui ont de la chance d’avoir un MJ prêt à remettre son ouvrage sur le métier! ;-)