Partant de l’usine tout à l’heure vers 13 heures pour aller me sustenter, je remarque sur le parking un type avec le profil du bon gestionnaire d’entreprise plein aux as, la soixantaine ou un peu moins, de la brioche, grosse bagnole qui doit bien consommer (et bien polluer), et quelques instants après cigare aux lèvres. Intrigué par son manège entre sa voiture et celle d’une de mes collègues, je le zieute du coin de l’œil tout en partant, et je le vois tout à coup qui, après avoir regardé en bas (sans doute pour vérifier qu’il n’y avait personne), jette quelque chose sur le talus…
Comme la route passe en contrebas du parking, je jette un œil et vois une boîte de cigares vide. J’aurais pu remonter aussi sec, lui courir après et lui dire ma façon de penser, mais je n’avais guère le temps. Par contre, au retour, constatant que le détritus était bien entendu toujours en place, je suis descendu le ramasser, et l’ai collé sous l’essuie-glaces du malpropre en inscrivant dessus l’emplacement de la poubelle la plus proche (à trois mètres de l’itinéraire que ce gros sale allait suivre en quittant le parking à pied).
Je m’attends évidemment à retrouver la boîte sur le talus demain matin en retournant bosser. Mais on ne sait jamais, peut-être que ça aura provoqué le déclic amorçant une prise de conscience écologique, même mineure…
Quoi qu’il en soit, encore une fois je constate avec lassitude que les mentalités de mes concitoyens n’évoluent guère. Car je suis persuadé que, si j’avais interpellé le pollueur pris sur le fait, ça aurait abouti, soit à une engueulade (car il n’aurait sans doute pas apprécié qu’on lui mette le nez dans son caca), soit à une attitude du genre de celle qu’on voit en haut à droite de la petite bédé ci-dessous.Bédé de Jean-Michel Bonnemoy parue dans Le Mulot (n° 3) en juillet 1977, il y a donc plus de trente-quatre ans… Soit à une époque où le goret en question était encore relativement jeune et sans doute en âge de changer de mentalité plus facilement qu’aujourd’hui.
Mais comme quoi un geste qui me parait élémentaire ne l’est vraiment pas pour tout le monde. Alors comment voulez vous espérer que l’humanité (à commencer par sa variété occidentale, dite riche) se mobilise pour tenter de sauver sa planète, en supposant qu’il ne soit pas déjà trop tard ?