L’évènement qui fait la « une » d’internet aujourd’hui, c’est la fermeture brutale du site megaupload par les autorités américaines.
Indépendamment du fond du problème (le piratage, l’hébergement en toute connaissance de cause de contenus piratés tout en clamant être blancs comme neige, etc…), sur lequel personne n’est dupe, ça m’amène un certain nombre de réflexions.
– d’abord, le fait que ça survienne 24 heures après le blackout anti-SOPA de l’internet américain est un peu gros pour être une simple coïncidence : j’y vois plutôt un signal fort (genre bras d’honneur, mais à la puissance mille) adressé par les autorités américaines (ou par les agences qui devraient leur être soumises) aux défenseurs de la liberté d’internet.
– se pose ensuite le problème de la méthode : en faisant fermer megaupload de force, les cowboys du FBI se sont essuyé les bottes sur les utilisateurs « honnêtes » du site : les couillons qui l’employaient pour partager des fichiers personnels farpaitement légaux.
On peut déblatérer sur la naïveté de ceux qui confiaient leurs documents à une plate-forme de piratage notoire qui risquait d’être tôt ou tard rattrapée par la justice, mais si les naïfs ne devaient s’en prendre qu’à eux-mêmes lorsque les autorités outrepassent leurs pouvoirs, nos prétendues démocraties occidentales seraient encore plus totalitaires qu’elles ne le sont déjà.
Et des solutions techniques autres existaient pour « résoudre » le problème.
– je passe sur l’intervention d’une agence purement américaine dans des États souverains. Que je sache, ni la Nouvelle-Zélande ni Hong-Kong ne sont le cinquante-et-unième État de l’Union.
Quelles vont être les conséquences de tout ça ?
Pour le piratage, à part les sanctions qui seront éventuellement infligées à ceux qui ont été attrapés dans l’affaire, strictement aucune : des sites de partage peu regardants sur la faune qui les fréquente et le contenu qu’ils hébergent (deux caractéristiques qui dans le fond me semblent être le signe d’un bon site de partage), c’est pas ça qui manque. Je ne donnerai pas de noms, vous en connaissez peut-être plus que moi. Et je ne suis pas certain que les autorités russes se montreront aussi serviles que leurs homologues néo-zélandaises ou hongkongaises quand l’oncle Sam voudra faire pareil avec certains de ceux qui se trouvent sur leur territoire.
Pour la liberté d’internet par contre, c’est salement inquiétant. Pasque ça prouve, pour ceux qui ne voulaient pas encore l’admettre, que les Américains ont les moyens de garder la main sur l’ensemble du réseau, y compris les parties situées hors de leur territoire. Peut-être quand même que ça fera avancer plus vite le développement d’un réseau vraiment libre, techniquement possible mais dont on est encore loin dans la pratique, en montrant la gravité de la situation actuelle. Pasque de vous à moi, aujourd’hui c’est « juste » megaupload et Obama président, demain ça sera peut-être des sites évolutionnistes, ou pro-avortement, ou droits-de-l’hommistes, ou simplement anti-américains, sous un vieux réac encore pire que dobeuliou…
Et puis il y a encore quelque chose d’autre qui me gêne, c’est la réaction du bouffon élyséen, qui s’est empressé d’approuver l’action du FBI, montrant bien, s’il en était encore besoin, qu’il s’intéresse plus aux intérêts des industriels de la (sous-)culture que des libertés des individus.