Ça y est, le décret imposant à tout automobiliste, même s’il ne boit pas une goutte d’alcool, de disposer d’un éthylotest à bord de son véhicule est passé.
J’ai déjà dit ici-même il y a trois mois ce que je pense de cette mesure ridicule. Mais après avoir pris connaissance des termes précis du décret, deux points supplémentaires me choquent :
– d’abord, l’éthylotest doit être non usagé. C’est logique, certes. Mais ça signifie aussi que, si un conducteur ayant un peu bu souhaite vérifier son taux d’alcoolémie avant de prendre le volant, il ne pourra de toutes façons pas conduire : soit il aura dépassé le seuil autorisé et devra attendre d’éliminer suffisamment, soit il sera dans les clous pour ce qui est du taux, mais n’aura plus à son bord qu’un éthylotest usagé. À moins évidemment d’investir dans deux de ces gadgets… donc de payer deux fois plus cher.
– ensuite, l’éthylotest doit respecter la date de péremption prévue par le fabricant (ainsi que d’éventuelles autres conditions de validité ; je me demande à ce sujet si le conserver à bord d’un véhicule soumis en été ou en hiver à d’importants aléas thermiques n’a pas une incidence sur sa fiabilité ; faudra t-il en plus prouver qu’on le conserve dans des conditions convenables ?). Ce qui signifie que le racket sera renouvelé d’autant plus fréquemment que la durée de vie de ces machins est étonnamment courte (à peine quelques années).
Bref, on n’a pas fini de banquer pour enrichir les fabricants (car tout ce pognon qu’on nous impose de jeter par les fenêtres n’ira même pas dans les caisses de l’État), sans qu’il n’y ait d’effet mesurable sur les accidents liés à l’alcool. Pasque tant que les gendarmes se préoccuperont plus de vérifier si chaque conducteur a bien avec lui son ballon non périmé, au lieu de le faire souffler dans un appareil étalonné, la conduite en état d’ivresse aura de beaux jours devant elle ; et avec elle, ses conséquences dramatiques.