Compte-rendu d’une partie de Traveller.
Remarque : les évènements ayant fortement divergé du cours initialement envisagé, et le rédacteur n’ayant pris aucune note pendant la partie, il n’est pas impossible qu’il y ait quelques légères divergences entre le récit ci-dessous et ce qui a réellement été joué. Ces divergences sont mineures et ne changent rien au déroulement global des faits.
Ayant appris que ses anciens collègues Alain Quiet et Camille Gallimar, actuellement hébergés dans sa propriété motmosienne pour quelques jours, avaient l’intention de voyager dans l’Au-Delà à bord de Perché au Sec, Gordon Philéas, le patron des entreprises Philéas, les en dissuade énergiquement : non seulement il estime que s’aventurer dans la zone avec un vaisseau aussi mal armé serait une pure folie, mais en plus, avec un moteur de saut de classe 2, ils ne pourront pas aller très loin dans le Bras Troyen.
Par contre, il leur propose de participer pour son compte à une expédition dans l’Au-Delà qu’il est en train de mettre sur pied conjointement avec le Baraccaï Technum. Et comme ladite expédition n’en est encore qu’au stade de projet, il leur demande s’ils voudraient bien en attendant se charger d’un petit transport discret pour son compte : il s’agirait d’aller sur Tarse (Marches Directes / District 268 1138) capturer un couple de cabochards (d’énormes pachydermes herbivores grégaires et migrateurs), et de les ramener sur Motmos pour son zoo privé. Il espère même être le premier à réussir à acclimater et à faire reproduire ces animaux hors de leur planète d’origine. Pour cette mission, ils seraient accompagnés de Samir Kasserough, un jeune vétérinaire de 24 ans, fraîchement émoulu de l’école, et qui vient d’être recruté pour seconder Roger Bacrier. Nos amis acceptent et se penchent sur la préparation de l’opération.
Gordon Philéas et ses vétérinaires estimant préférable de choisir des animaux « semi-domestiques », plus ou moins accoutumés à la présence d’humains, il faudra agir dans la plaine de Nob, où la plupart des troupeaux sont la « propriété » (si tant est qu’on puisse se déclarer propriétaire d’animaux migrateurs hors de tout enclos) de l’un des multiples ranches qui vivent des cabochards. Il conviendra donc d’éviter de se faire repérer.
Les spécimens choisis seront endormis au fusil hypodermique, puis, les cabochards étant volumineux et pouvant peser jusqu’à environ quatre tonnes, ils seront chargés à l’aide d’un treuil, d’abord sur une aéromobile, puis dans la soute du vaisseau. L’aéromobile des aventuriers n’étant pas prévue pour transporter des chargements encombrants, ils se font prêter en remplacement un modèle Hégire de chez LSP, aux vitres teintées, pas forcément très pratique avec ses portes latérales, mais qui leur permettra de prétendre être de simples touristes venus observer la migration des troupeaux (une activité qui attire chaque année sur Tarse des dizaines de personnes) tout en pouvant caser un animal dans la partie arrière, dont les sièges ont été démontés.
Pour le transport des deux animaux, Philéas a prévu deux cages, qui occuperont la quasi-totalité du volume de la soute de Perché au Sec. Camille demande à ce qu’elles soient pourvues de bacs dans lesquels pourront s’accumuler les déjections des animaux, afin de faciliter le nettoyage de la soute. Il fait également démonter les cages, craignant qu’elles ne soient suspectes dans le cas d’un éventuel contrôle douanier dans le système de Tarse.
Les cabochards nécessitant une assez importante quantité de fourrage pour le trajet, les aventuriers se font également fournir une petite faucheuse-botteleuse robotisée, afin de procéder eux-mêmes à la collecte nécessaire.
Pour le franchissement de la douane motmosienne, les cages seront dissimulées dans des conteneurs dont le contenu sera présenté comme des matériaux de construction. Philéas fait préparer de faux documents commerciaux pour les accompagner.
Enfin, nos amis se renseignent sur Tarse en consultant en particulier la BDDI.
Une fois les préparatifs terminés, Perché au Sec quitte Motmos le 061-1106, à destination de Tarse.
Arrivés sans encombre dans le système de Trexalon (Marches Directes / District 268 1339), les aventuriers se dirigent vers la géante gazeuse la plus proche afin d’y ravitailler. Approchant de son orbite, ils sont hélés par un vaisseau provenant de la planète, qui leur intime l’ordre de mettre en panne et de se préparer à un contrôle douanier. Alain et Camille ont quelques appréhensions, le système de Trexalon ayant la réputation d’être un repaire de pirates, mais il s’agit bien d’un vaisseau de défense intra-système tout ce qu’il y a de plus légitime, qui procède à une simple inspection de la soute et des papiers du vaisseau et de ses occupants, avant de laisser Perché au Sec repartir. Après avoir rempli les réservoirs, nos amis sautent donc vers le système de Tarse, où ils parviennent sans encombre environ une semaine plus tard.
Après avoir ravitaillé en écumant l’atmosphère d’Urfa, la plus proche des deux géantes gazeuses du système, Alain met le cap sur Tarse elle-même et, après s’être identifié auprès du spatioport orbital, est autorisé à se poser sur la planète. Lors de la descente, il largue Camille et Samir (à bord de l’aéromobile) au dessus de la plaine de Nob, avant d’aller se poser au spatioport bas de Terreneuve, la capitale planétaire. Là, après s’être acquitté des taxes spatioportuaires, il achète et se fait livrer suffisamment de foin pour nourrir deux cabochards sur le trajet du retour, jugeant cette solution plus simple et plus pratique que l’utilisation de la faucheuse. Puis il s’attelle à la tâche d’assembler les deux cages dans la soute du vaisseau.
Pendant ce temps, Camille et Samir survolent la plaine de Nob, observant les troupeaux et les aéromobiles des ranchers qui les suivent. Les cabochards se dirigent vers le sud en courant à une vitesse d’environ quarante kilomètres/heure, pendant des heures, sans jamais s’arrêter : ce n’est que lorsque la nuit tombera qu’ils s’arrêteront pour brouter et se reposer, explique Samir qui s’est visiblement bien documenté sur les mœurs de ces animaux. Les occupants de l’aéromobile assistent à d’impressionnantes scènes de traversée de cours d’eau, lors desquelles le passage de centaines, voire de milliers, d’animaux érode complètement les berges. Ils remarquent également des meutes de petits prédateurs qui suivent la migration à une courte distance, attendant qu’un animal plus faible ou un jeune soit distancé pour lui sauter dessus en groupe.
Abordés par un rancher à bord d’une aéro utilitaire, ils jouent les touristes et se font enjoindre de ne pas effrayer les animaux.
Ils finissent par jeter leur dévolu sur une petite harde de quelques dizaines d’individus, qui n’est suivie par personne. Ils se coordonnent avec Alain pour que celui-ci vienne les rejoindre avec Perché au Sec une fois la nuit tombée (ce qu’il fait en prétextant qu’il se rend dans le Grand Océan Polaire pour y ravitailler en hydrogène), puis, le troupeau s’étant finalement arrêté, ils jettent leur dévolu sur un jeune mâle que Samir atteint d’une fléchette depuis l’aéromobile en vol stationnaire à une quinzaine de mètres d’altitude. Une fois l’animal endormi (au bout d’environ un quart d’heure), Camille pose l’engin à proximité et les deux hommes s’affairent à treuiller leur proie à bord après lui avoir passé des sangles. Ceci fait, ils reprennent l’air pour se diriger vers le point de rendez-vous avec leur vaisseau. Là, avec l’aide d’Alain, ils hissent l’animal dans sa cage, avant de repartir à la recherche d’une femelle.
Resté seul à bord de Perché au Sec, Alain remarque sur ses écrans qu’un vaisseau d’environ deux cents tonneaux (probablement un Beowulf) passe non loin dans la haute atmosphère, avant de descendre se poser sur la plaine à quelques kilomètres de là.
Le troupeau qu’ils suivaient s’étant enfui lorsqu’ils se sont posés tout à l’heure pour charger leur première capture, Camille et Samir s’éloignent à la recherche d’une autre harde. Ils circulent tous feux éteints, à la lumière des deux lunes Gloeh et Rond, afin de n’être pas remarqués par les ranchers, dont on voit parfois au loin les phares des aéromobiles et qui sont probablement occupés à dépecer leurs proies de la journée.
Tout à coup, Alain remarque deux loupiotes mouvantes qui viennent d’apparaître sur l’écran de vidéosurveillance de la caméra installée par Camille dans la cale : visiblement, deux individus ont pénétré silencieusement dans la soute, pourtant verrouillée. Et dans le faisceau de leurs lampes frontales, le pilote de Perché au Sec constate qu’ils sont armés de carabines ou de fusils, vêtus de blousons du SIEI, de pantalons solides et de gros brodequins, et que l’un d’eux est en train d’escalader l’échelle de coupée menant à l’écoutille permettant de passer du sas à la coursive menant entre autres au poste de pilotage. Il se précipite donc pour la verrouiller, puis décolle et tente d’entrer en contact avec les intrus via l’interphone, pour savoir de quoi il retourne, s’entendant alors déclarer par l’un d’eux sur un ton menaçant : « Vous avez quelque chose qui ne vous appartient pas. »
Supposant qu’il s’agit d’une référence au cabochard se trouvant lui aussi dans la soute, et présumant que les deux inconnus sont les hommes de main d’un rancher, Alain invoque le fait qu’il n’y avait pas de marques sur l’animal et leur fait remarquer qu’ils sont entrés illégalement à bord de SON vaisseau, mais son interlocuteur n’a pas l’air de se laisser impressionner. D’ailleurs, s’il ne voit plus dans le champ de sa caméra que les jambes de l’homme qui a grimpé à l’échelle de coupée, il entend gratter au niveau du mécanisme de verrouillage de l’écoutille : sans doute l’individu est il en train d’essayer de le crocheter.
Tentant de le faire tomber, Alain coupe la gravité dans la soute et secoue Perché au Sec dans tous les sens, alternant cabrés et autres positions inconfortables pour ses passagers indésirables, désormais à la merci de la gravité planétaire. Grâce à la caméra, il constate que celui qui était resté sur le plancher de la soute a été projeté à l’arrière et est probablement inconscient ; mais il semble également que la cage du cabochard ne soit pas amarrée correctement et ait un peu de jeu, sans compter que son occupant, qui s’est plus ou moins réveillé, ne semble guère apprécier le pilotage acrobatique de notre ami. Quant au deuxième intrus, après avoir été surpris par les brusques manœuvres et s’être retrouvé suspendu par une main à l’un des barreaux de l’échelle de coupée, il a finalement réussi à s’accrocher un peu mieux et résiste à toutes les tentatives d’Alain pour le décramponner.
Pendant ce temps, Camille (qui suit la situation grâce à son communicateur personnel) et Samir, après avoir dans un premier temps esquissé un demi-tour pour venir au secours d’Alain, ont finalement décidé de terminer ce qu’ils étaient initialement partis faire : ils ont réussi à endormir un nouveau spécimen et s’affairent à le charger à bord de leur Hégire, avant de rejoindre Perché au Sec.
À bord, la situation a un peu évolué : l’intrus qui était monté à l’échelle en est tout d’abord redescendu pour se rendre au fond de la soute, puis une légère explosion a eu lieu au niveau de l’écoutille : sans doute y avait il placé une petite charge explosive. L’écoutille n’est pas encore ouverte, mais si son système de verrouillage a été endommagé, plus rien ne fait obstacle à l’irruption des mystérieux individus sur le pont où se trouve le poste de pilotage… Le saboteur se tenant d’une main à la cage du cabochard, Alain incline brutalement le vaisseau sur le côté et l’animal, avec un barrissement de protestation, vient écraser de ses quelques tonnes les doigts contre le barreau. L’homme hurle de douleur, mais ne lâche pas prise.
Tandis qu’Alain enchaîne les modifications d’assiette pour forcer son passager indésirable à rester cramponné à la cage (l’autre intrus, toujours inconscient, est quant à lui ballotté d’un bord à l’autre de la soute), Camille et Samir foncent vers le vaisseau. Ils le rejoignent enfin, et Alain cesse ses acrobaties le temps de leur permettre de pénétrer sans difficulté dans la soute de l’aéromobile. L’intrus met à profit ce répit pour grimper à l’échelle de coupée, mais Camille, laissant Samir poser une voie veineuse à la femelle restée dans l’aéro afin d’en prolonger plus confortablement l’anesthésie, se place debout sur l’écoutille, son poids empêchant l’homme de l’ouvrir.
Alain s’éloigne à grande vitesse et basse altitude en direction du sud, puis trouve un endroit pour atterrir (atarsir ?). Tandis que Camille essaie de raisonner l’intrus, puis tente armé d’un pistolet une incursion dans la soute (vite avortée) avant de rester l’arme au poing au dessus de l’écoutille ouverte, attendant un éventuel passage de l’individu dans son champ de tir, il pose Perché au Sec, puis sort par le sas de la salle des machines après s’être armé de sa carabine de chasse. Il ouvre la soute de l’extérieur, restant prudemment sur le côté. Mais comme l’intrus, qui a désormais son fusil en mains, refuse de sortir doucement comme le lui a demandé Camille, il perd patience et l’abat froidement de trois balles en pleine poitrine.
Camille descend alors pour examiner l’autre intrus, qui n’est que blessé. Mais il souffre visiblement d’un traumatisme crânien et a besoin de soins plus poussés que ce qui pourrait lui être prodigué à bord de Perché au Sec. Après l’avoir fouillé (et avoir entre autres trouvé sur lui un petit appareil (endommagé suite aux multiples chocs subis) permettant de forcer les serrures électroniques (sans doute le moyen ayant permis aux deux individus de pénétrer à bord)), Camille l’abandonne sur le sol de la plaine, notant l’emplacement précis de l’endroit afin de prévenir les autorités une fois que le vaisseau se sera suffisamment éloigné. Alain décolle et vole à basse altitude en direction du sud, puis s’élève vers l’orbite et s’éloigne de la planète.
Perché au Sec atteint sans encombre la limite des cent diamètres, au-delà de laquelle il peut sauter, et, après une escale dans le système de Pavabid (Marches Directes / District 268 1238) pour ravitailler en écumant l’atmosphère de l’unique géante gazeuse et évacuer les déjections des cabochards, nos amis retournent à Motmos. Là, ils assemblent les conteneurs autour des deux cages, Samir se tenant prêt à anesthésier les animaux en cas d’approche d’un vaisseau des douanes. Les déjections sont à nouveau évacuées dans l’espace. Camille change le filtre du circuit d’air, le remplaçant par un filtre usagé afin d’expliquer au besoin l’odeur difficilement supportable régnant dans la soute après le séjour des deux cabochards pendant plus de deux semaines. Perché au Sec se pose le 106-1106 sur le tarmac du spatioport bas de Kinnipac. Le douanier venu contrôler la cargaison se contente d’étudier attentivement les documents et de vérifier la conformité des marquages des deux conteneurs. Après son départ, Camille contacte Gordon Philéas pour lui signaler qu’il peut envoyer un véhicule pour récupérer la marchandise. Très excité, le commanditaire fait lui-même le déplacement jusqu’au spatioport, et a même visiblement l’intention d’ouvrir les conteneurs dans la soute afin d’en admirer le contenu, mais nos amis l’en dissuadent, car ce ne serait pas prudent vis-à-vis des autorités. Et ce n’est qu’une fois de retour dans sa propriété que Philéas peut enfin contempler ses deux nouvelles acquisitions.
Alain et Camille estiment pour leur part préférable de ne jamais remettre les pieds sur Tarse, craignant que leurs démêlés meurtriers avec les hommes de main des ranchers ne leur attirent de graves ennuis.
Mais pourquoi est-ce que des rangers se promèneraient avec un appareil permettant de forcer les serrures électroniques? C’est un peu inutile quand on est en pleine nature en train de surveiller les cabochars, non? :) Depuis quand les rangers sont-ils hackers-ninjas urbains? Et puis le fait qu’ils soient dans le coin comme par hasard… Il y a un mystère là-dessous… Les héros seraient-ils surveillés? Un ami des animaux tenterait-il de saboter le zoo de Philéas? >:/
Oui, cela se confirme… c’est encore un coup de l’infâme Roger Bacrier… Il a prévenu les Tarsiens de l’opération, donné la description du Perché Au Sec… et il ne resta plus aux ranchers qu’à se mettre en embuscade avec un radar passif pour prendre Pierre Larousse et Louis Bescherelle, sur le fait, et s’emparer de leur aéronef pour eux-mêmes… Que va-t-il se passer pour nos valeureux, mais forts naïfs, scouts ? Vous le saurez dans les épisodes de la nouvelle saison d’Imaginos… car une nouvelle saison commence !
Ceci est un compte-rendu de partie.
Je n’ai pas dit que tout était tel que les persos l’ont vécu.
Ni d’ailleurs que tout sera un jour expliqué… ;-)