Maintenant que la campagne médiatique orchestrée par tonton Alias sur ce qu’a apporté le JdR à ses pratiquants blogueurs est terminée depuis plus d’une dizaine de jours, je peux à mon tour apporter ma pierre à l’édifice (ou la retirer, selon la façon dont ce qui va suivre sera interprété) ; car ce n’est pas franchement mon genre de suivre les modes (et puis, franchement, je ne voulais surtout pas me ranger sous une bannière arborant l’exécrable mot en R).
Que m’a apporté le JdR ?
Si vous m’aviez posé la question il y a quelques années de ça, j’aurais répondu très différemment, et me serais étendu sur divers apports, dont j’ai finalement réalisé qu’ils ne me venaient pas du JdR.
Car quand on réfléchit au sujet avec la tête froide ; en vrac :
Ce n’est pas le JdR qui m’a fait lire : je lisais déjà beaucoup avant.
Ce n’est pas le JdR qui m’a amené à m’intéresser à des sujets variés, histoire, astronomie et autres : je m’y intéressais déjà avant, et j’ai toujours été attiré par l’acquisition de nouvelles connaissances.
Ce n’est pas le JdR qui m’a apporté des amis : j’ai joué (ou je joue encore) au JdR avec mes amis, la nuance est d’importance.
Ce n’est pas le JdR qui m’a rendu créatif, ni qui m’a permis de canaliser ma créativité : j’imaginais déjà des histoires avant de jouer, je créais des mondes, je dessinais, etc…
Ce n’est pas le JdR qui m’a amené à la SF : je me suis juste plongé dans ces deux loisirs concomitamment.
Ce n’est pas le JdR qui m’a amené au metal : j’ai juste été initié par des amateurs avec qui je jouais, et puis j’écoutais déjà du rock dur avant.
Ce n’est pas le JdR (par la création de systèmes de simulation) qui m’a rendu bon en sciences physiques (pour la modélisation de certaines situations) : c’est le travail scolaire (et d’ailleurs, mon niveau actuel n’est plus que l’ombre de celui qu’il a été, alors que je continue à faire du JdR).
Etc…
Bref, quand on y réfléchit bien, ce que m’a apporté le JdR, l’influence qu’il a eu dans ma construction personnelle, dans ce qui a fait de moi ce que je suis, elle est finalement négligeable.
Alors, n’y a t-il rien à sauver, rien à dire en faveur du JdR ?
Si, deux choses.
Une certaine tout d’abord : c’est grâce au JdR que je lis couramment l’anglais. Sans le JdR, j’aurais un bon niveau scolaire, mais c’est tout : je ne vois pas quelle autre activité, parmi celles que je pratique (ou que j’aurais continué à pratiquer s’il n’y avait pas eu le JdR), m’aurait permis de développer à ce point ma maîtrise de cette langue.
Et une pas si certaine que ça : c’est peut-être le JdR, avec tous ces chapitres, voire ces suppléments entiers, sur les flingues et autres armes spéciales, qui m’a apporté les deux trois connaissances infuses qui m’ont permis de faire la différence lors des épreuves théoriques et donc d’obtenir l’affectation que je visais en sortie d’école quand j’étais militaire. Mais il ne faut pas oublier non plus que mon concurrent direct, arrivé juste derrière moi au classement (avec une différence de points minime), s’était contenté de faire le parcours en marchant, quand j’avais pour ma part fait l’un des meilleurs chronos.
Bref, l’influence bénéfique du JdR sur le développement des individus… à mon avis, elle est très surfaite.
Mais par ailleurs, je n’ai pas pour autant l’impression d’avoir souffert d’une quelconque influence néfaste du JdR, n’en déplaise aux tenants du jeu qui rend fou… Et ça, c’est quand même plutôt positif.
Intéressant.
Bon, c’est vrai que l’on ne voit pas trop le rapport entre pratique du JdR et metal ;
c’est vrai que le lien entre JdR et sciences physiques je ne le vois pas trop (donnez-moi des liens avec des vrais témoignages vécus…). Le JdR recherche des systèmes jouables, vaguement simulationnistes. Les sciences cherchent des modèles, même compliqués, même prise de tête…
Mais pour le reste, on ne m’ôtera pas de l’idée que le JdR a quand même été un facteur important pour ce que tu es. :)
– Voyons les amis: combien d’amis as-tu perdu de vue? Des gens que tu connaissais, mais avec qui tu ne pratiquais pas d’activité. Les amis avec qui tu joues sont restés des amis parce que tu joues avec eux. :) Bon, et puis tu rencontres des gens formidables avec les rôlistes (moi, par exemple ;)). OK, on a pas joué ensemble, mais on aurait pu ;)
– intérêt pour l’Histoire, l’astronomie, etc. OK tu l’avais déjà, mais n’est-ce pas le JdR qui te fait diriger ta main vers tel livre de fiction plutôt que de non-fiction; de non-fiction utilisable en JdR plutôt que l’autre qui n’a pas de relation? N’est-ce pas l’argument qui te pousse, « tiens, si je lis cela, il y aura peut-être des informations à utiliser dans mon scénar; il y aura peut-être des idées qui m’inspireront » ou carrément « je vais lire cela pour l’adapter au JdR ». Sans Traveller, t’intéresserais-tu autant à l’astronomie et à la Science-Fiction ? :)
Le JdR ne t’a pas poussé à la connaissance, mais je pense qu’il t’a maintenu l’appétit de connaissances :) (évidemment, c’est une preuve négative ;))
– lecture : le JdR te poussant vers des informations livresques, tu as conservé le goût pour la lecture. Par exemple, je pense que sans les copains gardés par le JdR et la motivation pour la lecture, tu te serais acheté un poste de télévision. :)
– intérêt pour la SF: bon, moi aussi j’ai mangé de la SF à 14 ans, et découvert le JdR en même temps. Mais comme j’ai découvert le genre « Cape et Epée » grâce au JdR, je me suis mis à lire beaucoup plus de romans historiques. Et puis idem pour les récits japonais, etc. ; pas sûr que j’en aurais lu sans avoir été au contact de ces univers via le JdR. :)
En conclusion, l’influence bénéfique du JdR sur le développement des individus est peut-être surfaite parce que, comme rôliste, nous avons tendance à la surestimer pour promouvoir le hobby. Toutefois, elle ne peut être mesurée, parce que on ne peut savoir si le passsé aurait été différent sans le JdR. Donc, l’influence bénéfique ne peut être sous-estimée non plus. :)
> Bon, c’est vrai que l’on ne voit pas trop le rapport entre pratique du JdR et metal ;
Ici, par exemple. ;-)
> c’est vrai que le lien entre JdR et sciences physiques je ne le vois pas trop (donnez-moi des liens avec des vrais témoignages vécus…). Le JdR recherche des systèmes jouables, vaguement simulationnistes. Les sciences cherchent des modèles, même compliqués, même prise de tête…
Là, tu me déçois. T’es pourtant de la bonne génération pour ça…
Tu n’as jamais calculé l’énergie cinétique d’une balle pour savoir les dégâts d’un flingue précis ?
Tu n’as jamais déterminé la vitesse de chute en fonction de la hauteur et de la gravité, pour savoir les dégâts de l’impact ?
Tu ne t’es jamais penché sur le calcul du refroidissement cutané par le vent (facteur Windchill) ?
Etc…
> Mais pour le reste, on ne m’ôtera pas de l’idée que le JdR a quand même été un facteur important pour ce que tu es. :)
Je n’ai pas prétendu le contraire.
J’ai simplement mis en évidence le fait que le JdR n’est pas LE facteur exceptionnel du développement de ses pratiquants qu’on veut trop souvent (se) le faire croire.
> – Voyons les amis: combien d’amis as-tu perdu de vue? Des gens que tu connaissais, mais avec qui tu ne pratiquais pas d’activité. Les amis avec qui tu joues sont restés des amis parce que tu joues avec eux. :)
Ou pas.
Le côté « social » du JdR est très surfait (et je ne parle même pas de la socialisation par le JdR).
> – intérêt pour l’Histoire, l’astronomie, etc. OK tu l’avais déjà, mais n’est-ce pas le JdR qui te fait diriger ta main vers tel livre de fiction plutôt que de non-fiction; de non-fiction utilisable en JdR plutôt que l’autre qui n’a pas de relation?
Évidemment.
Comme la plupart des gens qui ont le choix de leurs lectures, je lis en fonction de mes centres d’intérêt.
Ça ne veut pas pour autant dire que le JdR me fait lire ou m’incite à lire.
> Sans Traveller, t’intéresserais-tu autant à l’astronomie et à la Science-Fiction ? :)
Non seulement la réponse à ta question est indiscutablement oui, mais la question mériterait plutôt d’être posée dans l’autre sens.
> Le JdR ne t’a pas poussé à la connaissance, mais je pense qu’il t’a maintenu l’appétit de connaissances :)
Pour faire court, pasque ça fait partie des éléments personnels que je n’ai pas l’intention de développer publiquement sur internet : c’est faux.
> – lecture : le JdR te poussant vers des informations livresques, tu as conservé le goût pour la lecture.
L’influence du JdR sur mes lectures, à bien y réfléchir, serait plutôt de les avoir réduites, en me bouffant un temps phénoménal.
> Par exemple, je pense que sans les copains gardés par le JdR et la motivation pour la lecture, tu te serais acheté un poste de télévision. :)
Comme tu l’écris toi-même : « sans […] la motivation pour la lecture« .
J’ajouterai un autre facteur anti-télévision, qui n’est pas le JdR, loin de là, mais la musique.
Bref, aucun des éléments que tu tentes d’avancer ne vient à l’encontre de ce que j’explique dans mon billet.
Bon pour couper court et mettre autant de smileys que toi:
Le JdR ne semble pas avoir eu les mêmes influences sur nous; en ce qui concerne mon expérience personnelle, le côté social-socialisation du JdR a été très important. J’espère que cela a été le cas pour d’autres, mais je n’en tire pas une conclusion générale pour l’ensemble des rôlistes.
Tu n’as jamais calculé l’énergie cinétique d’une balle pour savoir les dégâts d’un flingue précis ?
Non, jamais. Pour cela il faudrait connaître la vitesse de la balle en sortie de canon, et cela ne m’intéresse pas. Les dégâts fournis par les règles me satisfont (et, à la Feng Shui, quand on bruite le « Ka-ching » du fusil à pompe, il fait plus de dégâts ;))
Tu n’as jamais déterminé la vitesse de chute en fonction de la hauteur et de la gravité, pour savoir les dégâts de l’impact ?
Non, car après avoir déterminé l’énergie cinétique du choc, il faudrait la mettre en face des Points de Vie… et comme ceux-ci sont purement pifométriques…
Tu ne t’es jamais penché sur le calcul du refroidissement cutané par le vent (facteur Windchill) ?
ça existe, ça? :D
Je ne sais pas pourquoi ton commentaire s’est retrouvé pris dans le filtre antispam… :-\
> Non, jamais. Pour cela il faudrait connaître la vitesse de la balle en sortie de canon
Ah non, pas en sortie du canon, à la distance où se trouve la cible ! ;-)
J’avais fait des tableaux pour ça à Aftermath! (quand j’avais les données, ce qui, à une époque pré-internet, était quand même salement rare…).
> Les dégâts fournis par les règles me satisfont
Et quand la munition n’est pas prévue dans les règles ? ;-)
> ça existe, ça? :D
Bien sûr. Avec le même problème d’accès aux données avant l’arrivée d’internet… J’avais réussi à trouver une formule dans le début des années ’90, et avant je me basais sur des tables de températures ressenties.
Y avait d’ailleurs pas que moi que ça intéressait : il y avait un tableau sur le sujet dans les annexes du Wilderness Survival Guide (pp 116/117), avec des températures en degrés Farenheit et des vitesses du vent en miles/heure… ;-)