(C)rêve charogne

Les rêves, c’est un peu comme l’excès d’alcool et autres substances désinhibitrices : on a tendance à y exprimer des facettes de sa personnalité qu’on préfère en temps normal réprimer sous un vernis de convenances sociales ; facettes dont on n’est pas toujours très fier de découvrir l’existence.
Pendant ma sieste de tout à l’heure, j’ai rêvé que je regardais un reportage dans lequel des manifestants d’extrême-droite franchouillards avaient affronté des policiers anti-émeutes, avaient eu le dessus sur eux, et avaient réussi à en coincer un dans un bus et à s’emparer de son bouclier avec mitrailleuse incorporée (non, ce n’est pas une erreur, je connais la différence entre une mitrailleuse et une mitraillette et n’emploie pas indifféremment les deux termes ; et oui, dans la réalité non-onirique, ce genre de choses serait impossible à utiliser efficacement). À ce stade là du rêve, il n’y avait plus qu’un seul émeutier, un moustachu au long nez légèrement ventripotent, qui ressemblait un peu au réplicant Leon dans Blade Runner, qui allait se servir du bouclier contre son légitime propriétaire. Là, mes souvenirs du rêve sont un peu incertains, et je ne me souviens plus si j’ai soudain fait irruption dans le reportage pour m’emparer de l’objet et le retourner contre le bas-du-front en le lestant d’une bonne quantité de plomb, ou si j’ai continué à être simple spectateur et si c’est lui qui a canardé le flic qui avait réussi à sortir du bus et s’enfuyait en courant. Mais ce dont je me souviens bien, outre le fait qu’une bonne quantité de bastos avait été tirée en automatique, c’est d’avoir très vocalement souhaité la mort du connard, tout en constatant avec un mélange d’embarras honteux et de satisfaction morale que je m’étais aussitôt dit que c’était mal de dire ce genre de choses ; un sentiment qui m’a un peu rassuré sur la solidité de mes propres verrous-inhibiteurs, puisque même dans un rêve, je suis encore capable de savoir ce qui est bien et ce qui est mal.

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