J’ai peut-être bien déjà ouvert ma gueule sur le sujet ici-même, mais j’ai la flemme de vérifier ; et comme j’ai encore une fois été confronté au problème aujourd’hui, je vais en (re)mettre une couche.
Or donc, la France est actuellement lancée dans une grande révision générale des politiques publiques, qui se traduit entre autres par une diminution du service public dans un certain nombre de secteurs non médiatiques (ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils ne soient pas importants). Donc réduction des effectifs, avec en particulier le non-remplacement d’une bonne partie des départs en retraite. Ça, c’est bien connu.
Ce qui est moins connu du grand public, par contre, c’est que l’État abandonnant au privé un certain nombre de secteurs sans doute pas assez rentables (dont certains pour lesquels on pouvait effectivement se poser la question de l’utilité d’y mettre de l’argent public par les temps qui courent), les fonctionnaires qui étaient en poste dans ces secteurs et n’ont pas quitté le navire en le voyant prendre l’eau sont à recaser : puisque, pour forcer le trait, quand on est fonctionnaire, en principe, c’est pour la vie (ce n’est plus tout à fait exact, mais on ne va pas chipoter).
À côté de ça, autre fait peu connu du grand public, l’État n’emploie pas que des fonctionnaires, mais aussi un paquet de salariés hautement qualifiés qui ne bénéficient pas de ce prestigieux statut (et de la fameuse sécurité de l’emploi qui est censée aller avec).
Résultat : on recase des fonctionnaires dans des secteurs qui n’ont rien à voir avec leur métier, et pour ce faire, on vire lamentablement des non-fonctionnaires en poste depuis des années et de ce fait très expérimentés.
Un peu comme si une entreprise privée foutait dehors des gens hautement qualifiés pour les remplacer par les neveux inexpérimentés du patron dont la boîte aurait fermé (pasque vous comprenez, la famille c’est sacré).
Ce qui est complètement débile. Vous imaginez qu’à l’hôpital, après avoir été examiné par le médecin (lui, on n’y touche pas encore, mais ça viendra peut-être), une fois qu’il est sorti de la pièce, la personne qui entre pour vous faire les soins et qui ne sait visiblement pas trop par quel bout prendre la seringue vous explique que non, à la base elle n’est pas infirmière, mais garagiste, ou comptable ? Ben c’est exactement ça qui est en train de se passer actuellement dans d’autres secteurs du service public.
Tout ça, pasqu’on préfère recaser des fonctionnaires dans des domaines qui ne sont pas les leurs et où ils auront tout à apprendre (s’ils y parviennent ; sinon, tant pis, dormez tranquilles braves gens, leurs collègues devront bosser encore plus pour rattraper leurs boulettes, puisque de toutes façons il n’est pas question de les mettre dehors mais qu’il faut bien que le boulot se fasse) que conserver du personnel hautement qualifié mais non auréolé du prestigieux statut de fonctionnaire.
Y a peut-être un moment où il faudrait arrêter de confondre service public et assistance sociale. Et il serait peut-être grand temps de repenser le statut du fonctionnaire, et plus généralement, celui de l’ensemble des agents de l’État.
Peut-être au vu de l’effectif pléthorique des fonctionnaires (aucune entreprises privées n’a autant de personnels), il y’a surtout un problème de gestion des ressources humaines.
Je ne sais pas si il faut vraiment repenser le statut des fonctionnaires mais par contre il faudrait mieux les gérer.
Dit comme ça, ce que tu préconises est exactement ce que je reproche à l’État.
Les effectifs pléthoriques… au mieux ça appartient au passé, au pire c’est une légende : suffit de parler un peu avec des gens qui travaillent dans la fonction publique pour s’en rendre compte : on sabre dans les effectifs en leur demandant d’assurer toujours autant de missions ; et après, on s’étonne de la dégradation du service public.
Aucune entreprise privée n’a autant de personnel, peut-être. Aucune entreprise privée n’a non plus la taille de l’entreprise France. Et les entreprises privées sont animées par des soucis de profit qui sont incompatibles avec les missions de service public (ou du moins, les profits ou les économies que ces missions permettent ne sont, ni directement apparents, ni facilement quantifiables).
Quant à la gestion des fonctionnaires, c’est bien ce que je reproche à l’État actuellement. Les haras nationaux dégraissent à tour de bras (ou ferment carrément, je ne sais plus) ? Machin des haras est fonctionnaire, donc protégé par son statut, donc recasons le à la DASS pour contrôler les crèches, à la place de Truc de la DASS qui est formé pour ça et extrêmement compétent, mais n’a pas le statut de fonctionnaire… Bidule, fonctionnaire d’un quelconque service informatique décimé par la RGPP, doit absolument être recasé, mettons le aux Fraudes pour contrôler les restaurants à la place de Chose qui est formée pour ça et extrêmement compétente, mais n’a pas le statut de fonctionnaire… (les exemples que je donne ici sont purement fictifs, mais ce qui se passe actuellement et dont je ne donnerai pas d’exemple réel par souci de confidentialité est de cet acabit).
Le jour où on dira au contraire « Machin des haras travaille dans le service public, les haras ferment, nous n’avons pas de poste du même genre à lui proposer, calculons l’indemnité de licenciement due à Machin et ne touchons pas à Truc de la DASS qui travaille lui aussi dans le service public, donne toute satisfaction dans son boulot et dont le poste n’est pas supprimé », là au moins on pourra dire qu’il y a eu un progrès manifeste dans la gestion des agents de l’État. Mais ça, ça nécessiterait de toucher au sacro-saint statut du fonctionnaire…
Je ne suis pas convaincu :)
En plus, il me semble que ce dont tu parles est un des effets pervers de la décentralisation et de la récupération par les régions d’un certains nombres d’activités et donc d’un certains nombres de personnels. Sur le papier, c’est pas mal cette décentralisation pour lutter contre cette sempiternelle gestion de la France depuis Paris.
Avec la décentralisation, les fonctionnaires de l’état deviennent agent de collectivités territoriales ont donc bouche trou. C’est pour cela que’un gars gérant des haras se retrouve à travailler pour la DASS.
Mais dans tout cela ce qui m’interpelle c’est pourquoi le gars devrait être licencié à cause de l’incompétence de l’état dans la gestion de ces ressources humaines. Un haras pour reprendre un exemple ne se ferme pas du jour au lendemain, cela se fait souvent sur bonne dizaine d’année (bien que la décision elle, soit desfois brutal, à un certain niveau de l’état les discussions sont souvent engagées depuis une bonne dizaine d’années). Pendant tout ce temps on pourrait mettre en place des plans de restructuration, de mutation etc….
Tu me diras : « quand les syndicat ou autres ont vent à une fermeture de quoique ce soit, c’est le bordel » voilà pourquoi on tait des informations et on met les employés devant le fait accompli et on les recase où on peut.
En fait je pense que remettre en cause le statut de fonctionnaire est une solution de facilité et à très « court-termes ». L’état aurait une excuse toute trouver pour palier à une certaine incompétence. Il faudrait plutôt reprendre à la base la gestion des ressources humaines de l’état.
Pour être clair, je ne suis pas fonctionnaire mais plutôt à l’opposé en terme de Statut : Informaticien dans une SSII.
Oui mais non. La décentralisation n’a rien à voir là dedans.
Pour reprendre le cas des haras nationaux, c’est un service public que l’État a décidé d’arrêter (ou de restreindre à quelques domaines hyper-pointus, je ne sais plus, mais je penche pour la première solution).
L’activité des haras n’est pas passée aux régions ni aux départements, elle est pour partie passée au privé, pour partie purement et simplement supprimée.
> Mais dans tout cela ce qui m’interpelle c’est pourquoi le gars devrait être licencié à cause de l’incompétence de l’état dans la gestion de ces ressources humaines.
Parce que, à partir du moment où l’État n’a plus aucune utilité pour un inséminateur équin, je ne vois pas pourquoi il s’évertuerait à le garder dans les effectifs de ses employés, surtout au détriment d’agents dont il a encore l’utilité des compétences.
Une boîte privée qui décide par exemple de supprimer son service informatique pour le sous-traiter à une autre boîte ne va pas s’acharner à garder des informaticiens dont elle n’a plus besoin, et surtout pas les mettre à la place d’autres employés compétents bossant dans des domaines de compétence bien éloignés de l’informatique : elle va les licencier, et personne ne s’en émouvra (à part les concernés). Pourquoi est ce que ça devrait être différent pour le service public ?
EDIT : j’ajoute que dans l’affaire, tu t’émeus du sort du fonctionnaire des haras dont le poste et supprimé, mais ne dis rien de celui de l’agent non-fonctionnaire de la DASS qui va être viré pour recaser le fonctionnaire. Pourquoi devrait il être licencié à cause de l’incompétence de l’État dans la gestion de ses ressources humaines ? Ça me parait quand même nettement plus choquant que de licencier quelqu’un dont, le poste étant supprimé, on n’a plus besoin.
A la base je pense que la philosophie entre service public et privé est différente. On peut s’inspirer des méthodes du secteur privé pour rendre le secteur public plus performant et vice-versa, mais je pense qu’il ne sert à rien de toucher au statut des fonctionnaires. « Statut des fonctionnaire » est quand même un mot-valise dans lequel on met bien des choses (par exemple, au hasard, pourquoi s’attaquer comme tu le fais au fonctionnariat à vie, personnellement ce qui me hérisse un peu plus c’est qu’il y’ait autant de catégorie A par rapport au cadre privé, a-t’on besoin d’autant de haut cadre que cela dans la fonction public ?)
Il y’a de multiples domaines public (eau, énergie, armée) qui sont passé sous contrat privé et il en est rarement sorti du bien.
Pour moi ce sont 2 façons d’aborder des « prestations » différentes et s’il y’a donc 2 statuts différents (salaire, sûreté de l’emploi, modalité pour avoir l’emploi, coucours etc…), c’est normal.
Par contre ce qui à l’air de te chagriner, le coeur de ton post est le remplacement de quelqu’un de qualifié par quelqu’un de non qualifié. Le point où je ne te suis pas c’est sur le fait que tu dises que c’est particulier au service public. D’après les multiples exemples que je vois autour de moi et que je vis, c’est tout aussi vrai pour le privé. Le nombre de fois ou la copain, la femme, l’ami d’un directeur (tous incompétent), d’une connaissance haut placée à remplacer/évincer un CDD ou un CDI dans une entreprise est innombrable.
C’est ce qui me gêne, que tu tapes sur le service public qui a bien des tares (comme nommer un prof sur concours par exemple sans se soucier de savoir si il va avoir les compétences pour gérer une classe….) alors que ton exemple s’applique aussi au privé.
Pour répondre à ton édit, je pense que le problème viens justement de là. Remplacer quelqu’un de compétent qui n’a pas passé un concours débile par un incompétent.
Justement c’est un problème de ressource humaine, le service public se doit de répondre de la meilleur façon aux usagers qui font appel à lui. C’est sa mission et quand on remplace une personne compétente par une autre incompétente on dégrade volontairement cette mission. Il aurait du s’attacher les services de la personnes compétentes, pérenniser son poste pour pouvoir délivrer la meilleur prestation aux usagers et avoir ainsi une plus value. (une des gros problèmes du service public est de ne pas avoir d’indicateur hormis le pifomètre sur la qualité ds services qu’il fournit)
Mais je maintiens (persiste et signe) que c’est une mauvaise gestion (des ressources humaines) de l’état et que le statut du fonctionnaire n’est pas forcement une cause comme ton titre volontairement taquin le laisse présagé.
Encore une fois, non.
Il n’est pas question là de placer un ou deux copains ou cousins. Il s’agit de recaser des SERVICES ENTIERS, en bonne partie au détriment d’agents déjà en poste ; une chose que je n’ai jamais vu faire (ni même eu connaissance) dans le privé.
Et par ailleurs, où as tu vu que je tape sur le service public ? ? ?
Je reste septique, je ne pense pas que ce soit un problème de statut mais la discussion était enrichissante
Et par ailleurs, où as tu vu que je tape sur le service public ? ? ?
=> c’est pas faux, j’ai un peu interprété et fait dériver tes propos.
Tu ne tapes pas vraiment sur le service public, mais remettre en cause le statut des fonctionnairqe c’est remettre en cause son fonctionnement (du moins interne). Et en tapant sur les fonctionnaires (« tous des planqués »), il est difficile de dire que l’on n’égratigne pas au passage le service public. C’est un peu spécieux de dire, j’aime la mission du service public mais ceux qui la compose sont tous des planqués.
Cela se tient (sémantiquement parlant), tu n’as rien dit sur le service public, mais c’est limite.
> C’est un peu spécieux de dire, j’aime la mission du service public mais ceux qui la compose sont tous des planqués.
MERCI DE ME LIRE AVANT DE COMMENTER. Surtout quand c’est pour me faire dire le contraire de ce que j’ai écrit.
Si « ceux qui composent [le service public] » étaient « tous des planqués », selon ce que tu voudrais me faire dire, le problème actuel NE SE POSERAIT PAS, puisqu’on ne foutrait pas dehors des gens qui font partie du service public (même s’ils ne sont pas fonctionnaires et sont donc quelque part des agents de l’État « de seconde zone ») pour en conserver d’autres.
Tous les agents de l’État ne sont pas égaux en droit, et pour atteindre cette égalité, qui me parait souhaitable, il faut revoir le statut de fonctionnaire. C’est-à-dire, soit supprimer certains des privilèges du fonctionnaire, soit les étendre à l’ensemble des agents de l’État.
Je te lis, assidûment même, j’aime bien ton blog et tes écrits (je pourrais m’étendre dessus, qu’est ce qui fait la différence entre un bon blog et un « skyblog », mais là n’est pas le propos).
Mon dernier commentaire était un peu taquin, je l’ai fait pour faire remonter ton coté bourru (que j’aime bien aussi).
Je prenais juste certains de tes mots en les sortant de leur contexte pour en tirer certaines interprétations (qui peuvent être le contraire de ce que tu écrits) mais c’est un peu comme quand tu prends un exemple (sur les haras) pour en faire une généralité : « les fonctionnaire, tous des planqués ». C’est énervant, non !
Je comprends bien que tu sois énervé par certaines pratiques qui te paraissent absurdes mais est-ce une raison pour remettre en cause le statut des fonctionnaires.
J’ai l’impression que tu t’attaches aux conséquences : le remplacement d’une personne compétente par une autre, fonctionnaire et incompétente ; mais pas aux causes qui pour moi sont la gestion des ressources humaines et non le statut du fonctionnaire en tant que tel.
Je ne suis pas certain qu’on soit d’un avis très différent (à part évidemment quand tu me fais dire l’opposé de ce que j’ai écrit)…