Playing at the World
A History of Simulating Wars, People and Fantastic Adventures, from Chess to Role-Playing Games
Jon Peterson
© 2012 Unreason Press LLC
ISBN 9780615642048
698 + xxi pages
Pavé sur les origines du JdR (et tout particulièrement celles d’OD&D, la toute première édition de D&D)C’est un véritable travail d’historien s’appuyant sur des sources d’époque (fanzines et autres), abondamment documenté et structuré en cinq chapitres.
Le premier chapitre revient sur l’histoire bien connue de l’invention progressive du JdR à partir du wargame dans la décennie 1964 / 1974, mais le fait d’une façon beaucoup plus détaillée que tout ce que j’avais pu lire jusqu’à présent sur le sujet.
Le second chapitre nous montre également comment le choix du thème fantasy s’est fait, et comment les caractéristiques de la fantasy dungeonnienne ont été « sélectionnées ».
Suit une histoire du wargame, de l’Antiquité jusqu’à OD&D. L’histoire des « figurines » (des petits soldats plutôt) est abordée en même temps. Ne pratiquant plus le wargame depuis longtemps, j’ai trouvé cette partie nettement moins intéressante que le reste de l’ouvrage, et même parfois pénible à lire. De cette histoire, on aboutit aux règles d’OD&D (qui diffèrent parfois nettement des éditions ultérieures qui nous sont plus familières), à la façon dont les différents éléments de ce système de jeu sont issus des wargames qui l’ont précédé. C’est assez surprenant de constater à quel point des choses que nous considérons désormais comme « acquises » (l’expérience, par exemple) ne coulaient pas de source au départ. Ça montre aussi bien à quel point OD&D était un truc bordélique, mal expliqué, plein de sous-entendus (voire d’oublis) et d’une certaine façon expérimental et pas fini (d’où le grand mérite de la deuxième édition de D&D par John Eric Holmes, enfin exploitable telle quelle : en fait, c’est presque un tout autre jeu).
La notion de rôle (au sens où on l’entend en principe dans « jeu de rôle », une expression dont l’absence dans OD&D étonne souvent lorsqu’on s’en rend compte) vient ensuite. On remonte aux origines du terme en psychothérapie, puis on passe aux jeux d’alliances comme Diplomacy. Ce chapitre est lui aussi peu passionnant, à part peut-être sa dernière partie, qui s’intéresse à quelques formes de jeu expérimentales des années ’60 et du début des années ’70 qui ressemblaient à du proto-JdR.
Le dernier chapitre fait directement suite au premier, et reprend l’histoire du hobby juste après la parution d’OD&D. On voit entre autres comment la pratique d’OD&D en convention (« tournois ») l’a orienté vers une utilisation porte-monstre-trésor, contrairement à ce que semblait en faire même Gygax lui-même au début, et a pu donner une image faussée de ses capacités, de son utilisation, aux néophytes initiés dans un tel cadre. On voit aussi apparaître le terme role-playing pour désigner ce que nous appelons tout naturellement depuis quelques décennies des jeux de rôle, mais qui n’avaient pas de nom particulier à l’époque. On voit comment Gary Gygax a tenté de garder le contrôle de sa (co-)création face à l’imagination débridée des fans, et de faire respecter ses droits sur ses produits et l’utilisation de leurs noms, à partir du moment où de « gros sous » (tout est relatif…) commençaient à être impliqués. Et on voit l’essor de l' »industrie du JdR », au delà du seul TSR, jusqu’à la sortie de la deuxième édition de D&D et celle du Monster Manual, premier volume de la trilogie des manuels de base d’AD&D (puisque ce chapitre s’arrête entre 1977).
Enfin, il y a un « épilogue » d’une petite quarantaine de pages, qui s’intéresse essentiellement aux jeux informatiques, qui sont les grands absents du corps de l’ouvrage. On déborde nettement du cadre de l’ouvrage, puisque ça va jusque dans les années ’90.
Voici un ouvrage extrêmement fourni et extrêmement documenté sur les origines d’OD&D, et du JdR en général. Une masse d’informations vraiment impressionnante. Évidemment, ça n’est pas toujours passionnant à lire, c’est même parfois plutôt austère et pénible quand ça s’attarde sur des sujets auxquels le lecteur est plutôt étranger. Mais malgré ça, c’est un ouvrage de référence qui se doit de figurer dans la bibliothèque de tout amateur de l’Histoire du JdR.
Wow. J’ai feuilleté quelques pages sur Amazon, ça a l’air vachement bien.
Bon, ben voilà, commandé.
Tu es bien conscient que ça s’arrête en 1977, hein ? ? ?
J’espère que tu ne seras pas déçu…
Non non, j’ai bien lu ta chronique et même si ça parle beaucoup de wargame, je suis intéressé par cette description minutieuse de la transition du wargame au jdr.