Scénario med-fan’ se déroulant à Laelith.
Si vous êtes censés participer à ce scénario en tant que joueurs, ne lisez pas plus loin…
Ce scénario, qui se déroule sur la Chaussée du Lac, est destiné à des PJ évoluant dans les bas-fonds et faisant partie de la pègre. Ils font partie des (ou sont recrutés comme hommes de main par les) Vieux Pavés, une petite bande récemment créée, qui a fait quelques profits dans le trafic de certaines variétés d’herbe à pipe et est désormais désireuse de diversifier ses activités en se taillant un petit domaine quelque part dans le secteur compris entre l’échelle du Sabot, le temple du Crâne, et les Baraquements. La proximité de la soldatesque a conditionné le choix de la nouvelle activité de la bande : le proxénétisme.
(n’hésitez pas à renommer les Vieux Pavés si une bande adéquate existe déjà dans votre campagne)
Mais la concurrence est rude au sein de la pègre laelithienne, même dans ce genre d’activités.
Des Chicots sur les Pavés
Les Pavés ont décidé d’affirmer pour commencer leur mainmise sur une étroite venelle, l’Échelle de la Ficelle cassée (qui relie l’Échelle du Dé à coudre à l’Échelle du Rat grillé ; ne cherchez pas sur le plan de la ville, aucune de ces voies n’y figure, tellement elles sont de peu d’importance).
Dans cette venelle particulièrement fréquentée (elle se trouve sur un itinéraire constituant un raccourci à travers le quartier entre des rues importantes), comme dans l’ensemble du quartier (dont c’est la « spécialité » économique), exercent de nombreuses prostituées, qui racolent dans la rue et emmènent leurs clients dans des maisons de passe, des chambres miteuses, des caves, des remises ou des arrière-cours. Les Vieux Pavés n’ont donc qu’à les persuader de changer de protecteurs. Mais bien entendu, les actuels souteneurs (la bande des Chicots Noirs, dirigée par Ranolf Haleine d’Ail) ne l’entend pas de cette oreille. La lutte commerciale entre les deux gangs va rapidement dégénérer en un conflit sanglant. Les Chicots sont eux aussi une petite bande, et n’ont en outre pas de lanceur de sorts ; ils ne devraient pas faire le poids face aux Pavés. Une fois leurs adversaires éliminés, les PJ ne devraient pas avoir beaucoup de difficultés à convaincre les filles de joie (principalement humaines, mais il y a quelques gopneldauns et demi-orques) à se placer sous la protection de leur bande. Mais si la guerre des gangs a été trop visible, elle a pu faire fuir une partie de la clientèle vers les ruelles avoisinantes… et aussi les gens qui avaient l’habitude d’emprunter ce raccourci, ce qui finira sans doute par attirer l’attention des autorités, en la personne des gardes du poste de la Pervenche, le plus proche de l’échelle de la Ficelle cassée, dirigé par le rahel Jezir Traos. Cependant, les gardes ont l’habitude des conflits de territoires entre bandes de souteneurs, et n’interviendront que si la situation dégénère trop à leur goût (ils sont trop contents de voir les malfrats s’étriper entre eux). En outre, ils sont relativement corruptibles, et susceptibles de fermer les yeux sur certains délits mineurs si on les « dédommage » pour leur déplacement et la gêne occasionnée (attention, leur proposer de bénéficier des faveurs de prostituées ne les intéressera pas forcément : la pratique étant courante dans le quartier, ils sont relativement blasés à cet égard).
Il sera par contre plus difficile de faire revenir la clientèle si elle a déserté les lieux. Les Vieux Pavés devront faire appel à des rabatteurs (par exemple des enfants, petits garçons débrouillards ou petites filles grimées et costumées de façon indécente pour leur âge), et/ou créer un nouvel intérêt pour leur territoire, par exemple en y ouvrant un tripot, ou un commerce d’herbe à pipe.
Une dent contre les Pavés
Mais que toute cette agitation ait ou non causé des morts, la fuite de certains clients, et l’intervention des gardes (mais de préférence avant cette dernière), l’un des PJ (ou un petit groupe d’entre eux, s’ils ne se déplacent jamais seuls) se retrouvera une nuit (l’heure importe peu, et si le scénario prend place en hiver, cela pourra même être relativement tôt, du moment que le soleil est couché) face à un orque menaçant. Celui-ci empoignera le PJ par le col, le soulevant de terre d’un seul bras, et lui intimera sur un ton plein de menaces de cesser, lui et ses amis, de perturber le calme de l’échelle.
Si les PJ pensent que ce n’est pas un simple orque qui va leur mettre des bâtons dans les roues et s’imaginent qu’ils vont supprimer l’individu en deux coups d’épée, ils vont avoir une forte surprise : car Bargoûl (c’est son nom) n’est pas un simple orque : il a été vampirisé. Et il est pour l’instant peu probable que les PJ soient suffisamment puissants pour affronter une telle créature…
Depuis sa vampirisation près du Temple du Crâne, Bargoûl a élu domicile dans l’échelle de la Ficelle cassée, se livre à une prédation discrète, et fait tout pour ne pas être remarqué : il vit (ou plutôt, il mort-vit) dans la hantise d’être découvert par la garde et détruit sans autre forme de procès (et ce d’autant plus si les agissements de Trevelian ont attiré l’attention sur les vampires et incité les forces de l’ordre à se mettre à les traquer). Pour cette raison, il voit d’un très mauvais œil l’agitation récente qui anime la venelle du fait des actions des Vieux Pavés, et désire qu’elle cesse immédiatement. Bien entendu, il n’expliquera pas ses motivations personnelles aux PJ. Mais il sera très clair sur le fait que, si la quiétude ne revient pas très rapidement, il s’occupera personnellement du cas des fauteurs de troubles.
En outre, Bargoûl craint que l’arrivée des Vieux Pavés dans le secteur du proxénétisme n’attire également l’attention de la guilde des maquerelles, qui s’occupe de la prostitution de bas étage (la prostitution de luxe étant quant à elle du ressort de l’Académie royale du Bel Art (guilde des courtisanes)) : outre ramener le calme dans l’échelle, les PJ devront également, soit le convaincre que l’OPA agressive de la bande s’est faite avec la bénédiction de la guilde, soit entreprendre auprès de ladite guilde les démarches nécessaires pour régulariser la situation.
Remarque : les PJ pourraient s’imaginer que leur (en principe ancien) rival, Ranolf Haleine d’Ail, devait son haleine fétide à une forte consommation d’ail pour tenir le vampire-orque à distance. Il n’en est rien, ce n’est qu’une simple coïncidence, et Bargoûl n’a pas de sensibilité particulière à l’odeur de l’ail.
Bonjour Madame
Les Chicots Noirs n’étaient pas affiliés à la guilde des maquerelles, et les Vieux Pavés ne le sont pas non plus. Les chefs de la bande sont d’avis de ne rien dire, car s’enregistrer auprès de la guilde aura inévitablement un coût ; mais l’insistance de Bargoûl incitera peut-être les PJ à tenter de les faire changer d’avis. Et tôt ou tard, la guilde finira de toutes façons par remarquer leur existence.
Si les Vieux Pavés prennent contact avec la guilde des maquerelles, celle-ci leur exposera ses conditions : la prostitution de rue à Laelith ne peut être exercée que si 10 % des recettes sont reversées à la guilde (en échange de quoi celle-ci fournit divers services : soins des maladies vénériennes, avortements, etc…). Si c’est la guilde qui prend contact avec la bande, les conditions resteront les mêmes, mais les Pavés devront en outre s’acquitter d’une amende égale à 40 % des recettes perçues pendant un mois.
Dans tous les cas, les chefs des Vieux Pavés (si les PJ ne sont pas encore eux-mêmes à la tête de la bande) trouvent la cotisation bien trop élevée, et refusent de s’affilier à la guilde. Madame Antonia, la grande maquerelle, une vieille gopneldaun décatie qui dirige la guilde d’une poigne de fer, va donc recruter des sbires pour terroriser les filles employées par la bande et les faire partir ; puis ce sera l’escalade sanglante, et bien entendu Bargoûl n’appréciera absolument pas tout ça. Mais des PJ habiles négociateurs pourraient parvenir à négocier son aide dans le conflit avec la guilde des maquerelles.
Le plus sage resterait toutefois de se plier aux conditions de la guilde et d’y adhérer.
Un peu de variété
En dehors de l’intrigue politique principale du scénario et des probables manigances des PJ pour s’élever dans la hiérarchie des Vieux Pavés et en prendre la tête, voici quelques pistes pour animer en parallèle leur quotidien de protecteurs :
protéger les filles contre des clients brutaux ou trop vicieux / trop exigeants.
recruter de nouvelles filles (par différents moyens : achat auprès de réseaux, enlèvement séquestration contrainte, embauche comme des travailleuses « normales », etc…).
une épidémie vénérienne frappe le quartier. Les guérisseurs (ceux des temples comme celles de la guilde des maquerelles) sont débordés. Les PJ doivent obtenir que leurs filles soient traitées avant d’autres.
divers évènements urbains sans rapport direct avec l’activité des Vieux Pavés (un incendie, une maison vétuste qui s’écroule, etc…).
les gardes ratissent la rue, à la recherche d’un criminel qui ne s’y trouve d’ailleurs peut-être même pas (mais il peut aussi s’agir d’une des filles, d’un client, ou d’un des Vieux Pavés).
une patrouille du poste de la Pervenche, constituée de gardes nouveaux dans le secteur, tente de racketter les filles pour les assurer de leur protection. Les PJ peuvent tenter de gérer les choses comme s’il s’agissait d’une bande rivale, mais les gardes sont du bon côté de l’uniforme. Le plus efficace serait d’aller se plaindre au rahel Traos, mais parvenir jusqu’à lui risque d’être délicat, les collègues des ripoux tentant de protéger leurs camarades. Les Vieux Pavés pourraient aussi décider de payer, tout simplement ; mais rien ne dit que les exigences financières des gardes resteront « raisonnables » bien longtemps…
une personnalité vient s’encanailler incognito. Elle est précédée et entourée de gardes du corps, de gardes en uniforme ou en civil, etc…
une ligue de vertu vient manifester dans le quartier. La manifestation dégénère en affrontement avec certains clients ou certaines filles.
un voleur indépendant sévit sur le territoire des Vieux Pavés.
une bande rivale tente de s’emparer du territoire des PJ.
l’activité étant devenue lucrative, les Vieux Pavés décident d’ouvrir un bordel (avec videur), plus confortable que la simple prostitution de rue, et plus respectable donc attirant plus de monde / une meilleure clientèle.
Et aussi :
lutte pour le pouvoir au sein de la bande ;
diversifier les activités de la bande (jeu, etc…) ;
mais ceci est une autre histoire.
Notes :
Le MJ pourra faire grand usage de la Table de rencontres avec des courtisanes (Harlot Encounters) de l’appendice C du Dungeon Master’s Guide.
À part le vampire-orque qu’on ne retrouvera pas dans tous les univers, ce scénario est facilement recyclable vers d’autres villes med-fan’, Lankhmar ou Samarande, par exemple.
Eh ben un scénario « pour adultes » ;)
Par contre le fonctionnement est un mode très ouvert, non linéaire, et donc « bac-à-sable »… le MJ devra se faire sa table d’évènements aléatoires, lister les adversaires, réagir aux plans des PJ, etc. :)
Ben quoi ? C’est pas le fonctionnement normal d’un scénario de JdR ?
Et « pour adultes »… Y a rien de classé X ici. :-)